À quoi sert la Convention sur la Désertification?

En réaction à la sévère sécheresse qui tue 200.000 personnes et des millions d’animaux en Afrique dans les années 1960-1970, les Nations Unies organisent la première conférence sur la désertification à Nairobi au Kenya en 1977. Mais il faut attendre le Sommet de la Terre, à Rio de Janeiro en 1992 pour que la communauté internationale engage un véritable effort concerté via la Convention des Nations Unies (…). 10 ans après son entrée en vigueur le 26 décembre 1996, le bilan est très mitigé.

Dans les pays du sud, les ministères de l’Environnement ont en général peu de poids dans les arbitrages interministériels. « Certains estiment que c’était une erreur d’en faire une convention environnementale », relève Liliane Ortega, qui fait partie d’un groupe de travail intergouvernemental chargé d’élaborer un nouveau plan stratégique de lutte contre la désertification. « Se pose également un problème de compétences techniques », continue Liliane Ortega. Les plans d’action nationaux sont financés par le budget national et les contributions de pays donateurs. L’Allemagne, l’Italie, la France et les Pays-Bas se sont ainsi beaucoup engagés aux côtés du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Tchad pour aider les fonctionnaires des ministères de l’Environnement à ficeler des bons plans d’action. « Mais cela n’a pas empêché ces stratégies de rester très éloignées de la réalité du terrain et d’être plutôt insatisfaisantes » poursuit la spécialiste de la DDC (Direction du développement et de la Coopération). Résultat: très peu de plans d’action sont mis en œuvre. Car en dehors d’une enveloppe globale de 250 millions de dollars sur quatre ans auprès du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), le financement des actions dépend encore beaucoup de l’aide bilatérale. « La convention a beau piétiner, elle est le seul forum onusien, donc démocratique et mondial, où l’on peut discuter de ce grave problème. Sans elle, l’Afrique serait sans voix dans ce domaine. Experts, consultants internationaux parleraient là encore à sa place. Bref, ce forum reste précieux, analyse Liliane Ortega. Il vaut donc mieux opter pour l’amélioration que pour le dénigrement et l’abandon de cette convention« , plaide-t-elle en conclusion.

La Revue Durable, n° 23.

Février 2007

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