Ce 21ème siècle n’a encore que onze ans révolus, mais il présente déjà une caractéristique terrible : toutes les négociations internationales ouvertes pendant cette période ont échoué. Dans la lutte contre la menace climatique, les conférence n° 15,16 et 17 de la procédure lancée à Kyoto, qui eurent lieu à Copenhague, Cancun puis Durban ont toutes échoué.
Il en va de même en ce qui concerne le nucléaire militaire. L’espoir exprimé ensemble par les Présidents Obama et Medvedef d’un monde débarrasé des armes nucléaires a disparu à la Conférence quinquennale de suivi du TNP, et Avril et Mai 2011 à New York.
La liste ne s’arrête pas là. Ce qui se passe au Moyen Orient enterre définitivement tout processus ou toute perspective de paix. Les mesures prises pour lutter contre les dangers d’explosion de bulles financières (séparation des dépôts et des risques, paradis fiscaux, agences de notation etc…) sont infinitésimales et le risque demeure inchangé. C’est un gros échec pour les deux derniers G 20.
Les raisons d’échec sont diverses, les responsables aussi mais il est une constante : par rapport au dernier quart du XXème siècle, on observe une évidente intensification chez un peu tout le monde, de la référence nationale, du discours quasi xénophobe et patriotard de l’insistance sur la souveraineté, et de l’aggravation des méfiances mutuelles. Cela se voit jusque dans l’Océan Arctique où le Canada et la Russie se morigènent brutalement. Les incertitudes sur l’avenir résultant de l’effet de serre comme les immenses déséquilibres financiers paraissent être les causes majeures de ce durcissement des identités nationales.
Le résultat est que les conférences de consensus aboutissent toutes à des impasses. Cela n’empêche pas qu’à l’évidence, dans toutes les instances où l’on a délibéré de ces choses, de grosses majorités étaient prêtes à prendre des décisions pertinentes, voire courageuses.
La conclusion est simple et évidente : c’est la recherche du consensus, c’est à dire de l’unanimité, qui se révèle impossible.
Cette tradition des conférences de consensus est très ancienne. Tous les traités ont été négociés de la sorte, le facilitateur étant en général la faiblesse du vaincu.
Il y a longtemps maintenant que le monde essaie de sortir de là. Ainsi fut créée après la Première Guerre Mondiale, la Société des Nations.
Mais le retrait américain, pour cause de non ratification du traité, ajouté à l’absence de tout dispositif contraignant dans ces statuts à la SDN l’ont condamnée à mort. On eut la même volonté après la Deuxième Guerre Mondiale, et l’Organisation des Nations Unies fut mieux structurée.
Elle ne fut pas bâtie par des naïfs : l’hypothèse du consensus entre nations ne figure nulle part, et dans les organse de décision de l’ONU, on vote.
La Charte des Nations Unies décrit un très vaste champ de compétences pour l’Assemblée Générale comme pour le Conseil de Sécurité, l’insistance la plus grande étant portée sur la «ampnbsp;Sécurité Internationaleampnbsp;».
De fait l’espoir s’ouvrait de voir le monde disposer d’instruments de débat et de décision plus vigoureux que l’unanimisme traditionnel.
Mais une dérive est intervenue. Devant la crainte de se trouver en présence de textes votés ou de mesures prises qui rencontreraient leur désaccord, les grandes puissances ont pris l’habitude d’organiser sur les grands débats planétaires des conférences de consensus. Cela est extérieur à la Charte de l’ONU, cela est même contradictoire avec son esprit. Pour ce type de conférences l’ONU est devenue le «tour-opérateur». Gestion de la machinerie, carnet d’adresse et interprètes, elle fournit des services indispensables, alors qu’elle n’est pas concernée sur le fond et que ces procédures visent à contourner la Charte ! De ce fait l’ONU subit en plus le discrédit des échecs, ce qui aggrave la situation d’ensemble.
Ainsi la Conférence dite Rio + 20, prévue en Juin 2012 à Rio de Janeiro pour faire le bilan du «Sommet de la Terrea» tenu il y a 20 ans dans cette ville est d’avance programmée pour l’échec à cause de la minceur du bilan et de l’impossibilité d’y prendre des mesures quelconques, le consensus n’étant pas là…
Il peut y avoir là l’occasion d’une belle prise de conscience. Qu’une majorité de nations ose déclarer que le consensus c’est la paralysie, qu’il importe d’en revenir aux procédures de l’ONU où l’on vote serait une avancée énorme.
La constatation que le réchauffement climatique ou les déséquilibres massifs de la finance mondiale sont des menaces pour la sécurité internationale, suffit à ouvrir légalement la possibilité d’une saisine de l’ONU. Or à l’Assemblée Générale il n’y a pas de veto. Une déclaration forte et l’appel à des mesures contraignantes sont possibles.
Des vetos bloqueront la chose au Conseil de Sécurité, ils ne pourront le faire indéfiniment…
Changer la gouvernance mondiale est un enjeu majeur du traitement des crises économique et écologique en cours.
Pourquoi ne pas commencer tout de suite à Rio ?
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