Record de concentrations des gaz à effet de serre en 2022

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Quatre personnes marchent près de Pristina au moment où la capitale du Kosovo connaît un fort taux de pollution, le 9 janvier 2022 © AFP/Archives Armend NIMANI

Genève (AFP) – Les concentrations de gaz à effet de serre, responsable du changement climatique, ont battu des records en 2022, une tendance qui n’est pas près de s’inverser, a alerté l’ONU mercredi, appelant à réduire d’urgence la consommation de combustibles fossiles.

Pour la première fois, en 2022, les concentrations moyennes mondiales de dioxyde de carbone (CO2), le gaz à effet de serre le plus important, ont dépassé de 50% les valeurs préindustrielles.

Elles ont continué à augmenter cette année, d’après le Bulletin des gaz à effet de serre de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), publié à deux semaines de la plus importante COP depuis l’accord de Paris, qui se tiendra du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï.

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Les concentrations de méthane (CH4) et les niveaux de protoxyde d’azote (N2O) ont également battu des records l’an dernier, enregistrant leur plus forte progression annuelle jamais observée.

« Malgré des décennies d’avertissements de la part de la communauté scientifique, la publication de milliers de pages de rapports et l’organisation de dizaines de conférences sur le climat, nous continuons à aller dans la mauvaise direction », a commenté le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas, dans un communiqué.

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L’objectif de l’accord de Paris de 2015 consiste à limiter le réchauffement de la planète « bien en deçà » de 2 degrés Celsius depuis l’époque préindustrielle (1850-1900), et de 1,5 degré si possible.

Selon un précédent rapport de l’ONU, la température moyenne de la planète en 2022 était supérieure de 1,15°C à celle de l’époque préindustrielle.

« Le niveau actuel des concentrations de gaz à effet de serre nous conduit vers une augmentation des températures bien supérieure aux objectifs de l’Accord de Paris d’ici à la fin du siècle », a averti M. Taalas.

Le chef de l’OMM dresse un sinistre tableau de l’état à venir de la planète: « Les conditions météorologiques deviendront plus extrêmes: chaleur intense et fortes précipitations, fonte des glaces, élévation du niveau de la mer et réchauffement et acidification des océans », et « nous assisterons à une flambée des coûts socio-économiques et environnementaux ».

Pas de baguette magique pour réduire les concentrations de CO2

En 2022, la concentration dans l’atmosphère en dioxyde de carbone s’élevait à 417,9 parties par million (ppm), celle de méthane à 1.923 parties par milliard (ppb) et celle de protoxyde d’azote à 335,8 ppb, soit une progression de 150%, 264% et 124%, respectivement, par rapport à l’année 1750.

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Le dioxyde de carbone, responsable d’environ 64% de l’effet de réchauffement du climat, provient principalement de la combustion de matières fossiles et de la production de ciment, indique l’OMM.

Tant que les émissions se poursuivront, le CO2 continuera à s’accumuler dans l’atmosphère et à générer une hausse de la température mondiale. Etant donné la durée de vie du CO2, le réchauffement déjà observé persistera pendant plusieurs décennies, même si les émissions nettes sont rapidement réduites à zéro.

« Il n’y a pas de baguette magique pour faire disparaître l’excès de dioxyde de carbone de l’atmosphère », a relevé M. Taalas, qui juge « urgent de réduire la consommation de combustibles fossiles ».

Le méthane, contribuant à hauteur de quelque 16% au réchauffement climatique, est lui un puissant gaz à effet de serre qui demeure une dizaine d’années dans l’atmosphère.

Son taux d’accroissement l’an dernier a été légèrement inférieur au taux record observé entre 2020 et 2021 tout en étant largement supérieur au taux d’accroissement annuel moyen des dix années précédentes.

Quant au taux d’accroissement l’an dernier du protoxyde d’azote, à l’origine de 7% environ du réchauffement, « il n’a jamais été aussi élevé à l’époque moderne ».

La communauté scientifique connaît bien le changement climatique et ses implications, mais l’OMM mentionne la nécessité de disposer de davantage d’informations dans plusieurs domaines, tels que les « mécanismes de rétroaction », qui sont par exemple l’augmentation des émissions de carbone par les sols ou la diminution de l’absorption du carbone par les océans en raison du changement climatique.

© AFP

3 commentaires

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    • Balendard

    Par rapport à la production mondiale d’électricité assurée pour essentiel par la Chine et des USA par la combustion du charbon, la France ne pèse pas grand-chose quantitativement avec sa production électrique d’origine nucléaire mais si tous les pays devaient l’imiter, il faut savoir qu’une quantité d’énergie thermique deux fois supérieure à l’énergie électrique consommée serait dissipé en pure perte dans l’atmosphère en le réchauffant

    https://infoenergie.eu/riv+ener/essentiel.pdf

    • Jean-Pierre Bardinet

    Il importe de relativiser avant de tomber dans l’alarmisme le plus irrationnel. La moyenne du taux de CO2 atmosphérique sur les 600 derniers millions d’années a été de 2000 ppm, avec une pointe à 8000 ppm au Cambrien. Cela n’a généré aucun réchauffement cataclysmique et irréversible, alors que les modèles numériques en auraient évidemment trouvé. Cela montre que le taux actuel de CO2 (416 ppm) est faible au regard du passé. N’oublions pas qu’un taux de 150 ppm fait mourir la végétation et le phytoplancton, ce qui tue toute vie sur Terre. Plutôt que de diaboliser le CO2, qui n’est pas un polluant, mais gaz de la Vie, nécessaire à la photosynthèse, soyons heureux qu’il ait un peu augmenté en 130 ans, de 280 ppm à 416 ppm, soit de 0,03% à 0,04%.

    • Jean-Pierre Bardinet

    En 140 ans, le taux de CO2 dans l’air est passé de 0,03% (280 ppm) à 0,04% (416 ppm). Le taux de vapeur d’eau est variable selon les latitudes et les saisons, de 1% à 5% environ. La vapeur d’eau est donc 25 à 125 fois plus présente que le CO2. Par ailleurs, le spectre d’absorption du CO2 est réduit à 2 fenêtres étroites, ce qui n’est pas le cas de la vapeur d’eau. Donc, ce serait un miracle physique si le CO2, minoritaire sur ces deux plans, avait un effet majoritaire sur la température. Sans compter le fait qu’une molécule de CO2 excitée par un IR a un temps de relaxation très faible et évacue son énergie additive par contact avec les autres molécules d’air bien avant d’avoir pu réémettre un IR dans une direction aléatoire. Enfin, la part des émissions anthropiques mondiales n’est que de 4% (AR5 page 471). Donc l’augmentation du taux de CO2 est à 96% environ d’origine naturelle et nous n’y pouvons rien.