Protégés de la chasse, les sangliers prospèrent dans une ville d’Israël

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Des sangliers barrent la roue à un passant et son chien à Haïfa, dans le nord d'Israël, le 5 décembre 2019 © AFP MENAHEM KAHANA

Une demi-douzaine de sangliers sauvages broutent l’herbe sur un terre-plein. Un vieil homme s’approche et tente de les chasser d’un mouvement de bras. En vain. Les suidés trottinent quelques mètres plus loin et recommencent à paître.

A Haïfa, dans le nord d’Israël, des dizaines de familles de phacochères viennent ainsi pique-niquer en ville depuis que la nouvelle mairesse élue en novembre 2018, Einat Kalisch-Rotem, a interdit de les chasser au nom du droit des animaux.

Troisième ville d’Israël avec ses 300.000 habitants, Haïfa est implantée au pied du Mont Carmel où vivent sangliers, renards, chacals et autres animaux sauvages, tous protégés par les lois israéliennes.

Adeptes de plantes et de baies sauvages mais aussi fouilleurs de poubelles, les sangliers descendent depuis longtemps de nuit dans les rues de Haïfa en quête d’eau et de nourriture.

Ces derniers mois, les citadins ont toutefois dit constater une recrudescence de ces omnivores, retournant la terre des jardins publics et renversant de larges poubelles pour y trouver des restes.

Cette présence accrue suscite un intense débat local entre les défenseurs de la cause animale et des habitants cherchant par tous les moyens à se débarrasser de ces bêtes urbaines, que l’on voit désormais traverser les rues en plein jour, voire se reproduire dans les parcs publics.

« Ils ont fait de nos vies un enfer », crie une dame devant une petite horde de cochons sauvages.

« Avant, ces cochons ne venaient que la nuit quand il n’y avait personne à l’extérieur, mais aujourd’hui ils se baladent en plein jour », renchérit Ilana Dihno, coorganisatrice d’une manifestation anti-sangliers en décembre.

« Nous avons choisi de vivre dans une ville, pas dans une jungle », peste-t-elle.

« Bonjour aux sangliers »

Ces derniers mois, aucune attaque de sanglier sur des humains n’a été recensée à Haïfa. Mais la présence diurne de ces animaux, pouvant faire jusqu’à deux mètres de long, suscite néanmoins la crainte de certains habitants.

« Lorsqu’ils approchent de nos maisons et de nos jardins, nous avons peur pour nos enfants », résume Avital, une habitante qui préfère ne pas donner son nom de famille.

« Des enfants vont peut-être faire peur aux marcassins, et les sangliers adultes risquent alors de venir à leur secours en les attaquant », craint-elle, réclamant des actions musclées pour refouler ces fouisseurs.

Une peur évacuée par Sarit Shaï, une autre résidente qui ne cache pas nourrir les cochons. « Ils cherchent une place où vivre (…) Ils étaient ici bien avant nous », souligne-t-elle.

Jusqu’à l’élection de Mme Kamisch-Rotem l’an dernier, la ville permettait à des périodes précises d’abattre les sangliers afin de contrôler leur population. En l’absence de prédateurs naturels à Haïfa, leur nombre peut s’accroître rapidement.

Mais la nouvelle mairesse, première femme à diriger l’une des trois plus grandes villes d’Israël, a mis fin à ces chasses au nom de leur droit à la vie.

Haïfa est à majorité juive, avec une forte minorité arabe en grande partie musulmane. Or ni les juifs ni les musulmans ne mangent en théorie de porcs et de sangliers, considérés comme impurs.

Mme Kamisch-Rotem a appelé à trouver des alternatives à la chasse pour maintenir les sangliers hors de la ville, en s’assurant notamment qu’ils aient assez de nourriture dans la nature.

La mairie incite aussi à la tolérance envers ces animaux sauvages de plus en plus urbains.

Sur sa page Facebook, on peut ainsi écouter des enfants chanter sur fond de musique rock leur amour –non gastronomique– des sangliers: « Une fille de Haïfa n’a pas peur de deux défenses et de poils fins comme une brosse, elle dit bonjour aux sangliers ».

© AFP

Un commentaire

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    • Michel CERF

    Si la nature était respectée les sangliers ne serait pas obligés d’aller se nourrir dans les villes .