Des communautés du nord du Canada coupées du reste du monde à cause d’un hiver trop doux

canada

De la neige fond d'un toit à Sainte-Anne-de-la-Perade, au Quebec, le 27 janvier 2024 © AFP Anne-Sophie THILL

Montréal (AFP) – « Nous sommes très inquiets! La route d’hiver, c’est notre seul accès »: plusieurs communautés du nord canadien ont déclaré l’état d’urgence ces derniers jours en raison de la fonte des routes de glace à cause d’un hiver trop doux.

Indispensables à la survie des populations dispersées du Grand Nord canadien, ces routes éphémères – plus de 8.000 kilomètres dans le pays – sont des liens essentiels à l’activité sociale et économique.

Faites de neige et glace compactées sur le sol gelé, les lacs et les rivières, elles permettent aux camions de rejoindre normalement entre décembre et avril des secteurs qui sont inaccessibles le reste de l’année. Mais elles sont de moins en moins praticables avec le réchauffement climatique.

« Si vous vous aventurez sur la route d’hiver, vous verrez des trous, de la roche et parfois un peu de terre et de neige », décrit vendredi à l’AFP Victor Walker, résident de Saint Theresa Point, petite localité située à 600 kilomètres au nord de Winnipeg, dans le centre du pays.

Cette communauté autochtone de 5.000 âmes ne compte aucune route asphaltée la reliant au reste du Canada. Le transport de biens s’y effectue par avion ou par ces routes de glace.

Mais « cet hiver, il a plu et fait plus chaud », explique le chef de la communauté, Raymond Flett. La route d’hiver a donc commencé à fondre et « nous manquons maintenant de provisions et de carburant », poursuit Victor Walker.

Comme des dizaines d’autres communautés dans les régions du Manitoba et de l’Ontario, Saint Theresa Point a décrété l’état d’urgence, sollicitant l’aide financière des gouvernements pour transporter denrées, carburant et matériel par voie aérienne.

« A cause des conditions météorologiques, les routes ne sont pas adaptées aux poids lourds. Donc nous avons besoin d’une aide d’urgence », explique à l’AFP Cathy Merrick, la grande cheffe de l’Assemblée des chefs autochtones du Manitoba.

Ensuite, il faudra « penser aux solutions à plus long terme » face au réchauffement climatique, ajoute-t-elle.

Vendredi, au sud du pays, la ville de Toronto a battu un record de chaleur avec une température de 14,4°C.

Le mois de janvier 2024 n’a jamais été aussi chaud à l’échelle planétaire et, pour la première fois, la planète a dépassé sur 12 mois consécutifs la barre de 1,5°C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle, selon les données de l’observatoire européen Copernicus.

A l’échelle du Canada, les températures hivernales ont été plus douces, et se situaient en moyenne 4 degrés Celsius au-dessus des normales de saison, selon le ministère de l’Environnement.

© AFP

Ecrire un commentaire