Climat : sueurs froides et accords tièdes à Durban

La 17e Conférence des Nations Unies sur le Climat s’est achevée à Durban dans la nuit de samedi à dimanche, après 48 heures de débats confus. La finalisation d’un accord sur l’avenir du régime climatique semble avoir soulagé l’immense majorité des délégations, mais les décisions adoptées laissent sceptiques quant à la volonté des gouvernements de la planète de s’attaquer sérieusement au problème des émissions de gaz à effet de serre.

Un nouvel accord qui ne suffira pas à rester en dessous de 2°C

L’avancée majeure de Durban, c’est que pour la première fois, les deux pays les plus émetteurs de gaz à effet de serre (GES), la Chine et les Etats-Unis, s’accordent sur un texte qui les engage juridiquement. Ce traité, dont les contours restent flous, sera finalisé avant 2015 et entrera en vigueur en 2020. Dans l’intervalle, le protocole de Kyoto, dont la première période d’engagement arrive à son terme le 31 décembre 2012, devrait être prolongé pour une deuxième période. Cependant, il ne recouvre plus que 15% des émissions mondiales de GES. En effet, seule l’Union européenne s’est pour l’instant engagée dans ce cadre.

Cela est positif, mais demeure insuffisant pour éviter un changement climatique important, de l’ordre de 4°C à 6°C d’ici la fin du siècle, et dont les conséquences, notamment en Afrique, seront catastrophiques. Comme le rappelle l’Agence Internationale de l’Energie, les émissions de GES devront impérativement décroître à partir de 2017, or chaque année, elles battent de nouveaux records. « Il y a un décalage énorme entre ce qui a été décidé à Durban et ce qu’il faudrait faire pour ne jamais dépasser les 2°C, explique Jean Jouzel, climatologue qui a participé au sommet de Durban. Alors que tous les pays ont souscrit à cet objectif, c’en est vraiment désespérant. »

Tout reste à faire en 2012

Nombreux sont les points qui n’ont pas été tranchés à Durban. Les sources de financements du Fonds Vert, comme la taxe sur les transactions financières ou encore sur la contribution du transport maritime, ont été renvoyées à plus tard. Il n’y a donc toujours pas d’argent dans le Fonds Vert, 2 ans après l’engagement de Copenhague de mobiliser plus de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020.

Il faudra rapidement trouver des solutions intermédiaires. La France, qui devrait collecter pas loin de 500 millions d’Euros grâce à la vente de quotas de CO2 aux entreprises en 2012, s’était engagée en 2008 à en affecter une partie à l’aide aux pays les plus pauvres. Dès Janvier, elle devra concrétiser son engagement.

De plus, « L’Europe, même si elle a été un des leaders de la négociation, ne se situe toujours pas dans la fourchette des 25% à 40% recommandée par les scientifiques pour avoir une chance sérieuse de rester en dessous des 2°C, souligne Benoit Faraco, porte-parole de la Fondation pour la Nature et l’Homme. Un débat s’engage donc dès maintenant pour augmenter l’objectif européen. Nous demandons à ce que la France donne suite au rapport de Christian De Perthuis, et adopte a minima un objectif de 25%. Cela aurait pour effet de créer des emplois et d’encourager les investissements dans l’économie verte. »

Après Bali (2007), Copenhague (2009) et Cancun (2010), Durban reporte à nouveau de nombreuses questions, alors que l’urgence climatique est bien là. Comme le rappelait la délégation des Jeunes en clôture de la conférence « Cela fait plus d’une génération que vous négociez, maintenant, terminez le travail ! »

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Fondation pour la Nature et l’Homme

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