Hugh Piggott vit en Ecosse. Il a d’abord fabriqué sa propre éolienne à la fin des années 1980 avant d’être à l’origine d’un mouvement qui permet à tous ceux qui le désirent de se lancer dans l’aventure de la conception de leur propre éolienne. Découvrez l’histoire de ce pionnier du Do It Yourself comme on dit de nos jours. C’est l’apprentissage de l’autonomie énergétique grâce aux renouvelables.
Et s’il était possible de se fournir de l’électricité par ses propres moyens grâce à la seule force du vent ? C’est l’idée, un peu folle, qu’a eu Hugh Piggott, un écossais amoureux des grands espaces. Grâce à ses éoliennes low tech et faites maison, pas besoin d’être un ingénieur ou d’avoir un matériel ultra sophistiqué pour se lancer dans l’aventure ! Partout dans le monde, les éoliennes Piggott essaiment. En France, on en compte déjà 120 en fonctionnement.
10 ans de recherche pour dompter le vent
En 1974 Hugh Piggott s’installe sur la presqu’île de Scoraig, dans les Highlands au Nord de l’Ecosse. Mais, l’endroit n’est pas relié au réseau électrique. Très vite, la météo a raison de la patience de Hugh. « J’étais vraiment fatigué d’utiliser des lampes à paraffine. Je voulais le confort de l’éclairage électrique car ici les nuits d’hiver sont très longues et le vent souffle fort. »
Grâce la force du vent qui se déchaine, à ses connaissances et à beaucoup de patience, il se décide à exploiter le vent pour s’éclairer. « J’ai appris les mathématiques et la physique à l’école, puis à l’Université. Enfant, on m’a appris les rudiments du travail du métal et du bois. Ensuite, je suis devenu fana de l’électronique, c’était mon hobby. Mais sur le plan pratique je n’y connaissais pas grand-chose en arrivant à Scoraig. »
De l’idée à la réalisation il lui faudra un an et près d’une dizaine de tentatives pour obtenir un résultat satisfaisant. Ce petit succès crée des émules, les voisins veulent leur éolienne. Pendant dix ans il tâtonne, expérimente, recycle tout ce qu’il peut, comme des batteries de voitures hors d’usage pour perfectionner sa technique. Son éolienne est simple et rapide à construire pour qui est motivé. Elle est robuste et adaptable partout. Hugh Piggott commence alors à donner des formations rémunérées.
Il met au point un mode d’emploi de fabrication d’une éolienne maison. « Ce n’est pas un guide pratique qui vous dit exactement comment faire une éolienne étape par étape, c’est avant tout pour éduquer les gens, pour leur faire comprendre la théorie, les mathématiques nécessaires. (…) Mais cela devait être accessible pour des gens ordinaires, pas seulement des ingénieurs ou des mathématiciens. » Ce manuel peut s’acheter pour une poignée d’euros sur internet, il est mis à jour tous les 4 ou 5 ans.
L’éolienne Piggott s’exporte aux quatre coins du globe
Sa vie prend un véritable tournant dans les années 1990. On le contacte pour une mission bien rémunérée au Zimbabwe : créer une éolienne. Son génie, qui lui permet de créer une machine à faire de l’électricité avec tout ce qu’il a pu trouver, lui a valu une renommée internationale. Ensuite, il voyagera au Pérou, au Sri Lanka, en Tanzanie, en France … Il est devenu l’expert international du petit éolien « low tech ».
