Dans les sièges des JO-2024, la deuxième vie de déchets plastique locaux

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Des sièges fabriqués à partir de plastique recyclé dans les locau de l'entreprise Le Pavé, le 7 juin 2023 à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis © AFP BERTRAND GUAY

Aubervilliers (AFP) – En prenant place dans les gradins des épreuves de badminton ou plongeon, peu de spectateurs des Jeux olympiques de Paris-2024 réaliseront que l’assise plastique de leur siège provient des déchets recyclés des poubelles alentour, petite contribution à des JO plus « verts ».

Plutôt que d’utiliser un plastique neuf et donc plus énergivore, les 11.000 sièges repliables de l’Arena de la porte de la Chapelle à Paris et du centre aquatique olympique de Saint-Denis, situé juste de l’autre côté du périphérique, seront faits de plastique recyclé, donnant ainsi une deuxième vie aux poubelles.

« C’est un levier de communication énorme. Quand on dit aux enfants +venez déposer vos bouteilles dans les bornes, demain ça sera dans les sièges de la piscine olympique+, ça sensibilise » au recyclage des déchets, explique à l’AFP Augustin Jaclin, co-fondateur de Lemon Tri, société qui a participé à la collecte des matériaux.

Dans l’usine d’Aubervilliers de l’entreprise Le Pavé, des litres de copeaux de plastique broyé remplissent bacs et sacs. Dans chaque contenant, une couleur différente: rouge, vert, jaune, blanc…

Une fois les alliages de couleurs réalisés, cette semoule de plastique est mélangée dans des silos de façon à obtenir une répartition homogène.

Elle est ensuite chauffée et compressée dans des machines dont elle sort sous forme de plaques, blanches ou noires, mouchetées de couleurs.

Lissées et poncées par des robots, les plaques partent ensuite vers des entreprises partenaires ailleurs en France pour être taillées puis assemblées pour donner les sièges olympiques. La production bat actuellement son plein, les sièges devant être installés à l’automne.

« C’est vraiment un projet d’économie circulaire territoriale (…) pour rétablir du sens autour du déchet », commente Marius Hamelot, 28 ans et co-fondateur du Pavé, une jeune PME spécialisée dans la production de plastique à partir de matière recyclée.

 Déchets locaux

Sur les 100 tonnes de plastique recyclé nécessaires à la fabrication de ces fauteuils olympiques, 80% proviennent en effet du recyclage des déchets plastique de la poubelle jaune des habitants de Seine-Saint-Denis.

Si la base des plaques utilise principalement des plastiques comme le corps de bouteilles de shampooing, des bouchons de bouteilles de soda permettent eux d’apporter un piquetage de couleurs.

Une soixantaine de points de collecte, assortis d’actions de sensibilisation dans des écoles de Seine-Saint-Denis, ont ainsi permis de récupérer cinq millions de bouchons colorés de bouteilles de soda.

« C’est collecté en Seine-Saint-Denis, broyé en Seine-Saint-Denis, transformé en Seine-Saint-Denis, tout ça pour une piscine qui est quand même sur le territoire », relève Augustin Jaclin de Lemon Tri. Pour son entreprise basée à Pantin, l’opération est moins rentable que symbolique dans un département aux faibles taux de collecte et de recyclage des déchets.

Dans un calendrier de production déjà serré, les tensions sur les chaînes d’approvisionnement mondiales et la hausse des coûts de l’énergie sont venus compliquer le travail de production des sièges. Au Pavé, société fondée en 2018 par deux étudiants de l’école d’architecture de Versailles et qui compte aujourd’hui une trentaine de salariés, la ligne tourne en « trois-huit ».

« Il y a eu des pénuries de matière vierge, ce qui a amené plein d’industriels à se reporter sur le déchet. Des plasturgistes ont carrément arrêté de fonctionner, pas parce qu’il n’y avait plus de commandes mais parce qu’il n’y avait plus de matière. Donc ils se sont reportés sur le secteur des déchets, ce qui a créé un appel d’air très fort », raconte Marius Hamelot.

Bien qu’anecdotique à l’échelle des Jeux, ce dispositif s’inscrit dans une multiplicité d’initiatives plus ou moins modestes qui concourent à réduire l’importante empreinte écologique de la compétition.

Les organisateurs de Paris-2024 affichent l’ambition de diviser par deux les émissions carbone par rapport aux précédentes éditions à Londres en 2012 et Rio en 2016 (environ 3,5 millions de tonnes).

© AFP

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