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Les concessions de Paris et Bruxelles encore insuffisantes pour les agriculteurs

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Des agriculteurs en tracteur font face à des fourgons et véhicules blindés de la gendarmerie sur l'autoroute A1 près de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, au nord-ouest de Paris, le 31 janvier 2024 © AFP JULIEN DE ROSA

Paris (AFP) – Les agriculteurs maintiennent la pression mercredi sur les autoroutes et autour de Rungis, les aides dégagées par le gouvernement français et les concessions de la Commission européenne, sur les jachères et les importations ukrainiennes, ne semblant pas trouver grâce à leurs yeux.

En plus des fonds d’urgence déjà annoncés pour les éleveurs bovins, la bio, les exploitants touchés par la tempête Ciaran, les viticulteurs en difficultés vont recevoir 80 millions d’euros d’aide à la trésorerie, a annoncé le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau.

A Bruxelles, la Commission européenne a présenté deux concessions portant sur des revendications majeures des agriculteurs mobilisés en Europe, sur les jachères et les importations ukrainiennes.

Insuffisant aux yeux de l’organisation des syndicats agricoles majoritaires dans l’UE, Copa-Cogeca.

La dérogation partielle sur l’obligation de jachères intervient « tardivement » dans le calendrier agricole et reste « limitée« , a-t-elle réagi.

Et les mesures prises pour limiter toute hausse incontrôlable des importations agricoles ukrainiennes, qui ont bondi après les exemptions de droits de douane accordées depuis le printemps 2022 pour soutenir le pays en guerre, sont « insuffisantes » pour les produits concernés (volaille, œufs et sucre), estime Copa-Cogeca. Il est par ailleurs « inacceptable » que les céréales et oléagineux soient exclus de ces mesures, ajoute l’organisation.

« L’attente est énorme » parmi les agriculteurs qui manifestent en France, a souligné le patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau, devant les sénateurs. « Elle peut être même au-delà de ce qu’on imagine, avec évidemment (…) des sujets qui ne se règlent pas en trois jours. Donc j’essaie d’appeler au calme et à la raison« .

Plus de 80 blocages

Mais si le gouvernement n’apporte pas de réponses « en profondeur« , le Salon de l’agriculture fin février ne sera pas « une visite de santé » pour les responsables politiques, a prévenu M. Rousseau.

Marc Fesneau est mercredi après-midi à Bruxelles, avant le président de la République Emmanuel Macron jeudi, pour évoquer les revendications des agriculteurs alors que la grogne s’intensifie en Europe.

Le ministre espagnol de l’Agriculture a annoncé qu’il recevrait en urgence vendredi les principaux syndicats agricoles du pays tandis que la principale confédération syndicale agricole italienne, Coldiretti, prévoit de se rendre jeudi à Bruxelles avec environ un millier d’agriculteurs de la péninsule pour dénoncer « les folies qui menacent l’agriculture« .

Dans l’immédiat en France, les forces de l’ordre ont commencé à s’opposer à certaines actions : 18 personnes qui tentaient de bloquer Rungis, au sud de Paris, ont été interpellées dans la matinée. Quinze sont en garde à vue, selon le parquet de Créteil.

Le tentaculaire marché de gros qui alimente Paris est la destination annoncée d’un convoi d’agriculteurs en colère partis du Sud-Ouest à l’appel de la Coordination rurale, mais les forces de l’ordre bloquent leur avancée dans le Loiret, à environ 170 km de Rungis. Sauf pour une trentaine de tracteurs qui ont forcé le passage, selon la gendarmerie.

Des renforts de véhicules blindés « Centaure » leur bloquent la route dans le Loiret et l’Essonne, selon l’entourage du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Au total, en France, il y avait mercredi à la mi-journée plus de 80 blocages, 4.500 engins et 6.000 manifestants, selon une source policière à l’AFP.

Signe d’intenses tractations en coulisses, le Premier ministre Gabriel Attal a reçu mercredi des responsables de la Coordination rurale et de la Confédération paysanne (les 2e et 3e syndicats agricoles) après de longs entretiens lundi et mardi avec la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA).

« Mesures de soutien« 

Sur le terrain, les agriculteurs restent motivés.

En Ile-de-France, huit autoroutes sont entravées par des barrages et fermetures partielles, selon le site de suivi du trafic Sytadin. Cela n’empêche pas d’arriver à Paris mais force à des détours.

Autour de Lyon, le but des agriculteurs est d’encercler la troisième ville de France en coupant toutes les autoroutes y menant.

Plusieurs grands axes de circulation en régions (notamment autour d’Orange, Nîmes, Arles, Aix-en-Provence, Grenoble ou Nantes) sont touchés par des barrages filtrants, blocages ou manifestations.

Les transporteurs, par la voie de l’Union des entreprises de transport et de logistique de France (Union TLF), ont demandé mercredi des « mesures de soutien à très court terme » pour les entreprises qui « subissent des blocages inacceptables de leur activité« .

« Sans vraiment des prises de décisions fortes (…), il y a des chances qu’on soit de nouveau ici présents ou sur un autre point la semaine prochaine, au moins un jour par semaine, à bloquer des axes très importants« , a prévenu depuis un blocage en Gironde, Samuel Allix, producteur de pommes de terre.

© AFP

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