Réduire le fossé numérique entre les sexes
Le secteur de l’information et des télécommunications a connu une évolution rapide dans un grand nombre de pays. Les technologies de l’information et des communications (TIC) ont été rapidement introduites dans le monde, donnant lieu à ce que certains appellent la révolution des TIC, révolution qui pourrait jouer un rôle important dans l’amélioration de la qualité de la vie. Ces nouvelles technolo-gies peuvent améliorer la fourniture des services, augmenter la productivité et le niveau de vie ainsi que transformer les économies et les opportunités de développement dans les domaines de l’éduca-tion, de la gouvernance, de la gestion de l’environnement, de la santé, des services financiers ainsi que dans le secteur privé.
Il est de plus en plus clair que les avantages offerts par les TIC sont inégalement répartis entre et dans les pays, principalement en raison des différences d’accès et de compétences. Le « fossé numé-rique » persiste entre ceux qui possèdent les TIC, les connaissances et la formation nécessaires pour les utiliser et ceux qui en sont privées. De par la manière dont elles sont conçues, produites, utilisées et exploitées, les technologies modernes de l’information peuvent permettre de réduire les inégalités dans une société.
Le fossé numérique est béant, et les raisons sont multiples. Il est dû non seulement au manque d’ac-cès résultant des situations économiques ou géographiques, mais aussi au manque de formation nécessaire pour utiliser les nouvelles technologies. Dans chaque société, seule une minorité a accès au réseau des TIC et, tandis que ce nombre est censé augmenter, le fossé continuera de se creuser si ce problème d’accès n’est pas résolu.
De même, le fossé numérique reflète les inégalités entre les hommes et les femmes. Ayant été main-tenues à l’écart du développement et n’ayant pas reçu la formation nécessaire pour utiliser les TIC, les femmes, spécialement les femmes rurales, ont été, en grande partie, exclues du processus. Dans une société patriarcale où les hommes ont le pouvoir décisionnel, les femmes, n’ayant généralement pas été placées au premier plan du développement, sont moins ouvertes aux nouveautés et, dans ce cas, aux nouvelles technologies de l’information et de communication. La société a toujours encouragé et favorisé les hommes dans les domaines de l’éducation, de la formation, de l’emploi formel ainsi que dans bien d’autres encore. Pourtant, dans de nombreux pays, ce sont les femmes qui assument la plus grande part des responsabilités dans le domaine de la reproduction, de la production et de la gestion de la communauté, et un grand nombre d’entre elles ne sont ni rémunérées, ni prises en compte dans les statistiques nationales.
Le statut inférieur des femmes par rapport à celui des hommes est dû aux inégalités entre les sexes causées par les inégalités d’opportunités et d’accès aux ressources productives ainsi que de contrôle de celles-ci. Les statistiques montrent qu’en Ouganda, bien que les femmes constituent 70 à 80% de la force de travail agricole, seulement 7% possèdent des terres et 30% ont accès aux gains et à leur contrôle (1).
Les inégalités entre les sexes se reflètent également dans les secteurs de l’éducation et de l’emploi, dans le secteur formel et les structures gouvernementales. Les inégalités entre les sexes persistent à tous les niveaux.
Le fossé numérique entre les sexes est évident. Les femmes sont moins nombreuses que les hom-mes à utiliser les TIC et à étudier les technologies de l’information et de la communication ainsi que les sciences.
Par exemple, à l’université de sciences et de technologie de Mbarara, en Ouganda, seulement 20 étudiantes, 11% du nombre total des étudiants en sciences, ont été diplômées de la faculté des sciences et de l’éducation depuis 1997, année de création du diplôme. Dans le département des études informatiques, le pourcentage moyen a été de 33% (2). Dans son document d’information intitulé « Are ITC’s Gender neutral », Nancy Hafkin constate qu’il y a une diminution du nombre de jeunes étudiantes inscrites aux cours de sciences informatiques aux États-Unis et au Canada (3), reflétant le nombre limité des femmes professionnelles dans le domaine des sciences et des TIC et les inégalités qui exis-tent dans le secteur formel de l’éducation. Le fait qu’il n’existe pas de données ventilées par sexe sur les utilisatrices des TIC est une indication supplémentaire du fossé numérique entre les hommes et les femmes.
Les femmes n’ayant été reconnues que tardivement, la révolution des TIC perpétue les inégalités existantes entre les hommes et les femmes en matière d’accès à l’éducation, à la formation et à d’au-tres domaines. Ces inégalités et ces contraintes créent le fossé numérique entre les sexes. Leur inci-dence sur la révolution des TIC devrait faire l’objet d’une attention particulière, spécialement pour les femmes, si elles veulent être en mesure de participer pleinement à l’économie émergente qui forgera le XXIe siècle. Certaines initiatives sont entreprises dans ce sens. Par exemple, une nouvelle étude canadienne indique que les femmes, armées de diplômes universitaires et disposant d’un revenu, sont de plus en plus nombreuses à utiliser Internet (4).
Au Centre de services de développement d’Ouganda, établi dans le district de Kamuli, en Ouganda oriental, sur les 80 étudiants qui ont suivi des cours d’informatique en 2002, 48 étaient des filles. Ces opportunités offertes dans des instituts professionnels peuvent combler le fossé numérique entre les sexes. Dans les télécentres, le nombre d’utilisatrices augmente, mais seulement après que des efforts ont été menés pour les motiver à venir. La parution d’un CD-ROM intitulé « Rural Women in Africa: Ideas for Earning Money » est un exemple d’initiative lancée pour accroître la participation des femmes. Les initiatives qui prennent en compte les relations et les problèmes entre les sexes sont générale-ment plus réussies et, associées à d’autres facteurs comme un environnement propice, elles permet-tront de combler le fossé numérique entre les sexes.
Notes
1 Rapport sur l’état de la pauvreté en Ouganda, 1999
2. Université de sciences et de technologie de Mbarara, Programme et modalités, 9e Congrégation de l’université, février 2003
3 INSTRAW Série de séminaires virtuels sur les TIC et l’égalité entre le sexes: Résumé de discussions et recommandations préparés par S. Huyer et T. Sikoska, 6 nov. 2002, P.5; www.un.instraw.org
4 http://www.globetechnology.com/archive/20010219/RPOLL.html
http://www.un.org/french/pubs/chronique/2003/numero4/0403p36.asp
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