Au sommet climat de Paris, Macron demande un « choc de financement public »

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Emmanuel Macron lors de son discours d'ouverture du Sommet pour un nouveau pacte financier, au Palais Brogniart à Paris le 22 juin 2023 © POOL/AFP LUDOVIC MARIN

Paris (AFP) – Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi un « choc de financement public » face à la crise climatique et la pauvreté, devant une quarantaine de chefs d’Etat ou de gouvernement réunis jeudi à Paris pour débloquer la refonte du système économique mondial.

Emmanuel Macron, hôte de ce « sommet pour un nouveau pacte financier », qui dure jusqu’à vendredi, a lancé la « mobilisation générale ». « Nous devons assumer un choc de financement public », a-t-il déclaré en ouvrant le sommet jeudi matin, notant qu’il y avait « beaucoup d’argent » mais pas forcément au « service des progrès de la planète ».

« Nous avons un système financier qui est le fruit d’un consensus passé », qui « ne va sans doute plus assez vite, qui n’est plus tout à fait adapté et qu’il faut réaligner sur nos objectifs ».

La jeune militante ougandaise Vanessa Nakate, invitée à parler immédiatement après le président, a commencé par faire respecter aux chefs d’Etat et de gouvernements face à elle une minute de silence « pour toutes celles et tous ceux qui souffrent déjà et qui ont faim, qui sont déplacés, qui quittent l’école ». Les dirigeants ne l’ont pas quittée des yeux, dans un silence grave.

Elle a appelé à « une sortie équitable des énergies fossiles », s’en prenant frontalement aux profits des compagnies pétrolières occidentales.

« Les promesses non tenues coûtent des vies », a-t-elle martelé.

 Banque mondiale et FMI

Les travaux au palais Brongniart, dans le centre de Paris, ne doivent pas déboucher sur des décisions concrètes mais bénéficient du poids du parterre des invités: le chef de l’ONU Antonio Guterres et le président brésilien Lula seront présents ainsi que le chancelier allemand Olaf Scholz et la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen.

Washington fera « pression » pour que les créanciers des pays pauvres et en développement participent aux négociations pour restructurer leurs dettes, selon un discours de Mme Yellen jeudi matin à Paris.

La Chine, notamment, l’un des principaux créanciers mondiaux, est régulièrement pointée du doigt pour son manque de participation à un cadre commun de restructurations avec les pays occidentaux.

Pékin est représentée à ce sommet par son Premier ministre Li Qiang, l’Arabie saoudite par le prince héritier Mohammed ben Salmane. Une vingtaine de dirigeants africains sont là, dont plusieurs ont récemment haussé le ton contre les pays riches, plus prompts à verser des milliards pour soutenir l’Ukraine en guerre.

L’idée du sommet a germé en novembre lors des négociations climat de la COP27 en Egypte, dans le sillage du plan présenté par la Première ministre de la Barbade Mia Mottley. Sa voix a ravivé l’espoir de voir avancer ce sujet, devenu un boulet des négociations climatiques entre les pays pauvres et les pays riches, principaux responsables historiques des émissions de gaz à effet de serre.

L’objectif du sommet est de rénover en urgence l’architecture financière internationale, née des accords de Bretton Woods en 1944 avec la création du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM).

L’accès à leurs financements est jugé difficile par les pays en développement, alors que leurs besoins sont immenses pour affronter canicules, sécheresses et inondations, mais aussi pour sortir de la pauvreté tout en s’affranchissant des énergies fossiles et en préservant la nature.

 Taxation maritime

Parmi les nombreuses idées en débat, celle d’une taxe internationale sur les émissions carbone du transport maritime a le vent en poupe.

Les dirigeants mondiaux évoquent d’autres taxations, mais aussi des réformes institutionnelles, la restructuration des dettes des pays pauvres, un renforcement du rôle du secteur privé…

La suspension du paiement de la dette en cas de catastrophe naturelle est fortement soutenue par Mia Mottley.

Les pays riches seront mis face à leur promesse de financer 100 milliards de dollars (91 milliards d’euros) par an pour aider les pays pauvres face au réchauffement. Une promesse censée être tenue cette année, avec trois années de retard qui ont profondément diminué la confiance entre le Nord et le Sud.

Le montant peut sembler dérisoire, mais « les financements publics sont la graine qui permettra de faire lever les milliers de milliards », souligne Harjeet Singh, du Climate Action Network.

Les banques multilatérales de développement seront aussi appelées à prêter davantage, quelques mois après l’annonce de la mobilisation de 50 milliards de dollars sur dix ans par la BM. Son nouveau président, Ajay Banga, sera là, tout comme la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva.

© AFP

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    • Guy J.J.P. Lafond

    En effet,
    Nous devons penser l’économie autrement afin de mieux protéger la vie sur Terre. Toute personne raisonnable devrait pouvoir comprendre aussi les recommandations claires faites par le groupe d’experts en climatologie, le GIEC.
    Autrement, j’écoutais l’autre jour les allocutions faites par messieurs Biden et Trudeau à la Chambre des communes à Ottawa, ON, Canada. Ces deux hommes d’État ont laissé sous-entendre que les États-Unis et le Canada vont réduire leurs dépendances à la Chine.
    De nouvelles tendances se dessinent:
    A – La Russie et la Chine veulent augmentent leurs échanges commerciaux bilatéraux;
    B – Les États-Unis et le Canada veulent eux aussi aller beaucoup plus loin dans les chaines d’approvisionnement entre leurs deux pays d’abord.
    Est-ce les seules solutions? Je ne crois pas.
    Je pense plutôt que nous devrions tous nous donner environ 10 ans pour mettre en place trois grandes zones de libre échange économique:
    1 – Les Amériques;
    2 – L’Europe et l’Afrique;
    3 – L’Asie, le Moyen-Orient et l’Océanie.
    Nous créerions ainsi une saine concurrence entre trois grands blocs commerciaux pour développer des économies moins gourmandes, plus écologiques et plus respectueuse de la vie sur Terre. Les pays du Sud ne seraient plus laissés pour compte dans la recherche de solutions pour endiguer le réchauffement climatique.
    Avec par exemple une collaboration accrue entre tous les pays dans les Amériques, le fléau des immigrations illégales aux États-Unis et au Canada se résorberait de lui-même.
    Suite au discours de M. Biden à Ottawa, rappelons-nous qu’avant même de penser à aller sur Mars, nous devrons tous faire en sorte que l’Environnement, l’Économie et la Sécurité alimentaire deviennent trois pièces maîtresses de notre bien être à tous sur cette si fragile planète bleue.
    @GuyLafond
    bénévole pour l’ONU avec une très faible empreinte carbone
    https://mobile.twitter.com/UNBiodiversity/status/1395129126814691329
    On jase là.

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