Teresa Ribera, l’experte du climat qui souhaite « verdir » la Commission européenne

Teresa Ribera

La ministre espagnole de l'Énergie, Teresa Ribera Rodriguez, lors d'une interview à Madrid le 19 octobre 2022 © AFP/Archives OSCAR DEL POZO

Madrid – Fortement pressentie pour un poste de commissaire européenne, la ministre espagnole de l’Ecologie Teresa Ribera s’est imposée ces dernières années comme une figure politique incontournable en Espagne et en Europe, grâce à son expertise environnementale et ses qualités de négociatrice.

A 55 ans, Teresa Ribera est une proche du Premier ministre Pedro Sánchez, qui s’est félicité qu’elle apporte « une approche socialiste » à la nouvelle Commission européenne d’Ursula von der Leyen, actuellement en cours de constitution.

Elle devrait hériter de l’un des principaux portefeuilles de cette nouvelle équipe, certains évoquant la concurrence ou la transformation économique. Avec, à la clé, l’ambition affichée d’accélérer la mise en œuvre du « Pacte vert » européen, objet d’un intense bras de fer au sein de l’Union européenne.

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Le but de Teresa Ribera, en cas de nomination, sera de « connecter le Pacte vert et la compétitivité », insiste son entourage, qui voit dans la transition écologique « le meilleur moyen de rendre l’industrie et le tissu productif de l’UE compétitifs ».

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Un objectif qui implique de la pédagogie. Cela passe par « plus de pragmatisme », pour « expliquer que les coûts » de l’inaction « seront à terme plus élevés », a assuré récemment au Financial Times cette ardente défenseure des énergies renouvelables, qui parle couramment l’anglais et le français.

Flair politique

Née le 19 mai 1969 d’une mère essayiste et philosophe et d’un père professeur de médecine, Teresa Ribera a grandi dans une commune huppée de la banlieue de Madrid avec ses quatre sœurs. Elle est mariée à un juriste argentin, Mariano Bacigalupo, ancien cadre de la CNMC, le gendarme de la concurrence espagnol.

Passée par l’université Complutense de Madrid et diplômée en droit et en sciences politiques, cette fan de randonnées et de lecture a débuté sa carrière dans les années 1990 au ministère des Travaux publics et des Transports, puis au Bureau espagnol du changement climatique.

Secrétaire d’Etat au changement climatique lors du second mandat du Premier ministre socialiste José Luis Zapatero (2008-2011), elle part s’installer en 2013 à Paris, où elle dirige l’Institut du Développement durable et des Relations internationales (Iddri), un « think tank » créé par la Française Laurence Tubiana.

Dans ce cadre, elle participe aux discussions sur l’Accord de Paris (2015) et intègre de nombreux conseils scientifiques, notamment liés aux Nations unies. Une expertise qui pousse Pedro Sánchez à la nommer ministre de la Transition écologique lors de son arrivée au pouvoir en 2018.

Dotée d’un bon flair politique et à l’aise dans les médias, cette mère de deux filles s’est depuis imposée comme un pilier du gouvernement de gauche espagnol et comme une interlocutrice appréciée à Bruxelles – où son profil antinucléaire crispe cependant parfois certains partenaires, selon une source diplomatique.

Pugnacité

« C’est une personne de dialogue, qui écoute et sait se montrer ouverte à certaines propositions », salue auprès de l’AFP la directrice de Greenpeace Espagne, Eva Saldaña: « Elle maîtrise bien ses dossiers » et a permis « des avancées importantes » sur plusieurs sujets.

A Bruxelles, elle a joué un rôle clé pour faire aboutir l’an dernier une délicate réforme du marché de l’électricité. En Espagne, elle a favorisé l’essor de l’hydrogène vert, interdit la chasse au loup et mis en place un plan pour sauver la Mer mineure, lagune salée menacée par les nitrates agricoles.

Une action parfois critiquée, notamment par les agriculteurs. « Ses décisions ont été marquées par un parti pris anti-agriculteurs, ce qui soulève des doutes quant au rôle qu’elle peut jouer à Bruxelles », a ainsi lancé dans un communiqué le syndicat Asaja, dénonçant son « inflexibilité ».

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Pugnace, Teresa Ribera n’a pas hésité ces dernières années à s’opposer aux grands patrons du secteur énergétique, comme Ignacio Sánchez Galán (Iberdrola) et Josu Jon Imaz (Repsol). Elle est aussi montée au créneau… contre Ursula Von der Leyen, jugée trop timorée sur le plan environnemental.

De quoi augurer des relations délicates au sein du futur exécutif européen. « Elle va se retrouver confrontée à une arithmétique très complexe », juge Eva Saldaña. « Espérons qu’elle aura le courage de se battre pour faire avancer » les questions écologiques.

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© AFP

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