« Je suis fasciné par l’élégance et la beauté qui résulte de l’utilisation de I’ énergie qui est juste en face de nous, plutôt que par le fait d’acheter de l’énergie qui a été extraite de la terre. Je veux aussi aider les gens à connaître la satisfaction de se fournir leur propre électricité. Je pense que le sens de la vie est de faire des choses que l’on aime, de connaître le plaisir que l’on éprouve lorsque l’on se donne les moyens d’être créatif. »
Déjà 150 éoliennes Piggott en France
En 2004 Hugh Piggott se rend en France, il rencontre l’association Tripalium. Elle propose des formations de fabrication d’éoliennes Piggott. Les stages sont payants, 400 euros en moyenne, et accueillent entre 10 et 12 participants par session de 5 jours. Au programme : apprentissage de la soudure, de la fabrication de pales en bois, des bases de l’électronique ou encore cours de bobinage et de modelage de la génératrice. A la fin de la semaine c’est généralement celui qui a accueilli le stage qui garde l’éolienne. Jay Hundall, un ancien ingénieur américain installé dans le Sud de la France, est l’un des formateurs de l’association, il a aussi crée une entreprise, Ti’Eole, qui vend l’outillage et les matériaux nécessaires.
« Les gens qui viennent sont des personnes qui ont choisi un mode de vie alternatif, qui veulent accéder à l’autonomie ou qui vivent dans des lieux non raccordés à l’électricité. Mais on a aussi beaucoup de jeunes ingénieurs et des techniciens qui viennent découvrir nos techniques, des gens qui veulent apprendre à construire de leurs mains, des retraités, des curieux et des touristes. 400 euros la semaine de vacances c’est moins cher qu’une semaine dans un club en Tunisie ! A la fin tout le monde ne repart pas avec une éolienne, mais on a passé un moment d’échange, de convivialité et d’apprentissage. »
Une éolienne Piggott de 3m60 à 4m20 peut produire 5 à 10kwatt d’énergie par jour. L’éolienne d’Hugh Piggott est 10 fois moins chère à construire et surtout à entretenir, mais elle coute néanmoins entre 300 et 1 300 euros de fournitures de base ; la facture peut grimper jusqu’a 15 000 euros pour une éolienne installée qui fonctionne.
« Les éoliennes industrielles sont des Schumacher, les Piggott sont des 2CV, elles durent et on peut toujours les réparer soit même avec des pièces et des outils que l’on peut trouver partout ! Le but est d’avoir un modèle le plus simple et le plus fiable possible grâce à des explications claires et des techniques efficaces, après les gens apportent les modifications qu’ils veulent. », explique Jay.
Gilles Salute a sauté le pas il y a 5 ans, grâce à Tripalium. Son auberge est installée sur un plateau du Vercors, totalement isolé et non raccordé. Située dans un couloir très venteux, à 7km du premier voisin, c’est un lieu idéal pour capter la force du vent. Grâce à son éolienne de 3m60 de diamètre il alimente l’éclairage de sa maison et de son gite, ses deux frigos, et sa machine à laver le linge. Il complète avec quelques panneaux photovoltaïques. Aujourd’hui, il ne regrette pas son choix.
« Je suis capable de la dépanner et de l’entretenir moi-même, c‘est le premier et principal intérêt. Je la descends tous les 6 mois j’ai une demi journée de travail pour graisser les pales, entre autre. Mon éolienne est unique, elle est à mon image, elle n’est pas blanche et terne comme les éoliennes industrielles. Elle est en bois, et pour le safran j’ai fait découper et peindre un symbole, le gypaète barbu, le plus grand vautour de la faune européenne. »
Informations utiles :
Lien du site de Hugh Piggott : http://www.scoraigwind.com/
Lien du site de l’association Tripalium : http://www.tripalium.org/
Où acheter le manuel : http://scoraigwind.co.uk/all-of-the-books-by-hugh-how-to-get-them/
Caroline Amiard
3 commentaires
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Oskar Lafontaine
Cet exemple démontre qu’il doit être possible, dans le domaine du petit éolien, pour abaisser les coûts et les rendre abordables à un plus grand nombre, d’envisager qu’une entreprise sérieuse, sur le modèle d’Ikea pour les meubles, propose des kits de petites éoliennes à monter et à installer soi-même, tout en demeurant dans une fourchette de prix raisonnable. La production en grande série permettant alors, pour une même puissance installée, et une installation par soi-même, de réduire sérieusement le coût global.
