« Il n’y a plus rien »: à Hawaï, les habitants de Lahaina retrouvent l’ex-capitale en cendres

hawai incendies rien

Des habitations et des immeubles détruits par les incendies à Lahaina, sur l'île de Maui, à Hawaï le 11 août 2023. © AFP Sébastien VUAGNAT

Lahaina (Etats-Unis) (AFP) – De retour chez lui, à Lahaina, sur l’île de Maui, où Anthony La Puente a passé ces seize dernières années, il ne restait de sa maison qu’un tas de cendres encore chaudes. Le feu n’a quasiment rien épargné dans l’ancienne capitale du royaume d’Hawaï.

Cet homme de 44 ans est encore abasourdi par la disparition de son foyer.

« La seule chose que je peux dire, c’est que ça fait mal. C’est très éprouvant », confie-t-il à l’AFP. « C’est dur de ne pas pouvoir retrouver les choses avec lesquelles on a grandi, les choses dont on se souvient. »

Comme lui, des dizaines de personnes sont progressivement retournées à Lahaina vendredi: les autorités ont rouvert l’accès à cette ville majeure de Maui à la mi-journée.

Ils ont découvert des scènes de désolation, très loin de l’ambiance de carte postale qui caractérisait cette cité balnéaire de 12.000 habitants fréquentée chaque année par des milliers de touristes.

Maisons, voitures, bateaux… les flammes ont réduit d’innombrables structures en cendres, comme si la ville avait été bombardée.

L’ex-capitale du roi Kamehameha – Hawaï a été annexée par les États-Unis en 1898 -, réputée pour son front de mer paradisiaque et les circonvolutions de son majestueux grand banian, arbre centenaire sous lequel avaient lieu de nombreuses danses traditionnelles, ne sera plus jamais la même.

 « les affaires de mon père »

Au moins 67 personnes sont mortes dans la ville anéantie par le feu, selon le dernier bilan provisoire des autorités.

Dans les rues dévastées, on découvre des restes calcinés de chats et d’oiseaux surpris par les flammes. Des câbles de poteaux électriques détruits pendant dans le vide, et quelques petits foyers de braises continuent de brûler ici et là.

Des carcasses de voitures sont barrées d’un grand X jaune qui signale aux pompiers qu’elles ont déjà été inspectées en quête de possibles dépouilles.

Dans toute la ville, de simples tas de cendres grisâtres, souvent encore fumantes, désignent les emplacements où se dressaient des habitations, il y a encore quelques jours.

Muni du cadre d’une chaise métallique en guise de pelle de fortune, M. La Puente fouille les décombres de son ancienne cuisine. Sous les cendres, il découvre soudain une timbale tenace qui a étrangement survécu.

Mais les boîtes de photos et les souvenirs de son père, défunt, sont partis en fumée.

« J’avais emballé les affaires de mon père » en espérant pouvoir les trier un jour, explique-t-il, en réalisant que cela n’arrivera jamais. « Il n’y a plus rien. »

Petits miracles

Au milieu des ruines, certains célèbrent de petits miracles, comme Chyna Cho, qui sert dans ses bras sa voisine Amber Langdon.

« Tu as survécu ! », s’exclame cette habitante, après des jours marqués par des communications difficiles sur l’île. « J’essayais de te trouver. »

Keith Todd, lui, n’en revient pas: dans son coin de rue où tout n’est que cendres, sa maison est le seul bâtiment encore debout. Ses panneaux solaires continuent même d’alimenter sa cuisine en électricité.

« Je suis tellement reconnaissant, mais en même temps c’est tellement dévastateur », souffle-t-il, en regardant la désolation subie par ses voisins.

L’église catholique Maria Lanakila surplombe également les cendres de Waine’e Street, en apparence indemne.

Les murs de pierre de la prison historique de Hale Pa’ahao sont eux toujours debout, mais le bâtiment en bois qui servait à punir les marins indisciplinés n’existe plus: 170 ans d’histoire ont été anéantis.

À quelques pâtés de maisons de là, Front Street, où les restaurants et les magasins de vêtements se suivaient en enfilade le long de la côte, a pratiquement entièrement disparu.

Les bateaux amarrés dans le port de plaisance désolé, sont couverts de cendres, certains en partie fondus. D’autres ont simplement coulé.

Parmi les ruines, la silhouette du grand banian trône encore dans Lahaina. Mais ce vieil arbre aux énormes troncs n’a plus de feuilles. Noirci de suie, il ressemble à un squelette.

Personne ne connaît encore l’étendue des dommages qu’il a subi et s’il arrivera à survivre. Mais une chose est sûre: la ville sur laquelle il veillait a disparu.

© AFP

Ecrire un commentaire