Le commerce des dents menace l’hippopotame

La demande de dents d’hippopotames alimente le braconnage en Afrique et le trafic vers l’Asie de cette marchandise dont le commerce est pourtant réglementé. Des chercheurs de l’université de Hong-Kong ont découvert que ce commerce était sous déclaré et que 14 tonnes de dents d’hippopotames sont ainsi entrées illégalement en Chine depuis 1975. Ce qui représente 2700 spécimens d’hippopotames ou encore 2 % de la population mondiale de l’espèce. L’étude publiée dans The African Journal of Ecology attire l’attention sur ce commerce qui provient d’une espèce classée comme vulnérable sur la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN (Union Internationale pour la Conversation de la Nature) en raison de la disparition de son habitat, de la chasse pour sa viande et du braconnage pour ses dents.

Les scientifiques ont comparé les quantités de dents exportées déclarées par l’Ouganda et la Tanzanie aux importations déclarées par Hong-Kong. Ils ont constaté que la Chine a reçu 14 tonnes de dents d’hippopotames de plus que ce qui était officiellement enregistré par les autorités douanières. Les chercheurs écrivent : « ces divergences grossières des données sur le commerce discréditent les mesures de régulation et mettent en danger la survie des populations d’hippos en Afrique. » En effet, l’hippopotame est une espèce inscrite à l’Annexe II de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) : son commerce nécessite un permis. « Si les autorités ne surveillent pas mieux le commerce des espèces menacées alors l’exploitation de ces espèces entraine des dégâts ingérables qui aboutiront à leur extinction », affirme Alexandra Andersson qui a conduit cette étude. Depuis 1975, 770 tonnes de dents ont ainsi été échangées et les 9/10 sont passées par Hong-Kong. L’Ouganda et la Tanzanie fournissent 75 % des dents d’hippopotames vendues. En Ouganda, la population d’hippopotames a été divisée par 10 dans le Parc national Queen Elizabeth entre les années 1950 et 2005.

Il reste entre 115 000 et 130 000 hippopotames à l’état sauvage en Afrique. Mais leur population pourrait diminuer d’un tiers dans les 30 prochaines années.

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