Roquefort-sur-Soulzon (France) (AFP) – Au chevet des éleveurs, Emmanuel Macron a plaidé jeudi pour empêcher l’implantation du loup là « où il y a du pastoralisme », quitte à autoriser qu’un plus grand nombre de canidés soient abattus, une décision saluée par le premier syndicat agricole mais décriée par les défenseurs de la biodiversité.
« On ne va pas laisser le loup se développer et qu’il aille dans des massifs où il est en compétition avec des activités qui sont les nôtres », a ajouté le chef de l’Etat en marge d’un déplacement dans l’Aveyron.
« Et donc ça veut dire qu’il faut, comme on dit pudiquement, le prélever davantage », a-t-il insisté.
Selon un décompte de la préfète coordinatrice sur le loup publié fin juin, 64 loups ont été « détruits légalement » en 2025, le plafond autorisé étant 192, et 11 illégalement.
Le chef de l’Etat a notamment argué que la présence de l’ours, du loup « et même du vautour » conduisait les éleveurs à laisser leurs bêtes « en bas ». « Et donc on a des terres qui redeviennent de la friche, de la broussaille et du coup qu’est ce qui se passe : je vous le parie, dans quatre ans on aura des incendies », a-t-il appuyé.
Le chef de l’Etat « reconnait la situation intenable des éleveurs face à la prédation », a salué le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, qui a déploré « à mi-2025 », un « nombre de victimes (…) doublé par rapport à l’année 2024, atteignant des niveaux inédits », sur le réseau social X.
« Il faut passer de la parole aux actes, Monsieur le Président », a ajouté M. Rousseau, qui a notamment appelé à « lever la décision » prise récemment de restreindre « aux seules exploitations ayant subi au moins deux prédations dans les quatre derniers mois », l’envoi des louvetiers, bénévoles agréés par l’Etat pour abattre les loups.
« Tous les gens qui inventent des règles et qui ne vivent pas avec des bêtes dans des endroits où il y a l’ours qui redéboule ou le loup, qu’ils aillent y passer deux nuits », a encore lancé le chef de l’Etat, assurant connaître « l’angoisse que ça représente » et fustigeant l’accumulation des règles imposées aux éleveurs.
Une loi envisagée
Le président se fonde notamment sur la récente décision au niveau européen de déclasser le statut du loup, devenu une espèce « protégée » et non plus « strictement protégée ». Cette évolution avait d’ailleurs été dénoncée par des défenseurs de la biodiversité.
« Et donc là, comme ce n’est plus une espèce très protégée, il ne faut pas qu’on attende qu’il se soit installé, que vous ayez fait tous les investissements, pour pouvoir prélever », c’est à dire abattre, des animaux.
La prise de position présidentielle a fait bondir l’association de défense des animaux One Voice, qui a qualifié le chef de l’Etat de « fossoyeur des loups et de tous les animaux sauvages pour mieux flatter les lobbies de l’élevage et de la chasse ».
Fin juin, le gouvernement avait déjà pris un arrêté permettant aux éleveurs bovins et équins d’opérer des tirs de défense contre les loups pour protéger leur troupeau même lorsque celui-ci n’aura pas été déjà attaqué.
La ministre de l’Agriculture Annie Genevard avait notamment indiqué le 28 mai devant le Sénat qu’à la date du 12 mai, « ce sont déjà 759 attaques et 2.617 bêtes prédatées », causant des « préjudices considérables ».
Cette fois, Emmanuel Macron a jugé « vraisemblable qu’il faille une loi » pour parvenir à ses fins, se tournant vers les parlementaires présents lors de sa visite à Roquefort-sur-Soulzon qui, selon lui, « auront des alliés dans beaucoup de départements ».
« Exclure les loups des zones d’élevage n’est pas réaliste et ne relève d’aucun fondement scientifique. Les loups vivent dans de grands territoires qu’il est impossible de diviser », a fait valoir auprès de l’AFP Cédric Marteau, de l’association de défense de l’environnement LPO. « L’enjeu est de poursuivre le travail entrepris avec les éleveurs et de procéder au renforcement des mesures permettant de limiter les interactions avec les troupeaux », a-t-il martelé.
Ces derniers mois, les attaques se sont multipliées, touchant les zones pastorales, mais aussi des zones d’élevages dispersés dans des champs en basse altitude, poussant les éleveurs à réclamer un assouplissement des tirs de défense.
© AFP
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2 commentaires
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Serge Rochain
Dans la pêche aux voix et à l’appel à la sympathie du peuple naïf, comme pour la relance du nucléaire juste avant les électtions de 2022, pour l’battage des loups, Macron est en quête d’une popularité en exploitant le côté sombre et égoiste du bon peuple français.
Il n’y a vraiment rien de pire qu’une politique élitiste s’appuyant dur les partis pour détruire l’idée de démocratie.
Quidamus
Il serait de bon aloi que l’AFP et GoodPlanet arrêtent d’appeler le FNSEA « le premier syndicat agricole », parce que c’est faux. C’est un Fake popularisé par Wikipédia. Le FNSEA n’est pas véritablement un syndicat de l’agriculture, c’est juste du vernis. C’est le syndicat de l’agrochimie et de l’industrie, de la destruction et l’exploitation abusive du vivant. C’est une mafia. Il n’a jamais défendu véritablement l’agriculture, ce n’est même pas un syndicat agricole (alors être le premier, sûrement pas). Arrêtez de lui donner du crédit, parce que le gouvernement manifestement gobe toute ces bêtises.
J’aime l’ironie de l’expression « détruits légalement » pour ne pas dire « meurtre infanticide autorisé par l’Etat ». Le loup étant un animal sentient et donc avec l’intelligence, le système émotionnel et la perception du monde d’un enfant humain de 5-6 ans.
« avec des bêtes dans des endroits où il y a l’ours qui redéboule ou le loup, qu’ils aillent y passer deux nuits ». Ben chiche Jupiter, va passer deux nuits avec la faim qui te tenaille le ventre parce qu’une espèce invasive (l’homme) t’a spolier de ton territoire nourricier qui était ta propriété depuis des millions d’années, avec des barjos égoïstes et territoriaux qui te traque pour te tuer et tuer toute ta famille si t’essaies de la nourrir. Essaies de vivre ça ne serait-ce que 48 h qu’on rigole.
Exclure les loups des zones d’élevage n’est pas réaliste et ne relève d’aucun fondement scientifique. Les loups vivent dans de grands territoires qu’il est impossible de diviser.
« Et donc on a des terres qui redeviennent de la friche, de la broussaille et du coup qu’est ce qui se passe : je vous le parie, dans quatre ans on aura des incendies ». Si c’est c’est pas des propos de junkie je ne sais pas ce que c’est. Bien sûr que le réchauffement climatique va intensifier les incendies, avec sous sans loups, et 80% du temps c’est l’homme qui en est responsable gros débile ! Le loup est un bio-purificateur, il limite les épidémie set pandémies, c’est pour cela qu’on l’a réintroduit. Il faut juste lui laisser de l’espace et de quoi se nourrir. Les premiers à se plaindre d’une perte dans un troupeau c’est aussi les premiers à pratiquer la chasse qui les prive de leur proies habituelles.