En Asie centrale, les moissons menacées par une forte vague de chaleur printanière, selon une étude

Asie centrale moissons danger changement climatique

Des agriculteurs dans un champ près de Tachkent, le 23 octobre 2021 en Ouzbékistan © AFP/Archives VYACHESLAV OSELEDKO

Almaty (Kazakhstan) (AFP) – Une vague de chaleur intense et inhabituelle a frappé l’Asie centrale en mars, selon une étude publiée vendredi, mettant en péril les moissons et l’accès à l’eau dans une région largement rurale, qui subit déjà les conséquences du réchauffement climatique.

Au cours de ce mois de mars, les températures y étaient supérieures de jusqu’à 10 degrés Celsius par rapport à la moyenne pré-industrielle, selon le World Weather Attribution (WWA), un réseau de référence qui a mené cette recherche.

L’étude a été réalisée dans les cinq pays d’Asie centrale: le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan.

Le changement climatique a intensifié la vague de chaleur d’environ 4 degrés Celsius, a déclaré le WWA dans un communiqué, tout en prévenant que ce chiffre était « probablement sous-estimé ».

« C’est une vague de chaleur qui n’a pas fait les gros titres – elle a eu lieu au printemps et dans une région qui n’est pas vraiment connue pour des vagues de chaleur écrasantes », souligne dans un communiqué Maja Vahlberg, experte du Centre pour le climat de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui a participé à l’étude.

« Nos études sur les vagues de chaleur détectent souvent des changements de 2 à 4 degrés Celsius, donc 10 degrés Celsius, c’est franchement délirant », relève Ben Clarke, chercheur de l’Imperial College de Londres.

« Des températures plus chaudes en mars ont des conséquences sur les récoltes agricoles et l’accès à l’eau en Asie centrale, ainsi que la santé des habitants », explique Friederike Otto, codirectrice du WWA.

La fonte des glaciers est déjà une menace majeure pour cette région aride et enclavée, à des milliers de kilomètres des mers les plus proches.

[À lire aussi Les activités humaines augmentent la fréquence des tempêtes de sable]

Les glaciers y font office de châteaux d’eau cruciaux pour la sécurité alimentaire des Centrasiatiques, alimentant les fleuves notamment durant les mois sans précipitations.

Mais de 14 à 30% des glaciers du Tian-Shan et du Pamir, les deux principaux massifs montagneux centrasiatiques, ont fondu ces 60 dernières années, estime la Banque eurasiatique de développement dans un rapport.

Cette vague de chaleur est arrivée à une saison cruciale pour l’agriculture, lorsque les amandiers, abricotiers et cerisiers fleurissent et que le blé est semé.

Environ la moitié de tous les travailleurs du Tadjikistan et de l’Ouzbékistan sont employés dans le secteur agricole, qui représente un cinquième de l’économie de la région.

[À lire aussi Agriculture: élever plus pour importer moins? Une « fausse route », selon le Réseau action climat]

Au plus chaud, les températures ont pu atteindre 30 degrés Celsius, ce qui est très inhabituel au mois de mars.

L’Asie centrale connaît généralement des hivers extrêmement rigoureux et des étés très chauds.

Selon les climatologues, de telles vagues de chaleur précoces, ne resteront probablement pas une exception dans la région.

« Nous devrions nous attendre à ce que des événements comme celui-ci se produisent souvent », a déclaré Ben Clarke en réponse à une question de l’AFP lors d’une conférence de presse.

© AFP

Un commentaire

Ecrire un commentaire

    • Francis

    Au moment de la floraison des arbres et du démarrage des cultures, il faut mieux trop de chaleur que du gel nocturne. Les récoltes arriveront plus vite que d’habitude, c’est tout.. Cette variabilité de la météo est normale en climat continental.