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Nuits blanches, suspensions et colère pour une fin de COP houleuse

fin de cop difficile

Prise de parole du président de la COP29 Moukhtar Babaïev au terme de la conférence de l'ONU sur le climat, à Bakou, le 23 novembre 2024 © AFP STRINGER

Bakou (AFP) – Ce n’est qu’après trois nuits blanches et d’infinies tractations que le président de la 29e conférence sur le climat de l’ONU a pu, d’un coup de maillet, faire adopter un grand accord sur la finance climatique au milieu de la nuit azerbaïdjanaise.

Mais trop vite pour certains.

Dans le stade olympique de Bakou, qui n’a jamais accueilli de JO, les heures butoirs n’ont cessé d’être dépassées, dans la confusion de négociations coordonnées par l’Azerbaïdjan. Mais soudain, peu avant 03H00 du matin dimanche, l’affable ministre de l’Ecologie du pays, Moukhtar Babaïev, a rapidement fait adopter l’accord, par consensus des 195 membres de l’accord de Paris.

Une partie des délégués s’est levée pour applaudir. D’autres, notamment derrière le pupitre de l’Arabie saoudite, se sont contentés d’observer poliment.

C’est là que les feux d’artifice ont vraiment commencé. Cuba, l’Inde et la Bolivie, même la Suisse et le Chili, ont pris la parole pour des réclamations.

La déléguée indienne a vertement accusé M. Babaïev d’avoir ignoré ses objections et fait adopter l’accord par consensus malgré sa demande, une tactique qui n’est pas inédite dans une COP.

Le montant approuvé, 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 pour les pays en développement, est « dérisoire », a dénoncé Chandni Raina.

« Tout a été orchestré, nous sommes extrêmement, extrêmement déçus de cet incident », a-t-elle lancé, tandis que des militants, au fond de la salle, tapaient sur leurs tables en soutien.

Impassible, le président de la COP29 a répondu: « Merci de votre déclaration ».

« Ils ont eu tort »

Tout le monde n’était pas d’humeur maussade: un certain soulagement d’être parvenu au dénouement était perceptible aux places des pays plus riches.

Pendant une suspension de séance, l’émissaire américain John Podesta, proche du président américain Joe Biden, bavardait tout sourire avec son homologue chinois. Lui-même profitait des pauses de la conférence pour converser avec un responsable saoudien, vu en train de passer un téléphone à d’autres.

L’une des personnalités ayant gagné une certaine notoriété au stade de Bakou pendant ces deux semaines est le négociateur du Panama, Juan Carlos Monterrey Gomez, reconnaissable à son chapeau et à ses critiques sans concession des pays riches.

On savait que la COP29 se dirigerait vers un accord à l’arrivée du Panaméen à la séance nocturne: « Nous commençons à voir la lumière », a-t-il dit à l’AFP.

Finir une COP implique souvent un cocktail de pressions à la fois politiques et… matérielles. La plupart des stands de nourriture ont fermé samedi. Des journalistes ont manqué de papier toilette.

Mais les hôtes azerbaïdjanais avaient pris soin de laisser ouvert toute la nuit un stand de café près de la salle plénière, devenu un havre de réconfort nocturne pour délégués, journalistes et observateurs en manque de sommeil.

Nombre de vols quittent Bakou tôt le matin. Des délégués venus avec leurs valises ont dû partir avant la fin de la conférence. Tout cela au milieu d’ouvriers démontant les installations.

L’Azerbaïdjan a été critiqué par des pays et des ONG pour la gestion de la conférence, pour sa répression des militants pour les droits humains et l’environnement ou pour l’augmentation prévue de sa production de gaz.

Mais après les protestations, après la trentaine d’heures de retard sur la fin prévue de l’événement, après les multiples messages de déception des pays pauvres, M. Babaïev, habituellement plutôt réservé, s’est permis un moment d’autocongratulation, là encore une grande tradition des organisateurs de COP.

« Les gens doutaient que l’Azerbaïdjan puisse réussir. Ils doutaient que tout le monde puisse s’accorder. Ils ont eu tort sur les deux comptes », a-t-il déclaré.

© AFP

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