Face à l’urgence environnementale, la FAO propose de s’inspirer des systèmes alimentaires des peuples autochtones pour concilier la préservation de la biodiversité et du climat avec une production alimentaire durable.
Les peuples autochtones qui représentent 6,2 % de la population mondiale occupent plus d’un quart de la surface du globe. Leurs terres abritent 80 % de la biodiversité terrestre et presque la moitié des paysages écologiquement intacts. Ces chiffres peuvent s’expliquer par les systèmes alimentaires des peuples autochtones. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les systèmes alimentaires des peuples autochtones peuvent contribuer à relever les défis du changement climatiques et être de parfaits exemples de systèmes alimentaires durables.
Dans un rapport sorti en 2021, En bref : les systèmes alimentaires de peuples autochtones, la FAO affirme que « Les peuples autochtones conservent, protègent et améliorent la biodiversité et les ressources naturelles depuis des milliers d’années ». Quatre ans plus tard, la FAO, à travers l’Action commune de Koronivia pour l’agriculture adoptée en 2017, cherche à « favoriser la bonne intégration des connaissances et des pratiques traditionnelles des peuples autochtones au sein des systèmes de gouvernance internationaux, nationaux et locaux ».
Trouver de quoi se nourrir au sein des écosystèmes
De par leurs connaissances et leur respect de la biodiversité, les systèmes alimentaires autochtones sont résilients. Les Baka, un peuple de chasseurs-cueilleurs du sud-ouest du Cameroun en sont le parfait exemple. Au total, les Baka utilisent 179 espèces pour leur alimentation et plus de 500 espèces de plantes à des fins médicinales, matérielles et spirituelles. Ainsi, leur système alimentaire est à 81 % tributaire de la forêt tropicale humide du bassin du Congo. Ils l’exploitent à travers notamment la chasse, la cueillette, la pêche et l’agriculture itinérante.
Une des forces des systèmes alimentaires autochtones est leur capacité d’adaptation aux variations naturelles et saisonnières. Cette caractéristique pourrait être une inspiration pour faire face au dérèglement climatique. Dans la partie colombienne du bassin amazonien, trois groupes de pêcheurs autochtones ont su s’organiser pour faire face aux variations climatiques. Les Tikuna, les Cocama et les Yagua se sont ainsi organisés en communautés autochtones administratives. Elles conservent des droits de propriété collective sur leurs terres pour s’adapter aux cycles d’inondations qui touchent leur région. La pêche occupe une place de premier rang dans ce système alimentaire, elle est complétée par la cueillette et la chasse dans les terres forestières non-impactées par les inondations.
Des systèmes alimentaires séculaires fragilisés
Mais aujourd’hui, les systèmes alimentaires autochtones se voient menacés par plusieurs facteurs. La première menace de l’homme reste l’homme. Les Mélanésiens du village de Baniata sur l’île de Rendova dans le Pacifique l’ont découvert à leurs dépens. L’exploitation forestière excessive a entraîné une dégradation des ressources naturelles et une consommation accrues d’aliments importés et hautement transformés. L’importation des aliments issus de l’agro-industrie est venue détériorer la santé des Mélanésiens, avec une augmentation des maladies non-transmissibles.
Une autre menace qui pèse sur les systèmes alimentaires autochtones est celle du changement climatique. Les Samis, un peuple autochtones vivant dans l’extrême nord de la Finlande se caractérisent par leur mode de vie traditionnel d’éleveurs itinérants de rennes. Leur quotidien est régi par des transhumances saisonnières vers les pâturages. Ces dernières années, les Samis ont connu des changements dans leur quotidien. La fonte accrue des glaces dans la région arctique modifie considérablement les activités d’élevage.
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