Brésil : les rêves de migrants vénézuéliens percutés par le cyclone

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Vue aérienne des dégâts causés par le passage d'un cyclone à Mucum, dans l'Etat du Rio Grande do Sul, le 6 septembre 2023 au Brésil © AFP/Archives Silvio AVILA

Muçum (Brésil) (AFP) – Ani Aponte a fui la crise économique au Venezuela il y a quatre ans, en quête d’une vie tranquille et d’un emploi stable. Mais l’avenir est incertain après qu’un cyclone a détruit l’usine où elle travaillait dans le sud du Brésil.

Cette jeune femme de 34 ans tannait le cuir à Muçum, la ville la plus touchée par le désastre, qui a fait une cinquantaine de morts et autant de disparus la semaine dernière dans l’Etat de Rio Grande do Sul.

La tannerie n’a pas été épargnée par les inondations qui ont fait du centre de cette localité d’environ 4.600 habitants un champ de ruines. Les machines ont été emportées par le courant, au grand désespoir des quelque 500 employés.

« Notre usine a été engloutie et nous ne savons plus quoi faire », dit à l’AFPTV Ani Aponte, dont le mari travaillait également dans la tannerie.

La maison qu’ils louent sur les hauteurs de la ville n’a pas été atteinte par les inondations, mais le couple, qui vit à Muçum avec leur fils de trois ans, est à présent privé de revenu.

Une partie de leur salaire était également envoyée au Venezuela, où est resté leur fils aîné de 12 ans, chez ses grands-parents.

Après avoir quitté leur pays natal en 2019, Ani Aponte et son mari Yeiferson ont trouvé du travail dans le Rio Grande do Sul, quatrième Etat le plus riche du Brésil, et se sont installés à Muçum il y a deux ans.

« Nous avons été adoptés comme si nous étions d’ici », confie-t-elle.

Et même si le travail dans la tannerie était difficile, il assurait à sa famille des revenus stables.

Retour impensable

Depuis que le cyclone a frappé Muçum, Ani Aponte est bénévole dans une église, triant des vêtements destinés aux plus de 150.000 personnes touchées par les inondations dans cet Etat du Sud.

« Tout d’abord, nous allons aider (la région) à se relever, après, nous verrons ce que nous pouvons faire », explique-t-elle.

Sa famille héberge deux autres Vénézuéliens qui ont dû quitter leur domicile, alors que l’eau leur arrivait jusqu’aux genoux.

L’une des personnes qu’ils accueillent est Aura Garcia, 57 ans, qui se disait heureuse à Muçum, même si elle « travaillait dur » dans la tannerie.

« Chez nous, il n’y a pas de nourriture, pas de médicaments, pas de travail. Rien », déplore cette ancienne coiffeuse qui a traversé la frontière il y a cinq ans.

Selon les Nations unies, plus de 7 millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays, dont le PIB s’est contracté de 80% entre 2013 et 2023. Plus de 400.000 d’entre eux vivent au Brésil.

Même s’ils ont perdu leur emploi, les Vénézuéliens de Muçum ne pensent pas à retourner dans leur pays natal.

« Je ne reviendrai pas au Venezuela tant que (le président Nicolas Maduro) sera au pouvoir, même pas en rêve. On va devoir m’enterrer ici, au Brésil », lance Aura Garcia.

© AFP

 

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