2024 pourrait à son tour être l’année la plus chaude de l’histoire

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La secrétaire générale de l'OMM Celeste Saulo et le chef de la surveillance du climat de l'OMM, Omar Baddour, à Genève le 19 mars 2024 © AFP Fabrice COFFRINI

Genève (AFP) – Il y a une « probabilité élevée » que 2024 affiche à son tour des températures inégalées, alors que l’année écoulée vient conclure une décennie de chaleur record, poussant la planète « au bord du gouffre », a alerté l’ONU mardi.

Un nouveau rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), une agence de l’ONU, montre que des records ont été battus l’an dernier, voire dans certains cas « pulvérisés », s’agissant des niveaux de gaz à effet de serre, des températures de surface, du contenu thermique (l’énergie absorbée et stockée) et de l’acidification des océans, de l’élévation du niveau de la mer, de l’étendue de la banquise antarctique et du recul des glaciers.

« Nous ne pouvons pas le dire avec certitude » mais « je dirais qu’il y a une probabilité élevée que 2024 batte à nouveau le record de 2023 », a déclaré Omar Baddour, de l’OMM, en conférence de presse.

La planète est « au bord du gouffre » alors que « la pollution par les combustibles fossiles provoque un chaos climatique sans précédent », a alerté le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres dans un message vidéo, tout en estimant qu' »il est encore temps de lancer une bouée de sauvetage aux populations et à la planète ».

Le rapport confirme que 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, avec une température moyenne à la surface du globe de 1,45°C au-dessus du niveau de référence de l’ère préindustrielle.

« Chaque fraction de degré de réchauffement climatique a un impact sur l’avenir de la vie sur Terre », a prévenu le chef de l’ONU.

« Alerte rouge »

« La crise climatique est LE défi déterminant auquel l’humanité est confrontée et elle est inextricablement mêlée à la crise des inégalités, comme en témoignent l’insécurité alimentaire croissante, les déplacements de population et la perte de biodiversité », a renchéri la secrétaire générale de l’OMM, Celeste Saulo.

Les vagues de chaleur, les inondations, les sécheresses, les feux incontrôlés et l’intensification rapide des cyclones tropicaux sèment « la misère et le chaos », bouleversant la vie quotidienne de millions de personnes et infligeant des pertes économiques de plusieurs milliards de dollars, alerte l’OMM.

Il s’agit par ailleurs de la décennie (2014-2023) la plus chaude jamais observée, dépassant la moyenne 1850‑1900 de 1,20°C.

La hausse de la température mondiale sur le long terme est due à l’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, qui ont atteint des niveaux record en 2022.

L’arrivée du phénomène El Niño au milieu de l’année 2023 a également contribué à la montée rapide des températures, selon l’OMM.

Selon Mme Saulo, « jamais nous n’avons été aussi proches – bien que temporairement pour le moment – de la limite inférieure fixée à 1,5 °C dans l’Accord de Paris sur les changements climatiques ».

« La communauté météorologique mondiale met en garde le monde entier et tire la sonnette d’alarme : nous sommes en alerte rouge », a-t-elle assuré.

Océans et glaciers

L’an dernier, près d’un tiers de l’ensemble des océans dans le monde étaient sous l’emprise d’une vague de chaleur marine. À la fin de 2023, plus de 90% des océans de la planète avaient connu des vagues de chaleur à un moment ou à un autre de l’année, selon l’OMM.

L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des vagues de chaleur marines entraîne de profondes répercussions négatives sur les écosystèmes marins et les récifs coralliens.

Par ailleurs le niveau moyen de la mer à l’échelle du globe a atteint un niveau record en 2023, ce qui traduit la poursuite du réchauffement des océans (expansion thermique) ainsi que la fonte des glaciers et des nappes glaciaires.

Signe inquiétant, le taux d’élévation de ce niveau moyen au cours de la dernière décennie (2014-2023) est plus de deux fois supérieur à celui de la première décennie de l’ère satellitaire (1993-2002).

