Résidus d’antibiotiques dans les produits de l’aquaculture : Le problème.

Comme dans les autres secteurs de la production animale, des antibiotiques sont utilisés en aquaculture, tant pendant la production qu’au stade de la transformation, tant pour prévenir (usage prophylactique) que pour traiter (usage thérapeutique) des maladies bactériennes (1). Les antibiotiques ont aussi été recommandés et utilisés comme désinfectants dans la manutention du poisson, mais cette pratique s’est révélée peu efficace et n’est généralement pas approuvée par les services d’inspection du poisson.

Les antibiotiques n’ont pas toujours été utilisés à bon escient en aquaculture et l’on connaît divers cas dans lesquels les contrôles effectués n’ont pas toujours donné l’assurance que les risques pour l’homme étaient correctement évités. La FAO, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Office international de épizooties (OIE) et plusieurs gouvernements ont déjà soulevé la question de l’utilisation irresponsable des antibiotiques dans tous les secteurs de production, eu égard en particulier aux risques potentiels pour la santé publique. De nombreux gouvernements dans le monde ont introduit, concernant l’emploi des antibiotiques dans l’agriculture en général et dans le secteur aquacole, des réglementations nationales, les ont modifiées ou rendues plus strictes.

Préoccupations pour la santé publique

Quand ils sont consommés par l’homme en tant que médicaments, les antibiotiques peuvent avoir des effets secondaires qu’il est généralement possible d’éviter en respectant les doses recommandées et la durée de la thérapie. En revanche, quand des antibiotiques sont ingérés à l’insu du consommateur, sous forme de résidus dans les produits alimentaires, il n’est pas possible de quantifier ou de suivre la quantité ingérée, ce qui peut avoir des effets directs sur la santé, comme une anémie aplasique dont on sait qu’elle est associée au chloramphénicol. Ces effets directs comportent des risques non négligeables pour la santé humaine. En outre, l’absorption non intentionnelle d’antibiotiques favorise l’installation d’une résistance aux antibiotiques chez les bactéries pathogènes pour l’être humain et cela aussi est un problème important qui n’a pas encore reçu l’attention voulue. Le développement, dans des bactéries pathogènes, d’une résistance aux antibiotiques est considéré comme un des risques les plus graves pour la santé humaine à l’échelle mondiale (2). Le problème se pose quand les bactéries deviennent résistantes à un ou plusieurs des antibiotiques auxquels elles étaient sensibles jusque-là et quand cette résistance finit par annuler l’efficacité des antibiotiques utilisés pour traiter des maladies infectieuses spécifiques chez l’homme (3). La conscience des risques pour la santé humaine résultant directement et indirectement de la consommation tant active que passive d’antibiotiques a conduit à interdire l’emploi de certains antibiotiques dans la production d’aliments d’origine animale (particulièrement des antibiotiques pour les résidus desquels il n’a pas été possible d’établir des niveaux de sécurité) et à fixer, pour ceux dont les risques sont connus, des limites maximales de résidus (LMR).

Effets sur l’industrie

L’année dernière, la détection de chloramphénicol dans des crevettes introduites dans le commerce international a suscité beaucoup de préoccupations. Cette substance a été retrouvée dans des produits d’élevage, ce qui a entraîné un ralentissement des importations, donc une perte économique pour les producteurs concernés et des retombées négatives pour l’ensemble de la production crevettière aquacole.

REFERENCES

(1) Voir, par exemple, FAO/SEAFDEC/CIDA 2000. Use of chemicals in aquaculture in Asia, édité par J.R. Arthur, C.R. Lavilla-Pitigo et R.P. Subasinghe. Actes de la Réunion sur l’emploi des substances chimiques en aquaculture en Asie, Iloilo, Philippines, 20-22 mai 1996. 235 pages; et FAO. 1997. Towards safe and effective use of chemicals in coastal aquaculture. Rapports et études, GESAMP n° 65, Rome, 40 pages.

(2) Des informations à jour sur le développement de la résistance microbienne peuvent être trouvées sur le site de la Food and Drug Administration. On pourrra également consulter K.M. Cahill, J.A. Davies et R. Johnson. 1966. Report on an epidemic due to Shigella dysenteriae type 1 in the Somali interior. American Journal of Tropical Medecine and Hygiene, 15: 52-56.

(3) P. Shears 2001. Antibiotic resistance in the tropics. Transactions of the Royal Society of Tropical Medecine and Hygiene, 95: 127-130. F. Angulo et P.M. Griffin. 2000. Changes in antimicrobial resistance in Salmonella enterica serovar thphimurium. Emerging infectious diseases, 6(4); et USFDA. 1997. Extra label animal drug use; fluoroquinolones and glycopeptides; order of prohibition. Federal register, 62(99): 27 944-27 947.

Extrait du rapport sur « La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture », 2002 FAO

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