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La fille d’un écologiste mexicain disparu demande l’aide internationale


Brenda Diaz Valencia arbore une photo de son père Antonio Diaz Valencia et de l'avocat Ricardo Lagunes, tous deux disparus après avoir critiqué les pratiques minières au Mexique, à Washington, aux Etats-Unis, le 3 octobre 2024 © AFP Richard PIERRIN

Washington (AFP) – La vie de Brenda Diaz Valencia a été bouleversée le jour où le véhicule de son père Antonio Diza Valencia et de l’avocat Ricardo Lagunes, deux défenseurs mexicains de l’environnement, a été retrouvé criblé de balles.

Les deux militants luttaient depuis des années contre une mine de fer à ciel ouvert à San Miguel de Aquila, dans le Michoacan, dans le centre du Mexique, dénonçant une catastrophe pour l’environnement et l’absence de compensation adéquate pour la communauté autochtone des Nahuas.

Enseignante de 39 ans, Brenda Diaz Valencia est déterminée à faire bouger la communauté internationale, de Genève à Washington, où elle a notamment rencontré une commission du Congrès américain.

« Je suis ici pour demander de l’aide, découvrir la vérité et pour qu’ils nous soient rendus », explique-t-elle à l’AFP au côté d’Alejandra Gonza, avocate spécialisée dans les droits humains.

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« Je sais que les Etats-Unis peuvent mettre beaucoup de pression sur le gouvernement mexicain pour qu’il fasse tout son possible et les fasse revenir », confie-t-elle.

Avec Ricardo Lagunes, son père était parti en croisade contre l’opérateur de la mine, Ternium, un géant de l’acier domicilié au Luxembourg, présent dans plusieurs pays d’Amérique latine, qui a affiché 17,6 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2023.

Les deux hommes sont portés disparus depuis le 15 janvier 2023, après avoir assisté à une réunion contre la mine.

Dans un communiqué transmis à l’AFP, Ternium dit traiter la situation « avec le plus grand sérieux ». « Nous condamnons toute forme de violence et rejetons catégoriquement toute spéculation ou tentative de diffamation pour essayer de relier Ternium à toute activité illégale », fait savoir l’entreprise.

« Tissu social fracturé »

Ternium « rejette » également toute tentative de « se servir de la violence au Mexique (…) pour associer la compagnie ou ses dirigeants directement ou indirectement à des cas de violence ».

Brenda Diaz Valencia se rappelle des efforts de son père pour protéger les rivières, les forêts et les modes de vie indigènes des Nahuas.

Elle affirme que les eaux de la rivière Aquila ont été détournées pour les besoins de la mine et que de nouvelles routes ont empiété sur la forêt.

« La présence de la mine a aussi fracturé le tissu social », affirme-t-elle, disant que Ternium verse des « royalties » aux habitants qui peuvent ensuite devenir victimes d’extorsion.

Accusant un petit groupe d’habitants d’accaparer les bénéfices avec le blanc-seing de l’entreprise, les disparus, régulièrement menacés, tentaient de renégocier les royalties et de lutter contre la pollution, selon elle.

Dans une lettre adressée à l’ex-président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador un mois avant sa disparition, Antonio Diaz Valencia avait accusé Ternium de collusion avec des groupes armés pour réprimer les Nahuas.

Selon un rapport d’un collectif de journalistes locaux, au moins 93 défenseurs de l’environnement ont disparu au Mexique entre 2006 et 2023.

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« Ouvrir toutes les pistes »

La justice mexicaine a annoncé en avril 2023 l’arrestation de deux hommes en rapport avec la disparition des militants, mettant en cause des différends au sein des Nahuas.

Cette année 2024, les médias mexicains ont rapporté que le parquet estimait que le cartel de la drogue Jalisco Nouvelle Génération était impliqué.

[Lire aussi: « Si tu protestes, tu meurs »: en Equateur, les pêcheurs sous la coupe des narcos]

Mais pour les militants, le gouvernement ne peut continuer de se défausser sur le seul crime organisé, comme Alejandra Gonza, à la tête de l’ONG Global Rights Advocacy qui a lancé une procédure auprès de l’ONU et de la Commission interaméricaine des droits de l’homme.

Pour elle, « il faut au moins ouvrir toutes les pistes d’investigation », soulignant la domination du crime organisé dans la région mais aussi les intérêts considérables des entreprises comme Ternium.

« Ce n’est pas seulement la responsabilité du Mexique de ramener » les disparus, insiste l’avocate, mais aussi celle de nombreux pays riches liés à Ternium, qui pourraient, selon elle, faire pression sur l’entreprise.

Alors que le Mexique a depuis un mois une nouvelle présidente à sa tête, Claudia Sheinbaum, Brenda Diaz Valencia refuse d’abandonner le combat et dit « garder espoir » de revoir son père.

© AFP

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