Climat: plus une minute à perdre pour éviter le pire, avertit l’ONU

OMM

Le secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), Petteri Taalas, lors de la publication du bulletin annuel sur les concentrations de gaz à effet de serre (GES, le 25 novembre 2019 à Genève © AFP FABRICE COFFRINI

La mise en garde lancée mardi par l’ONU est plus claire que jamais: si le monde remet encore à plus tard les actions immédiates et radicales nécessaires pour réduire les émissions de CO2, la catastrophe climatique ne pourra plus être évitée.

Pour garder un espoir de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C, ambition idéale de l’accord de Paris, il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 7,6% par an, chaque année dès l’an prochain et jusqu’à 2030, selon le rapport annuel du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Soit un total de 55% de baisse entre 2018 et 2030.

Tout retard, au-delà de 2020, rendrait « rapidement l’objectif de 1,5°C hors de portée ». Et même pour espérer limiter le réchauffement à +2°C, il faudrait réduire les émissions de 2,7% par an de 2020 à 2030.

Mais ces émissions, générées en particulier par les énergies fossiles, ont augmenté de 1,5% par an ces dix dernières années et « il n’y a aucun signe (qu’elles) atteignent leur pic dans les prochaines années », souligne le PNUE, notant le nouveau record de 55,3 gigatonnes de gaz à effet de serre en 2018.

Le monde a déjà gagné environ +1°C depuis l’ère pré-industrielle, entraînant une multiplication des catastrophes climatiques.

Et chaque demi degré supplémentaire va aggraver l’impact des dérèglements climatiques et les risques pour les populations, notamment sur les côtes menacées par la hausse du niveau des mers.

Or selon le PNUE, si les émissions se poursuivent au rythme actuel, la planète pourrait se réchauffer de 3,4 à 3,9°C d’ici la fin du siècle. Et même si les Etats signataires de l’accord de Paris respectent leurs engagements, le mercure montera de 3,2°C.

L’ONU assure malgré tout qu’il est encore possible de rester sous +2°C, et même sous +1,5°C.

Les signataires de l’accord de Paris doivent multiplier leurs ambitions par 3 pour atteindre le premier objectif, par 5 pour le second. Et ces engagements doivent être suivis d’actions immédiates.

« Dix ans de procrastination climatique nous ont menés là où nous sommes », a déclaré à l’AFP Inger Andersen, patronne du PNUE.

Le prix de l’inaction

Ce constat « sombre » envoie un message clair à quelques jours de la réunion climat de l’ONU (COP25) à Madrid. « Si nous ne prenons pas des mesures urgentes maintenant (…) nous allons manquer l’objectif de +1,5° », a insisté Mme Andersen.

« Nous ne pouvons plus repousser l’action climatique », a réagi la ministre espagnole de l’Environnement Teresa Ribera qui accueillera cette COP « décisive ».

Alors que l’accord de Paris prévoit une révision des engagements des Etats pour la COP26 à Glasgow fin 2020, pour l’instant, seuls 68 pays ont promis d’augmenter leur ambition, et parmi eux aucun des plus gros émetteurs.

L’ONU, sans donner de recommandations formelles, lance quelques pistes d’actions spécifiques pour certains pays du G20, qui représentent 78% des émissions de la planète: interdiction des nouvelles centrales à charbon en Chine, développement massif d’un réseau de transport public en Inde, ou nouvelles voitures « zéro émission » d’ici 2030 aux Etats-Unis.

Pour espérer atteindre l’objectif, « des changements pas à pas ne suffiront pas », a souligné lors d’une conférence de presse John Christenson, un des principaux auteurs du rapport. « Nous devons réellement transformer les sociétés en dix ans », a-t-il martelé.

Cette transition à large échelle, qui rencontrera sans aucun doute « des obstacles et des défis économiques, politiques et techniques », devra être accompagnée de mesures sociales pour « éviter l’exclusion et la résistance au changement », selon le texte.

Les efforts passeront aussi par des investissements massifs. Ainsi, dans un scénario à +1,5°C, le PNUE évoque pour le seul secteur énergétique des investissements de 1.600 à 3.800 milliards de dollars par an entre 2020 et 2050.

