Paris (AFP) – Malgré un épisode de froid et de neige, le mois de janvier 2024 devrait être supérieur d’environ 0,6°C aux températures normales de saison, marquant une série de 24 mois consécutifs sans passer sous les normales, selon Météo-France.
« Depuis février 2022, tous les mois ont été au-dessus des normales, excepté avril 2023 », qui était pour sa part tout juste conforme aux normales des années 1991-2020, indique jeudi l’établissement public dans son bilan mensuel pour la France métropolitaine.
Cette série de 24 mois est d’autant plus notable que les normales de saison sont établies sur les températures moyennes des trois précédentes décennies, pourtant déjà plus chaudes que le climat de l’ère pré-industrielle.
Elle illustre le changement progressif de notre perception d’une météo habituelle.
Le pays a certes connu un épisode hivernal marqué du 7 au 14 janvier, avec des chutes de neige et des records de froid par endroits (par exemple -14,7 °C à Arras le 19 janvier).
Cet épisode, non exceptionnel mais de plus en plus rare, a compliqué les déplacements sur des routes verglacées, obligeant parfois les élèves à rester chez eux faute de ramassage scolaire.
Mais « à partir du 22 janvier, une douceur remarquable s’est installée sur la France, jusqu’à la fin du mois, avec des températures printanières sur le sud du pays et notamment autour de la Méditerranée ou près des Pyrénées où de nombreux records ont été enregistrés », rappelle Météo-France.
Si bien que janvier devrait au final se terminer au-dessus des normales de saison « avec +0,6°C environ », selon les données préliminaires.
Cette douceur au mois de janvier, qui marque normalement le cœur de l’hiver, se remarque en altitude.
A l’observatoire du Pic du Midi, à 2.880 mètres d’altitude dans les Hautes-Pyrénées, « on a enregistré une série inédite de 6 jours consécutifs sans gelées du 24 au 29 janvier », souligne ainsi Météo-France dans un autre bulletin, publié mercredi. Auparavant, les séquences sans températures relevées en-dessous de zéro degré en janvier n’avaient jamais dépassé trois jours d’affilée.
« Sécheresse … et inondations »
« Cette séquence douce va se prolonger durant la première partie de février, probablement jusqu’en milieu de mois, acquérant ainsi probablement un caractère remarquable par sa durée à l’échelle du pays », prévenaient les prévisionnistes.
Cette douceur prolongée devrait entraîner des floraisons prématurées d’une partie de la végétation, faisant peser la menace de lourdes pertes agricoles en cas de gel marqué ces prochains mois.
« Cette recrudescence de températures printanières en plein cœur de l’hiver est une illustration du changement climatique », a souligné Météo-France auprès de l’AFP.
Les climatologues ont établi que les vagues de froid sont moins nombreuses et moins sévères dans notre climat qui se réchauffe sous l’effet de la combustion massive des énergies fossiles.
Les vagues de chaleur sont pour leur part plus fréquentes et plus sévères, mais aussi plus précoces et plus tardives.
L’année 2023 a été la plus chaude dans le monde et la deuxième plus chaude en France après 2022.
Autre phénomène remarquable en janvier: les pluies devraient se situer près de 20% inférieures aux normales, avec des situations très contrastées selon les régions.
Le Nord Pas-de-Calais a ainsi connu de nouvelles inondations en début de mois, certains habitants se retrouvant à nouveau les pieds dans l’eau alors que plusieurs épisodes se sont succédé depuis novembre.
Mais, à l’autre bout du pays, sur le littoral méditerranéen, la douceur a à l’inverse aggravé la sécheresse des sols déjà présente, tout particulièrement en Roussillon.
« La sécheresse des sols a atteint de nouveau des niveaux historiques dans les Pyrénées-Orientales », remarque Météo-France.
Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), qui se penche pour sa part sur les nappes souterraines, a aussi alerté récemment sur les risques pour ce département à l’activité agricole et touristique importante, qui a subi de nombreuses restrictions d’usages de l’eau l’an dernier en raison de la sécheresse.
De l’autre côté des Pyrénées, Barcelone et sa périphérie ont été placées jeudi en état « d’urgence » sécheresse et vont être confrontées à de nouvelles restrictions d’eau.
© AFP
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