Plus de 13 millions de Français ont des difficultés pour se déplacer

précarité mobilité

Voitures neuves sur le parking de l'usine Renault à Flins, Yvelines © Yann Arthus-Bertrand

13,3 millions de Français seraient en situation de « précarité mobilité » c’est-à-dire qu’ils ont des difficultés pour se déplacer au quotidien, selon une enquête conduite par la FNH (Fondation pour la Nature et l’Homme) et Wimoov sur auprès de 13 .000 personnes fin 2021.  

Ce « baromètre des mobilités du quotidien » donne un état des lieux des déplacements en France tout en pointant du doigt l’insuffisance des politiques de réduction de la dépendance aux énergies fossiles et à la voiture individuelle. Il ressort de cette enquête que, depuis 2 ans, 1 Français sur 4 a changé ses habitudes de mobilité en se tournant davantage vers le vélo ou la marche. Toutefois, ce changement concerne d’abord les catégories urbaines les plus aisées, tandis que 80 % des ouvriers dépendent encore de l’automobile pour se déplacer.

Précarité mobilité, des réalités très différentes

La « précarité mobilité » regroupe différentes réalités qui ne se résument pas aux seules dépenses d’énergie pour se déplacer : renchérissement du cout des carburants qui grève les budgets, coûts trop élevés des véhicules plus propres, parc automobile vieillissant, allongement des distances et des temps de trajet ou tout simplement le fait de ne disposer d’aucun moyen de déplacement (voiture, transports en commun ou vélo).

9 millions de personnes rencontrent des difficultés pour se déplacer, « ce sont des personnes, qui ont de faibles revenus et utilisent la voiture thermique pour se déplacer au quotidien, sur qui la hausse des couts du carburant pèse » explique Marie Cheron, responsable mobilités à la FNH.  De plus, 4,3 millions d’autres ne disposent pas d’une voiture, d’un vélo ou d’un abonnement aux transports collectifs. « Ces gens-là passent sous les radars des politiques publiques », affirme Marie Chéron. Cette situation traduit des inégalités, notamment dans l’accès à la mobilité, à l’emploi et aux services. Par exemple, les rapports du baromètre écrivent que « au sein des actifs, de nouvelles formes d’inégalités apparaissent : les personnes ne pratiquant pas le télétravail affichent une dépendance plus forte à la voiture. »

La voiture individuelle, un choix contraint et sans alternatives ?

Ainsi, 71 % des Français disent que la voiture reste leur moyen de transport principal et près d’un sondé sur 2 (45 %) déclare ne pas avoir le choix. Dans les zones périurbaines, ces chiffres sont plus élevés puisqu’il s’agit pour 87 % des répondants de leur principal moyen de locomotion et 71 % estiment ne pas avoir le choix. Marie Cheron, responsable mobilités à la FNH, « on a demandé aux personnes qui ont des voitures quels sont les freins au changement de mobilité. Ces freins sont d’ordre organisationnels. Les transports en commun sont jugés mal adaptés sur les horaires et les parcours. De plus, la crise sanitaire a développé une préférence pour les modes de transports individuels, ce qui a aussi fait reculer le covoiturage. Les réticences peuvent s’expliquer par le coût jugé trop cher des transports collectifs pour 20 % des demandeurs d’emplois en dépit de tarifs sociaux et par la peur ou le sentiment d’insécurité pour un quart des 18-24 ans. Il y a donc un enjeu pour les transports publics à faire revenir les usagers ». 

Des pistes pour sortir de la précarité mobilité

La FNH estime que les alternatives existent pour faire face à la précarité mobilité. La FNH plaide pour un accompagnement social vers les mobilités durables et des mesures d’urgence comme les aides à l’acquisition de vélos, de vélos électriques et de vélo cargos, mais ces aides n’ont de sens qui si elles s’accompagnent d’un développement des infrastructures cyclables. Il faut aller vers des véhicules propres en évitant aux populations les plus démunis de se retrouver prises au piège du véhicule thermique.

« Les mesures d’urgence mises en place avec la crise actuelle, les 15 centimes par litre, vont davantage bénéficier aux ménages aisés que à ceux qui en ont réellement besoin. C’est pour ça que nous préconisons un chèque énergie ciblée vers les ménages les plus modestes dépendants de leurs voitures », explique Marie Cheron. « Depuis des années, les politiques publiques consistent à mettre des pansements pour alléger la douleur des populations dépendantes de la voiture mais sans jamais résoudre le problème de fond qui est justement cette dépendance à la voiture individuelle. En Allemagne, ils baissent les taxes sur les carburants tout en diminuant dans le même temps les tarifs des transports en commun ».

Julien Leprovost

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