Réouverture partielle de Lubrizol : « honteux » selon un collectif de Rouennais

Lubrizol

Vue aérienne de l'usine Lubrizol de Rouen, le 9 décembre 2019 © AFP/Archives Lou BENOIST

Le projet de réouverture partielle de Lubrizol à Rouen est « honteux », a estimé jeudi devant des députés un collectif de 26.000 membres sur Facebook, créé juste après l’incendie de l’usine Seveso en septembre.

« Le mot qui revient le plus ces derniers jours, c’est +honteux+ », a déclaré devant la mission d’information de l’Assemblée nationale sur l’incendie, Sébastien Duval, représentant du « Collectif Lubrizol », destiné à « faire la lumière sur cette catastrophe ».

Le comité départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst) a émis mardi un avis positif à la réouverture de « deux petites unités » sur le site fermé depuis le 26 septembre. Quelques jours plus tôt, la direction régionale de l’environnement avait fait de même.

L’avis du Coderst « ne fait que ranimer la colère des habitants. L’émotion est grande », a poursuivi M. Duval qui est administrateur de ce groupe Facebook.

« Comment peut-on envisager une réouverture même partielle alors qu’on n’a pas les résultats de l’enquête et que les odeurs perdurent deux mois et demi après l’incendie? », a poursuivi le Rouennais.

« A ce jour, les fiches de sécurité (du site, ndlr) sont incomplètes, voire erronées », a-t-il affirmé, assurant s’appuyer sur des « études de certains de nos 26.000 membres » très diplômés.

« Comment », au Coderst, « l’avis de l’union des médecins peut-elle ne pas primer, être égale à celle d’un retraité de la pétrochimie ou à celle de membres dépendant de l’Etat », s’est encore exclamé M. Duval, s’inquiétant aussi de « la santé des travailleurs » de Lubrizol après l’explosion de 8.000 m2 de toiture amiantée.

« Qui nomme les membres du Coderst? Le préfet. Il a les pleins pouvoirs », a renchéri Simon de Carvalho, représentant « en colère » de l’association des sinistrés de Lubrizol, « outil pour agir » du collectif, également entendu par les députés. « La population est à bout », a-t-il dit.

Le Coderst est nommé par le préfet mais comprend toujours 25 membres dont 7 représentants de l’Etat, 5 des collectivités, 3 des associations, 3 membres des industries concernées, 3 experts et 4 personnalités qualifiées dont au moins un médecin.

Le collectif affiche 900 publications, « 140.000 commentaires dès le premier mois de sa création, 22.000 le suivant », selon M. Duval.

Mercredi, sur France Bleu Seine maritime/Eure, le préfet Pierre-André Durand a assuré que les conditions posées par l’Etat à cette réouverture partielle avaient été « considérables », avec notamment un « renforcement très significatif de tous les dispositifs de lutte anti-incendie ». Le préfet envisage un arrêté de réouverture partielle « en fin de semaine ou début de la semaine prochaine ».

© AFP

Un commentaire

Ecrire un commentaire

    • tresencolere

    Inimaginable !!!
    Puisque a été retenue la fonction économique (emplois et sous-traitants) pour cette réouverture, pourquoi ne pas inviter les salariés concernés à habiter (des immeubles sont prévus … !!!) juste à côté de cette usine, qui manifestement ne respecte en rien tous les principes de sécurité liés à ce type d’usine.
    Pour avoir subi les explosions en pleine nuit et le passage du nuage noir à cent mètres de la tour où j’habite, je suis stupéfié, atterré, catastrophé que l’on n’est pas envisagé la fermeture définitive de cette bombe à retardement.