Des points de bascule climatiques qui se rapprochent inexorablement


Tree trunk against a background of coral, Dominican Republic (18°20' N – 68°55' W). © Yann Arthus-Bertrand

À l’approche de la COP30, 160 scientifiques alertent sur les « points de bascule » climatiques dans un rapport intitulé Global Tipping Points Report 2025. Les auteurs écrivent que nous vivons dans une « nouvelle réalité », où les actions de l’espèce humaine peuvent avoir des conséquences irréversibles sur l’environnement. C’est d’ailleurs pourquoi les chercheurs parlent de point de bascule ou de seuil de non-retour à partir desquels les écosystèmes ne peuvent plus se régénérer d’eux-mêmes. Ce qui est déjà le cas, ou en passe de l’être, pour certains écosystèmes comme les coraux, la forêt amazonienne ou encore les océans.

Des écosystèmes approchant de leurs points de bascule : coraux, forêts, océans

Les risques de franchir des points de basculement commencent tous entre 1 et 1,5 degrés Celsius supplémentaire par rapport à l’ère préindustrielle. Le réchauffement climatique atteint aujourd’hui + 1,4 degré au niveau mondial. De surcroît, la trajectoire actuelle des émissions de gaz à effet de serre laisse présager d’une hausse des températures +3 degrés, alors que l’Accord de Paris fixe comme objectif de maintenir le réchauffement en dessous des 2 degrés. Étant donné que plus les températures montent, plus le risque de franchir un point de non-retour s’accroît, chaque dixième de degré compte. Les coraux en sont l’illustration. Même dans les scénarios d’émissions les plus optimistes, qui prévoient une stabilisation du réchauffement à 1,5 degré, le basculement sera quasiment inévitable.

© The Global Tipping Points Report 2025

Le dépérissement sans précédent des récifs coralliens témoigne d’un basculement en cours. Essentiels à la survie de près d’un million d’espèces, les récifs coralliens sont déjà affectés par la hausse des températures de l’océan, à laquelle s’ajoute l’acidification des océans.

Concernant les forêts, l’Amazonie se rapproche, sous les effets combinés de la déforestation et du dérèglement climatique, de son point de bascule. La capacité de la forêt amazonienne à produire en partie sa propre pluie grâce à l’humidité se trouve fragilisée. Cela se répercute par des réactions en chaîne allant de la perte de biodiversité locale à la savanisation de certaines zones en passant par un assèchement de la région qui aboutit à ce qu’elle émette davantage de carbone qu’elle n’en capte et stocke.

Les courants océaniques tels qu’on les connaît aujourd’hui sont également menacés. La circulation méridienne de retournement de l’Atlantique (AMOC) et le gyre subpolaire se rapprochent des points de basculement, bien que les conditions soient incertaines. Les conséquences d’une telle bascule seraient des hivers plus rigoureux dans le nord-ouest de l’Europe, une perturbation de la mousson en Afrique, ce qui affecterait les écosystèmes marins et les rendements agricoles.

Des points de bascule positifs ?

Des points de bascule décrits comme positifs ont été identifiés par les rapporteurs. Ils concernent des décisions prises par les décideurs et les gouvernements ainsi que des transformations sociétales. Il s’agit par exemple de la décarbonation de la production d’électricité ou encore de la mobilité, du déploiement de technologies bas carbone ou plus sobres. Les auteurs y voient l’opportunité de se diriger vers des points de bascule vertueux qui s’offrent à nous, comme le rapide essor des énergies renouvelables.

Une alerte à quelques semaines de la COP30

Selon le président de la COP30, André Correa do Lago, « ce rapport n’est pas seulement un avertissement mais un guide : il cartographie les points où convergent les dangers ». Il identifie trois objectifs pour cette COP. D’une part, renforcer le multilatéralisme pour agir en unité, d’autre part prendre en compte l’aspect humain des actions climatiques. Enfin, le président de la COP30 souhaite accélérer la mise en œuvre de l’Accord de Paris.

Violette Cadrieu

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Pour aller plus loin :

Lire The Global Tipping Points Report 2025

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Un commentaire

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    • Guy J.J.P. Lafond

    À la COP 30, au Brésil, du 10 au 21 novembre 2025, accélérer la mise en oeuvre de l’Accord de Paris, c’est une excellente idée!
    Merci au président, M. André Correa do Lago!
    S.v.p. et à tous les lucides sur Terre, action!
    Guy J.J.P. Lafond (VELO) – in