Quant au stockage de l’électricité alors produite trop souvent à contre-temps, et donc stockage indispensable pour d’abord rester indépendant, ne pas avoir à en passer par les fourches caudines d’EDF, du réseau, des factures et des taxes, on peut apprendre dans l’hebdomadaire Challenge N° 453 du 12 au 18 novembre 2015, page 29, par un article traitant de l’autonomie des voitures électriques, que le prix des batteries lithium chute à grande vitesse, de 600 dollars de l’installation pour stocker un kilowattheure ( il en faut au moins 30 dans une voiture électrique) il y a quelques années, on serait passé, selon cet article cette année à 145 dollars seulement, d’après General Electric et même pas plus de 100 dollars, pour Tesla, ce qui ramènerait à « seulement » 1500 dollars environ un accumulateur lithium de 10 kilowattheure, Cette valeur de 10 kw/h correspond en France à la consommation journalière électrique moyenne de plus de la moitié des ménages français, et donc autorise les fonctions électriques ordinaires hors chauffage. La durée de vie des accus lithium atteignant maintenant les 5000 cycles de « charge-décharge », soit une durée de vie de plus de 12 ans, ceci ramène le prix du kilowattheure stocké, il suffit de faire les divisions pour s’en apercevoir, à un prix inférieur à celui du transport de ce même kilowattheure par le réseau, et en France, le transport-distribution, pour un particulier, représente 50% du montant total de la facture, dont les taxes font aussi 20%, il y a donc 70 % d’économie ainsi réalisable avant même de calculer le prix de revient effectif en petit éolien, comme en photovoltaïque, de chaque kilowattheure produit, et prix forcément inférieur à celui d’EDF et de son sale courant d’origine nucléaire.
Ce qui revient le plus cher avec les installations photovoltaïques et éoliennes, c’est de les raccorder au réseau, d’où diverses subventions. Si on ne raccorde pas et qu’on se coupe du réseau, et du robinet à subventions, on évite tous ces prix, qui nous sont en France, refacturés par la taxe sur la « contribution au service public de l’énergie ».
On peut aussi, grâce au stockage individuel, choisir de rester en courant continu, l’alternatif n’ayant d’utilité que pour le transport sur plusieurs centaines de mètres, et en bas voltage en plus et à faible ampérage, ce qui diminue les problèmes médicaux graves ou légers, trop longtemps dissimulés, problèmes posés, on le découvre, justement par le transport du courant. Par exemple les cas d’autisme se sont développés en Europe, Japon et Amérique avec l’électrification, puis ont bondi avec l’augmentation de la « soupe » de champs électromagnétiques en interférence en plus, dans laquelle nous sommes contraints d’évoluer.
Jean Pierre
Bonjour
Tout a fait d’accord sur l’essentiel de votre analyse.
Il faut cependant préciser que tout les sites ne ce valent pas pour l’éolien. Une vitesse moyenne minimale de vent reste indispensable sur le site envisagé. Et il faut monter assez haut (mat) pour trouver des vents suffisamment forts et stables.
Il faut aussi se poser la question de l’empreinte écologique des batteries aussi bien au plomb qu’au lithium. La baisse actuelle du prix des batteries lithium est sans doute due à l’industrialisation de la production. Mais au rythme actuel de la vulgarisation de ces batteries, on risque d’avoir rapidement des problème d’approvisionnement en matière première.
T-ENR
L’énergie éolienne reste définitivement la source d’énergie renouvelable la plus abordable pour le particulier. Outre Tripalium, qui au travers de son cadre associatif, permet de se former à la construction de ces machines, nous avons également aujourd’hui une possibilité de construction en imprimante 3D sur cette URL http://www.reprap-windturbine.com/index.php?id=18&L=1
Et l’éolienne urbaine sous licence libre http://www.aeroseed.com/innovation/eolienne.php