Le comté américain de Multnomah réclame 51 milliards de dollars à des groupes pétroliers pour un épisode de chaleur extrême

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Un homme se rafraichit dans un espace public climatisé à Portland, dans l'Oregon, le 27 juin 2021 © GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives Nathan Howard

Washington (AFP) – Un comté de l’Oregon, dans le nord-ouest des Etats-Unis, a annoncé jeudi porter plainte contre plusieurs multinationales pétrolières pour leur réclamer plus de 51 milliards de dollars après le « dôme de chaleur » de 2021, un épisode climatique extrême et meurtrier.

Le comté de Multnomah affirme que la pollution au carbone provoquée par l’utilisation de l’énergie fossile générée par ces groupes a joué un rôle « important » dans cet événement. Parmi les entreprises visées figurent ExxonMobil, Shell, Chevron, BP, ConocoPhillips et Total Specialties USA.

Le dôme de chaleur « est un événement directement attribué aux impacts que nous voyons sur notre climat à cause des actes des groupes d’énergie fossile et leurs agences, qui poussent depuis des décennies pour nier la science du climat », a dit à l’AFP la présidente du comté, Jessica Vega Pederson.

Le comté demande 50 millions de dollars en dommages et intérêts et 1,5 milliard de dollars pour les dégâts futurs – chaleur extrême, sécheresse, incendies et fumée promettant de devenir plus courants.

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Il demande aussi aux entreprises de mettre 50 milliards de dollars dans un « fonds de réduction » des impacts, afin de mettre à niveau les infrastructures du comté.

Contactée par l’AFP, ExxonMobil a jugé que « ce type de plaintes continue de faire perdre du temps et des moyens et ne fait rien pour répondre au changement climatique ».

Chevron, quant à elle, a dénoncé des « allégations infondées » et des « distractions contre-productives » dans la recherche de solutions face au réchauffement.

Une vague de chaleur record avait écrasé l’ouest des Etats-Unis et du Canada de la fin juin à la mi-juillet 2021. Le nombre de morts en découlant a été estimé à 1.400 et une température de 49,6 degrés Celsius a été enregistrée à Lytton, en Colombie-Britannique.

Dans une analyse, le World Weather Attribution (WWA), un groupe de scientifiques, affirme que ce dôme aurait été « pratiquement impossible » sans le changement climatique provoqué par les humains, qui l’a rendu au moins 150 fois plus probable.

« Prévisible »

La plainte du comté de Multnomah nomme également le American Petroleum Institute et le cabinet McKinsey.

Elle affirme que sur trois jours fin juin 2021, le comté a souffert d’une chaleur extrême, que 69 personnes sont mortes et que de l’argent du contribuable a dû être dépensé (en eau, en climatiseurs et en « centres de refroidissement » notamment).

« Le dôme de chaleur était une conséquence directe et prévisible de la décision des accusés de vendre autant de produits à base de combustibles fossiles qu’ils le pouvaient au cours des six dernières décennies », selon le texte, qui accuse les multinationales d’avoir menti sur les effets nocifs de leurs activités.

Avec cette démarche, le comté de Multnomah rejoint des dizaines de villes, comtés et Etats à travers le pays à porter plainte contre des groupes pétroliers en les accusant d’avoir participé au changement climatique et alimenté la désinformation.

Cette vague de poursuites a commencé en 2017. L’industrie fossile a tout fait pour éviter des procès dans les Etats, mais a essuyé un revers en mai lorsque la Cour suprême a refusé de s’emparer d’appels dans deux affaires, ce qui a permis aux dossiers de suivre leur cours.

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 « Propre et sain »

Ces plaintes prennent exemple sur des affaires ayant visé les grands noms du tabac et de la pharmacie, concernant les cigarettes et les opiacés.

« Nous ne sommes pas en train de dire qu’il y a de nouvelles lois ou de nouvelles théories ici », a déclaré l’avocat Roger Worthington, de l’un des cabinets représentant le comté. « Nous soutenons que les accusés ont enfreint des lois en vigueur depuis longtemps, et nous le prouverons à un jury. »

Dans une affaire très médiatisée, une dizaine de jeunes accusent l’Etat du Montana d’enfreindre leur droit constitutionnel à un « environnement propre et sain ».

Ils ne demandent pas de dommages et intérêts, « seulement que leur gouvernement se saisisse de sa responsabilité constitutionnelle pour atténuer les préjudices causés par

© AFP

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