On a beaucoup entendu que la recrudescence des ouragans au cours de l’année 2006 était une nouvelle manifestation des changements climatiques imputables à l’homme.
On a beaucoup entendu que la recrudescence des ouragans au cours de l’année 2006 était une nouvelle manifestation des changements climatiques imputables à l’homme. Les gens qui brûlent du pétrole pour faire marcher leur voiture et consomment charbon et gaz naturel pour chauffer, climatiser ou alimenter leur maison en électricité ont été rendus responsables de tous les maux de la planète, de la canicule à Paris aux chutes de neige massives dans la région de Buffalo au Nord-Est des États-Unis.
Cependant, comment une augmentation à peine tangible d’un degré de la température moyenne mondiale enregistrée depuis la fin du XIXe siècle peut-elle être accusée par tous d’être la cause des récentes catastrophes climatiques? Et comment cela peut-il donner lieu à des affirmations hasardeuses sur les catastrophes à venir
Cela relève avant tout d’une méconnaissance de la climatologie alliée à une volonté de réduire celle-ci à un cercle fermé n’accueillant que les alarmistes. Toutes les personnes ayant un avantage certain à verser dans le catastrophisme mettent en place un grand battage médiatique autour d’affirmations scientifiques équivoques concernant le climat, éveillant ainsi l’intérêt des décideurs politiques qui financent alors davantage la recherche scientifique, qui va susciter plus d’inquiétude et donc augmenter encore l’enjeu politique.
Après tout, qui financerait la recherche — qu’elle se consacre au SIDA, à la conquête de l’espace ou au climat — s’il n’y avait rien de vraiment alarmant ? En effet, l’augmentation des dépenses du Gouvernement fédéral affectées à la recherche sur le climat (de quelques millions de dollars avant les années 1990 à 1,7 milliard de dollars aujourd’hui) permet d’évaluer le succès du catastrophisme climatique. Celui-ci s’exprime également à travers la hausse des investissements dans les technologies solaire, éolienne, fonctionnant à l’hydrogène, à l’éthanol, au « charbon propre » et d’autres types d’investissements dans le domaine de l’énergie.
Cette spirale de l’alarmisme revêt un aspect plus sinistre encore. Les scientifiques qui la contestent voient leurs allocations de recherche supprimées, leur travail tourné en dérision et eux-mêmes sont qualifiés de laquais de l’industrie, de scientifiques de seconde zone ou pire encore. Ainsi, les fables du changement climatique gagnent en crédibilité, même lorsqu’elles vont à l’encontre de la science qui est censée être leur fondement.
Pour se faire une idée du climat d’intimidation et du degré d’ignorance qui règnent sur la climatologie, il est essentiel de saisir la complexité de certains problèmes scientifiques sous-jacents. Commençons par ce qui met tout le monde d’accord.
Trois thèses bénéficient du soutien d’une très large communauté scientifique, et le public, la presse et les décideurs politiques en ont eu les oreilles rebattues: la température terrestre a augmenté d’environ un degré depuis la fin du XIXe siècle; une hausse de 30% des niveaux de CO2 dans l’atmosphère a été observée sur la même période; enfin, le CO2 devrait contribuer au réchauffement à venir. Tout cela est incontestable.
Néanmoins, ce qu’un profane peine à comprendre, c’est que ces faits ne sont ni un motif d’inquiétude, ni la preuve de la responsabilité de l’homme dans le léger réchauffement observé.
Les auteurs des déclarations alarmistes les plus délirantes font en fait montre de scepticisme envers cette science même qui, selon eux, est le fondement de leurs théories. Ce n’est pas tant que les tenants de l’alarmisme diffusent à tout va des conclusions que nous estimons erronées; c’est surtout qu’ils annoncent haut et fort des catastrophes qui, même si leurs modèles se vérifiaient, ne pourraient pas se produire et qu’ils s’en servent pour justifier des mesures coûteuses de lutte contre le réchauffement planétaire.
Si les modèles s’avèrent vrais, le réchauffement de la planète réduirait les différences de température entre les pôles et l’équateur. Une réduction de la différence de température n’est pas synonyme d’une augmentation du risque de tempêtes extratropicales, mais de sa diminution.
D’ailleurs les simulations réalisées à partir des modèles appuient cette conclusion.
C’est sur une déclaration légère de Sir John Houghton, membre du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, lié aux Nations Unies), que les alarmistes ont fondé leur théorie de la recrudescence des tempêtes tropicales: selon John Houghton, un monde plus chaud entraînerait davantage d’évaporation et donc une chaleur latente, source d’une plus grande énergie nourrissant les perturbations. Le problème étant que la capacité de l’évaporation à provoquer des tempêtes tropicales dépend non seulement de la température, mais aussi de l’humidité et nécessite un air plus sec et moins humide.
