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Les cerisiers de Washington, en fleur de plus en plus tôt, et les pieds dans l’eau

capitole cerisier

Le Capitole vu à travers les branches d'un cerisiers en fleur, le 19 mars 2024 à Washington © AFP Mandel NGAN

Washington (AFP) – C’est l’un des événements emblématiques de Washington : la floraison des cerisiers, autour des monuments célèbres de la capitale américaine, attire chaque année plus d’un million de personnes.

Mais les visiteurs doivent désormais se tenir prêts dès la mi-mars : à cause du réchauffement des températures, le pic de floraison arrive en moyenne six jours plus tôt qu’il y a un siècle.

Cette année, après que les Etats-Unis ont vécu leur hiver le plus chaud jamais enregistré, ce pic a eu lieu le 17 mars, une date seulement battue une fois par le passé, en 1990.

« C’est un exemple concret de l’impact du changement climatique sur la capitale », explique à l’AFP Mike Litterst, responsable de la communication au sein du National Park Service (NPS).

Autre conséquence : des cerisiers bordant le fameux bassin Tidal, lieu de prédilection où les admirer, se retrouvent régulièrement les pieds dans l’eau.

Le coupable est, en partie, la montée du niveau de la mer, qui se répercute jusqu’ici via le fleuve Potomac.

L’agence fédérale a par conséquent prévu de commencer, à la fin du printemps, de gros travaux de restauration des digues.

Résultat: 158 cerisiers (et 300 arbres au total) devront être coupés, a annoncé le NPS, provoquant la tristesse des habitants.

La décision n’a pas été prise « à la légère », assure Mike Litterst, soulignant que 455 arbres (dont plus de 270 cerisiers) seraient par la suite replantés. « Laisser les choses comme elles sont n’est pas une option, car au bout du compte, il n’y aurait plus de cerisiers du tout. »

Conséquences « sérieuses »

Les cerisiers ont été offerts par le Japon en signe d’amitié en 1912. Le « National Mall », immense esplanade verte au centre de Washington, en compte aujourd’hui quelque 3.700.

Autour du bassin en question, il s’agit de cerisiers Yoshino, aux délicates fleurs rose pâle, que les foules se pressent pour photographier.

Cette année le cycle de floraison a été plus court que jamais: de l’apparition des bourgeons à leur éclosion, il ne s’est écoulé que 15 jours, contre 26 en moyenne.

Il faut dire que la semaine passée, les températures ont atteint plus de 20°C cinq jours d’affilée.

Outre une réorganisation de l’agenda des touristes, ces floraisons précoces peuvent surtout avoir des conséquences « très sérieuses » sur les insectes pollinisateurs, selon Mike Litterst.

« Que se passera-t-il si nous en arrivons à un point où la floraison a lieu si tôt, qu’aucun pollinisateur n’est là? », demande-t-il.

Boutures du « laideron »

Mais ce qui a surtout frappé Mike Litterst, qui vit sa dixième saison de floraison, c’est la montée des eaux.

« Cela a été étonnant à observer, voire un peu effrayant », confie-t-il. Alors que certaines zones pouvaient se trouver inondées une fois par mois il y a 10 ans, elles le sont aujourd’hui toutes les semaines, voire tous les jours, raconte-t-il.

Les digues, mal construites, se sont enfoncées d’environ 1,5 mètre depuis leur construction il y a plus d’un siècle, dit-il, tandis que le niveau de l’eau est monté de quelque 30 centimètres.

Le montant des travaux, qui dureront trois ans, s’élève à 113 millions de dollars. A l’avenir, les nouvelles digues pourront être encore surélevées pour s’adapter à une montée des eaux supplémentaire.

« C’est si triste et dur de voir à quel point le changement climatique a un impact sur nous, avec cette floraison précoce et la façon dont on voit la mer commencer à grignoter la ville », dit à l’AFP Caitlin Cotter Coillberg, pasteure en banlieue de Washington. « J’ai hâte de revoir ce lieu une fois restauré. »

Si la nouvelle des travaux a fait le tour de la capitale, c’est aussi car l’un des arbres bientôt coupé n’est autre que « Stumpy » — que l’on pourrait traduire par « le laideron » — surnommé ainsi à cause de son apparence disgracieuse.

Malgré son tronc creux paraissant presque mort, ses rares branches fleurissent toujours, un apparent miracle lui valant l’affection des habitants.

Les autres arbres retirés seront transformés en compost. Pour « Stumpy », des boutures seront prélevées, pour faire pousser de nouveaux arbres ayant son ADN — mais pas forcément sa silhouette maigrelette.

Ils seront replantés sur le « Mall », une fois les travaux finis.

© AFP

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