Les vagues de chaleur concoctent une « potion diabolique » de polluants

vagues de chaleur polluants

New York enveloppé de fumée en raison des incendies au Canada, le 7 juin 2023 © AFP/Archives Ed JONES

Genève (AFP) – Les vagues de chaleur, plus intenses et plus fréquentes à cause du changement climatique, concoctent une « potion diabolique » de polluants qui menacent les humains et tous les êtres vivants, a averti l’ONU mercredi.

Si les nappes de fumée provoquées par les feux de forêt qui ont étouffé Athènes ou New York cet été sont la partie la plus visible de la pollution atmosphérique provoquée par les vagues de chaleurs, elles induisent aussi toute une série de processus chimiques plus insidieux et dangereux pour la santé.

[À lire aussi 1 décès sur 4 dans le monde lié à l’environnement]

« Les vagues de chaleur détériorent la qualité de l’air, avec des répercussions sur la santé humaine, les écosystèmes, l’agriculture et même notre vie quotidienne », a souligné Petteri Taalas, le Secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale, à l’occasion de la publication du Bulletin sur la qualité de l’air et du climat.

Une récente étude de l’Institut de politique énergétique de l’université de Chicago (EPIC) avait établi que la pollution aux particules fines – émises par les véhicules motorisés, l’industrie et les incendies -représente « la plus grande menace externe pour la santé publique » mondiale.

Le changement climatique et la qualité de l’air « vont de pair et doivent être combattus ensemble pour briser ce cercle vicieux », a souligné le patron de l’OMM, soulignant que si le Bulletin porte sur les données de 2022, « ce que nous voyons en 2023 est encore plus extrême ».

[À lire aussi L’augmentation de la résistance aux antibiotiques, une autre conséquence inattendue de la pollution de l’air par les particules fines]

Le changement climatique augmente la fréquence et l’intensité des vagues de chaleur, et cette tendance devrait se poursuivre à l’avenir.

Mercredi, le service européen Copernicus a annoncé que le monde vient de connaître ses trois mois les plus chauds jamais enregistrés. Il s’agit en outre du mois d’août le plus chaud jamais mesuré et du deuxième mois le plus chaud après juillet 2023.

« Les vagues de chaleur et les incendies de forêt sont étroitement liés. La fumée des incendies de forêt contient une potion diabolique d’éléments chimiques qui affecte non seulement la qualité de l’air et la santé, mais endommage également les plantes, les écosystèmes et les cultures – et entraîne davantage d’émissions de carbone et donc plus de gaz à effet de serre dans l’atmosphère », a déclaré le Dr Lorenzo Labrador, responsable du réseau de veille de l’atmosphère et auteur du Bulletin.

[À lire aussi Comment la canicule affecte notre santé]

Toutefois, il a souligné qu’il était « trop tôt » pour déterminer si 2023 sera pire en matière de pollution atmosphérique que l’année dernière « malgré une saison des feux de forêt qui a battu des records en Europe et dans l’ouest canadien ».

« Il faut prendre en compte le fait que les relations, les interactions et les processus chimiques qui lient le changement climatique à la pollution atmosphérique ne sont pas linéaires », a-t-il dit lors d’une conférence de presse.

Liaisons dangereuses

Si le changement climatique et les polluants atmosphériques, comme l’ozone, les composés organiques volatiles ou encore les aérosols, s’inscrivent dans des durées très différentes, les deux sont néanmoins liés.

« La qualité de l’air et le climat sont interconnectés parce que les composés chimiques qui les affectent sont liées, parce que les substances responsables du changement climatique et de la dégradation de la qualité de l’air sont souvent émises par les mêmes sources et parce que les changements dans l’un entraînent inévitablement des changements dans l’autre », souligne encore l’OMM.

Concernant 2022, l’Organisation rappelle que la longue vague de chaleur qui a frappé l’Europe a entraîné une augmentation des concentrations de particules et d’ozone troposphérique (juste au-dessus de la surface de la terre).

Et les concentrations ont dépassé le niveau recommandé par l’OMS sur l’essentiel du continent européen. Au cours de la seconde moitié du mois d’août 2022, des masses inhabituellement importantes de poussière désertique ont été observées sur la Méditerranée et l’Europe.

« La coïncidence de températures élevées et de quantités élevées d’aérosols, et donc de teneur en particules, a affecté la santé et le bien-être humains », note l’OMM.

La concentration d’ozone réduit aussi la quantité et la qualité du rendement des cultures vivrières de base.

« À l’échelle mondiale, les pertes de récoltes dues à l’ozone sont en moyenne de 4,4 à 12,4% pour les cultures vivrières de base, les pertes de blé et de soja pouvant atteindre 15 à 30% dans les principales zones agricoles de l’Inde et de la Chine », selon le Bulletin.

© AFP

Ecrire un commentaire