Et si les coûts financiers ou sociétaux de cette transition peuvent sembler pharaoniques, tergiverser sera encore pire: « chaque année de retard à partir de 2020 nécessitera des réductions d’émissions plus rapides, ce qui deviendra de plus en plus cher, improbable et difficile », insiste le PNUE.

La preuve, si le monde avait commencé à agir sérieusement dès 2010, il n’aurait fallu réduire les émissions que de 0,7% par an pour +2°C et 3,3% pour +1,5°C.

Mais pour John Ferguson, analyste à l’Economist intelligence Unit, il est probablement déjà trop tard en raison des écarts entre les promesses des Etats et ce qu’ils font réellement.

« Cet écart explique mon pessimisme sur le fait qu’on ne pourra pas limiter le réchauffement à +1,5°C », se désole-t-il.

© AFP

9 commentaires

Ecrire un commentaire

  • Le secretaire grneral de l ‘ONU nous avait déjà prévenu. Voir
    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/ONU.htm

    Un investissement mondial de 1.600 à 3.800 milliards de dollars par an entre 2020 et 2050.cela signifierait pour la France si elle montrait l’exemple de ce qu’il faut faire vu qu’elle est peuplé de 60 millions d’habitants alors que le monde c’est 7 milliards, un effort annuel de 32,5 milliards pendant 30 ans, soit une dépense globale proche de 1000 milliards d’€ représentant une dépense annuelle moyenne pour chaque français de 560 € par an pendant 30 ans

    ceci alors que le coût de l’inaction sera certainement très supérieur

  • À nous de choisir monsieur le président

    • Michel CERF

    Oui , et beaucoup de minutes déjà perdues ….

    • sophie

    Et pendant ce temps une grosse partie des Français, peuple hyper privilégié de la Planète , ne pense qu’ à son nombril , sa retraite, son pouvoir d’ achat.

    Eux ou d’ autres qui œuvrent ( disent-ils) pour la Planète semblent au maximum de leur savoir faire quand ils font des grèves, des manifs, des sittings, des blocages divers et (a)variés, des saccages…

    Comment voulez-vous que n’ importe quel gouvernement puisse atteindre les objectifs fixés par l’ Onu avec un peuple capricieux et gâté, aussi obtus et égoïste?

    • Je vous rejoins tous les deux

      En raison de l’urgence, le long chemin qui mène à la transition énergétique va devoir être franchis plus rapidement et sans trébucher. Ceci alors qu’il trace sa route entre deux précipices : d’un côté « le conservatisme », de l’autre et selon la nature du relief, l’ignorance, le mensonge, l’obscurantisme voire la bêtise humaine

    • Michel CERF

    Entièrement d’accord avec Sophie , quelle désolation de voir et entendre ces Français éternellement insatisfaits , bornés et irrespectueux , on se demande pourquoi il ne veulent pas quitter notre Pays alors que tant d’autres veulent y venir .

    • sorlekua

    C’est quoi ces histoires de français capricieux, gâtés, etc ? Vous vous êtes relus ? Les principaux fauteurs de troubles ne sont-ils pas les nantis et les corrompus qui partout dans le monde n’ont de cesse de chercher toujours plus de profits au dépens de la planète et de l’humanité ? Bien sûr que tout le monde devra faire des « efforts » mais les « petites actions » individuelles ne suffiront pas. Il nous faut changer ce système mortifère au plus vite !

    • Claude Renaud

    C’est ce qu’on appelle le « facteur humain ». Qui se caractérise par l’égoïsme, la cupidité, l’arrogance,
    le chacun pour soi, etc… Et c’est ce « foutu facteur humain » comme disent les canadiens, qui va nous
    condamner à disparaître. Si chacun fait ce qu’il veut, nous n’y arriverons pas ….

  • 2020 nous réagissons car nous commençons seuelement à avoir PEUR, mais depuis 1972 Haroum TAZZIEF avait déjà prédit ce futur, et le commandant COUSTEAU qui durant toutes les années 80-90
    nous avertissait déjà des problèmes des océans, ces grands hommes n’ont pas étaient écoutés, maintenant agir dans l’URGENCE VITALE nous fera faire n’importe quoi !! car à mon sens il est déjà trop tard…

Fin de l'aventure pour la coopérative ferroviaire citoyenne Railcoop qui voulait relancer le train Bordeaux-Lyon

Lire l'article