Une nouvelle idée : le village 20 minutes

Rex Burkholder vient de Portland aux Etats-Unis. Dans cette ville, la mobilité urbaine est depuis 10 ans un enjeu de résilience qui porte ses fruits. Pour Rex, en charge des transports de la ville « désenclaver les banlieues, pauvres comme riches, est un enjeu crucial d’urbanisation à la fois social et environnemental ».

En permettant de parcourir de plus grandes distances, l’automobile a contribué à repousser les limites de la ville et à promouvoir une organisation dispersée des activités. L’impact sur l’espace urbain est double : d’un point de vue environnemental, les rejets de dioxyde de carbone provoqués par l’engorgement des axes de circulation a de graves conséquences sur l’ensemble de l’écosystème, sur le plan social, les populations les moins aisées risquent d’être marginalisées dans une ville où la mobilité devient la norme.

Rex souligne que « dans les années prospères aux Etats-Unis, on a eu tendance à s’éloigner du centre ville sans pour autant créer localement de nouvelles communautés. Dans leur quartier en bordures des villes, les Américains se reposaient sur leur voiture pour faire leurs courses, amener les enfants à l’école et se rendre au travail. »

Mais un nouveau concept est venu modifier cette vision de l’urbanisation, celui du « Village 20 minutes ». A pieds, en vélo ou en transport en commun toutes les activités et services essentiels (alimentation, médecins, écoles, théâtres…) doivent être accessible en moins de 20 minutes. On recrée des villages en bordures des villes où le déplacement « downtown » redevient une exception. Les transports en commun et la bicyclette prennent le relai sur la voiture. L’idée est d’envisager la ville comme un regroupement de villages autonomes où les habitants possèdent et partagent leur « village » tout en conservant le sentiment de faire parti de la ville. L’idée d’un village urbain est celle d’un espace regroupant le meilleur des deux mondes, urbain et rural, de façon harmonieuse et en symbiose.

« A Portland, les résultats sont encourageant, entre 1994 et 2011, le nombre d’usager de la route a diminué de 10%, le nombre de voyages unique en transport en commun a augmenté de 80%, enfin le nombre de cyclistes a augmenté de 200%. En 10 ans la ville a réduit ses émissions de gaz à effets de serre de 10%. Les liens entre les habitants sont plus forts. On agit sur la résilience urbaine en favorisant les échanges sociaux».

Présent au sommet international « Villes et changement climatique » de Bogota, Rex souhaitait partager le projet mis en place par la ville américaine, échanger sur les défis climatiques à venir et apprendre des autres participants en prenant connaissance des initiatives locales mises en place. Pour lui, « l’important est de ne pas dissocier les émissions de carbone des besoins en plein évolution de nos sociétés. Posséder une voiture n’est plus un symbole de richesse, bien au contraire ».

Roxanne Crossley, envoyée spéciale à Bogota

Le sommet « Villes et changement climatique » s’est tenu à Bogota, du 19 au 21 novembre 2012. Il était co-organisé par l’Agence Française de Développement et a réuni des maires et experts du monde entier pour échanger sur les défis liés à la croissance démographique et à ses impacts sociaux et environnementaux.

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