Les glaciers de référence à travers la planète ont subi le recul le plus important jamais enregistré depuis 1950, après une fonte extrême dans l’ouest de l’Amérique du Nord et en Europe, selon des données préliminaires.

Il y a cependant « une lueur d’espoir », selon l’OMM : les capacités de production d’énergie renouvelable en 2023 ont augmenté de près de 50% sur un an, le taux le plus élevé observé au cours des deux dernières décennies.

© AFP

6 commentaires

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    • Xavier74

    Bien triste de voir autant la planète se dégradé. Il y a tellement à faire que les politiques ne sont pas totalement à la hauteur des enjeux . Personnellement je fais le mieux à mon niveau car les mentalités doivent aussi être individuellement fortes et changeantes

    • Jean-Pierre Bardinet

    « la pollution par les combustibles fossiles provoque un chaos climatique sans précédent »
    Combien de fois faudra-t-il rappeler que le CO2 n’est pas un polluant, mais indispensable à la photosynthèse, donc à la Vie sur Terre ? Ceux qui veulent le faire croire, comme le SG du Grand Machin, sont des abrutis.

      • Louise Chevallier

      Le dioxyde de carbone n’est pas un polluant en tant que tel mais son accumulation excessive dans l’atmosphère et les autres réservoirs naturels comme l’océan est à l’origine du réchauffement planétaire.
      Ce qui est indispensable à la Vie sur Terre, telle qu’on la connaît, est donc de diminuer jusqu’à stopper nos émissions de CO2 afin de restaurer le cycle du carbone qui est actuellement déséquilibré.

      Cordialement,
      La Rédaction

    • Jean-Pierre Bardinet

    Vous êtes incohérent. Dans le titre, vous mettez « 2024 pourrait à son tour être l’année la plus chaude de l’histoire », ce qui est évidemment totalement faux, et dans l’article : « 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée », donc depuis 1850, ce qui est exact.

    • Jean-Pierre Bardinet

    L’idéologie anti-CO2 anthropique est absurde et destructrice. Il suffit de voir quels sont les chiffres en tonnes de CO2, pour le stock atmosphérique et le le flux anthopique. Le stock de CO2 atmosphérique est de 3200 Gt. Le flux annuel des émissions anthropiques est de 34 Gt, dont 16 Gt vont contribuer à augmenter le stock de 1/200 par an, dont 1/2000 pour l’UE et 1/20 000 pour la France. Le Green Deal de la Commission européenne n’aura donc aucun effet significatif sur le stock de CO2. Conclusion: Réduire nos émissions de CO2, ce qui va détruire l’économie de l’Europe et réduire le pouvoir d’achat des ménages, est une idéologie idiote, anti-scientifique, que nous ne devons certainement plus suivre.

    • Jean-Pierre Bardinet

    De l’art de déformer le réel. « les capacités de production d’énergie renouvelable en 2023 ont augmenté de près de 50% sur un an, le taux le plus élevé observé au cours des deux dernières décennies. » Peut-être, mais il ne faut pas confondre « capacités de production » avec « production réelle ». En effet les facteurs de charge de l’éolien et du solaire sont très faibles : 22% pour l’éolien et 14% pour le solaire. Par ailleurs, il faut être conscient des ordres de grandeur. 83% de l’énergie primaire consommée dans le monde est d’origine fossile, la part des EnR intermittentes n’étant que de quelques pourcents. Il est donc absurde de penser que l’on peut réduire l’usage des combustibles fossiles, d’autant qu’énormément de produits très utiles sont fournis à partir de la pétrochimie et il n’y pas de solutions de remplacement en qualité comme en quantité. Et, comme les PED et les pays pauvres ont besoin de beaucoup de combustibles fossiles pour se développer, notamment du charbon pour disposer d’une électricité pilotable, abondante et bon marché, et qu’ils ont bien compris que les EnR intermittentes et onéreuses sont quasiment inutiles, la demande va continuer à augmenter, malgré les réductions d’émissions des pays occidentaux qui, asservis à l’idéologie anti-CO2, sont en train de se tirer une balle dans le pied.