Or, la thèse d’une forte augmentation des températures se fonde sur une augmentation de l’humidité, non le contraire: comment le réchauffement climatique pourrait-il donc être la source d’une recrudescence des tempêtes tropicales ?
Mais alors, comment se fait-il que si peu de chercheurs s’élèvent contre cette science au rabais? Je suis convaincu que ce sont non seulement les questions d’argent, mais aussi la peur qui arrêtent bien des scientifiques. […]
Que dire du silence de la communauté scientifique à l’époque où les anti-alarmistes étaient dans le collimateur d’Al Gore, alors sénateur? En 1992, M Gore a présidé deux audiences du Congrès durant lesquelles il a tenté de faire pression sur des scientifiques dissidents (dont j’étais) pour qu’ils changent de cap et soutiennent ses positions alarmistes sur le changement climatique.
La communauté scientifique ne s’est pas non plus émue lorsque M Gore, cette fois en tant que Vice-Président, a essayé d’enrôler Ted Koppel dans une chasse aux sorcières visant à discréditer les chercheurs anti-alarmistes — requête que M Koppel a publiquement dénoncée comme étant inappropriée. Enfin, personne n’a pipé mot quand, par la suite, des livres et articles de Ross Gelbspan ont, de façon diffamatoire, qualifié les scientifiques qui n’étaient pas d’accord avec Al Gore de laquais de l’industrie des combustibles fossiles.
Malheureusement, il ne s’agit là que de la partie visible d’un iceberg qui semble refuser de fondre. Henk Tennekes a perdu son poste de directeur de recherche à la Société royale de météorologie des Pays-Bas après avoir remis en question les fondements scientifiques du réchauffement planétaire. Askel Winn-Nielsen, ancien directeur de l’Organisation météorologique mondiale des États-Unis a été taxé de pantin de l’industrie du charbon par Bert Bolin, à la tête du GIEC, pour avoir remis en cause l’alarmisme en matière de réchauffement. Les professeurs italiens de renom Alfonso Sutera et Antonio Speranza ont été écartés du débat en 1991, ayant apparemment perdu leurs financements pour la recherche climatique après avoir soulevé quelques interrogations.
Attardons-nous enfin sur le traitement particulier réservé aux articles proposés aux revues scientifiques par tous ceux qui s’éloignent du droit chemin en matière de pensée climatique. Chez Science & Nature, de tels articles sont généralement écartés et jugés sans intérêt avant même d’avoir été examinés. Cependant, si par chance ils sont publiés, les règles du jeu ne sont plus les mêmes.
Quand avec certains collègues de la NASA, j’ai tenté de savoir quel était le comportement des nuages quand les températures varient, nous avons découvert ce que nous avons appelé « l’effet Iris »: les nuages cirrus les plus élevés se contractent sous l’effet de l’augmentation de la température, provoquant une rétroaction négative du climat suffisamment forte pour réduire la réaction à l’augmentation de CO2 de manière significative. En règle générale, les réactions aux articles publiés apparaissent sous la forme de courriers des lecteurs auxquels les auteurs de l’article ont un droit de réponse immédiat. Toutefois, dans ce cas-là (et dans d’autres), une pluie d’articles rédigés à la hâte s’est abattue, pointant du doigt des erreurs dans notre étude, nos réponses n’ayant été publiées que des mois après, voire même plus tard. Ce retard a permis de jeter le « discrédit » général sur notre article. Il existe une réticence surprenante à découvrir comment notre climat se comporte dans les faits.
En 2003, lorsque le National Climate Plan (le rapport d’un comité gouvernemental sur le changement climatique) accordait la priorité à une meilleure connaissance des mécanismes du climat, le Conseil national de la recherche a préféré, pour sa part, mettre l’accent sur les études de l’impact du réchauffement, et non pas sur le fait qu’il ait effectivement lieu ou non.
Il semble que l’alarmisme, plus qu’une authentique curiosité scientifique, soit la condition sine qua non au maintien des financements. Aujourd’hui, seuls les scientifiques les plus renommés peuvent s’élever contre ce grand vent de catastrophisme et défier l’union sacrée des climatologues, activistes et décideurs politiques.
Climate of Fear, Global-Warming Alarmists Intimidate Dissenting Scientists into Silence
Richard LINDZEN
Opinion Journal
Avril 2006
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