Véronique Andrieux, directrice générale de WWF France : « protéger ne suffit plus, il faut aussi restaurer »

Véronique Andrieux, directrice générale de WWF France, auteur du rapport Planète Vivante

Véronique Andrieux, directrice générale de WWF France ©WWF France

« Planète Vivante », le rapport biannuel de WWF (Fonds Mondial pour la nature) parait ce jeudi 10 octobre. Il dresse un constat alarmant symptomatique d’une perte du vivant à l’échelle mondiale. Véronique Andrieux, directrice générale de WWF France, est revenue pour nous sur les points importants de ce rapport.

Que retenir de l’édition 2024 du rapport Planète Vivante ?

L’indice Planète Vivante montre qu’il y a un déclin de 73 % des populations de vertébrés sauvages observées en 50 ans, entre 1970 et 2020. Nous observons un maintien des pressions humaines et des causes structurelles qui causent cette perte de biodiversité. Au premier lieu desquels, la conversion d’écosystèmes, le changement d’utilisation des terres pour l’agriculture industrielle.

« Protéger ne suffit plus, il faut aussi restaurer »

Retrouvez l’essentiel de l’interview en vidéo

Quelles sont les solutions face à cette érosion du vivant ?

Il faut une transition du système alimentaire, moins de protéines animales, plus de protéines végétales, une transition vers l’agroécologie. Et aussi, protéger plus et mieux. Parce que protéger ne suffit plus, il faut aussi restaurer.

« Il faut une transition du système alimentaire, moins de protéines animales, plus de protéines végétales »

[Lire aussi La diminution des populations d’animaux sauvages se poursuit, selon le dernier rapport Planète Vivante du WWF]

Et quand on regarde les causes de la disparition des espèces sauvages, on se rend compte que souvent, ce sont des dommages collatéraux d’activités humaines. Est-ce que ça ne complexifie pas la protection, puisqu’il existe des liens parfois indirects et complexes entre les activités humaines et le vivant ?

Parfois, le lien n’est pas si indirect. Par exemple, une des principales causes de déclin de la tortue luth, qui a perdu 95 % de ses populations en 20 ans, est sa capture accidentelle. Nous travaillons depuis plus de 10 ans avec le comité des pêches pour intégrer des dispositifs dans les bateaux de pêche qui permettent justement d’évacuer les tortues luth afin qu’elles ne se retrouvent pas prises entre les filets.

[Lire aussi:  Les dangers qui menacent la survie des tortues luth en Guyane]

Dans d’autres cas, effectivement, la cause de la disparition du vivant est la fragmentation des milieux. Par exemple, si on pense aux lynx, c’est tout ce qui fragmente leur habitat naturel, comme les autoroutes ou les voies ferrées. Les accidents et collisions avec les voitures sont aussi des causes directes de perte du lynx. Si on prend les éléphants de forêt au bassin du Congo, il s’agit de braconnage pour l’ivoire. Donc dans ces cas-là, effectivement, il faut une gestion efficace en désert protégé.

Quelles sont les menaces identifiées par le rapport Planète vivante, concernant le changement d’affectation des sols en particulier ?

L’une d’elles est le modèle agricole industriel, qui vise à une « commoditisation » de l’agriculture. Des cultures comme le soja, l’huile de palme, l’élevage du bœuf, impliquent une déforestation très importante. 

Le rapport mentionne un point de bascule en Amazonie, où la menace est la déforestation combinée au changement climatique. On voit que la baisse d’évapotranspiration des arbres agit sur le cycle des pluies. Moins de pluie signifie une hausse des températures, donc plus de sécheresse et plus de feu. C’est un cercle vicieux qui s’auto-alimente. La surface de la forêt amazonienne continue de diminuer, à tel point qu’en se rapprochant dangereusement du seuil de 20 à 25% de superficie forestière en moins, on risque d’atteindre un point de bascule de l’écosystème.

« Un cercle vicieux qui s’auto-alimente »

[Lire aussi: Déclin de la biodiversité : alerte sur les points de bascule des écosystèmes]

Avez-vous un dernier mot ?

Engagez-vous. Engagez-vous aux côtés d’organisations comme le WWF pour continuer de préserver le vivant. Nous agissons sur le terrain, au plus près des populations, ici et ailleurs, pour freiner l’érosion de la biodiversité.

Propos recueillis par Audrey Bonn et Julien Leprovost

Article édité le 30 octobre à 16h pour y intégrer la version vidéo de l’entretien

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Pour aller plus loin

Le rapport Planète Vivante 2024 sur le site Internet du WWF France

Explique-moi…L’alimentation durable – sur le site Internet de la Fondation GoodPlanet

BON, le premier livre de sensibilisation à l’alimentation durable de la Fondation GoodPlanet – Fondation GoodPlanet

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Un commentaire

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    • Guy J.J.P. Lafond

    Très bon état des lieux. Merci une autre fois de lancer les alertes requises.
    Faisons circuler ce papier afin qu’il arrive jusqu’à des chefs d’États qui n’en ont toujours que pour la guerre. Si ceux-ci refusent de changer, il devraient alors céder leur place à d’autres plus intelligent(e)s pour relever sans plus tarder les défis les plus importants de notre si fragile planète bleue, la Terre.
    Faisons tout en notre pouvoir pour protéger l’avenir des enfants.
    Action!
    Guy J.J.P. Lafond (VELO) – in
    Bénévole pour ONU-Biodiversité en attendant de retourner à mon poste au sein de la fonction publique fédérale du Canada.