A un sommet des Pyrénées, le cauchemar à répétition des éboulements

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Une route barrée après un éboulement à Laruns, le 17 mai 2023 dans les Pyrénées-Atlantiques © AFP GAIZKA IROZ

Laruns (France) (AFP) – A Laruns, village français des Pyrénées à la frontière franco-espagnole, haut lieu de cyclisme, les éboulements dans la vallée montant au col du Pourtalet sont devenus un cauchemar à répétition.

En pleine sécheresse frappant le massif des Pyrénées et sa région, environ 1.000 mètres cube de roche se sont décrochés d’une falaise et sont tombés sur la route le 3 mai, à 4 kilomètres de la frontière.

« Fort heureusement, il n’y avait personne à ce moment-là », souffle le maire Robert Casadebaig.

Moins connu que les cols voisins de l’Aubisque ou du Tourmalet, le col du Pourtalet à 1.794 mètres d’altitude, reste redoutable pour son interminable longueur.

A partir de Laruns, où le Tour de France fait régulièrement étape, il y a 29 kilomètres à parcourir et 1.276 mètres de dénivelé à franchir pour passer en Espagne. La pente peut atteindre 7% par endroits.

Dans l’autre sens, la route est empruntée par les coureurs de la Vuelta, le tour espagnol, attendus cette année début septembre.

Mardi, la montagne a de nouveau dégringolé sur le même axe, plus bas dans la vallée.
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Un éboulement à Laruns, près de la frontière espagnole, le 17 mai 2023 dans les Pyrénées-Atlantiques
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Un éboulement bien moins important, mais qui s’ajoute à une longue liste d’aléas climatiques dans ce secteur de la vallée d’Ossau depuis dix ans, source de dégâts considérables.

Coulées de neige et éboulements en 2013, route effondrée après des intempéries en 2018, crues torrentielles en 2019 et 2021 : « Nous faisons face à une accumulation de phénomènes météorologiques, climatiques et géologiques », constate M. Casadebaig.

Maire depuis 2008, il fait le compte des fléaux qui grèvent le budget de cette commune du pays basque français et de ses 1.200 habitants.

A Laruns, les crues de 2019 et 2021 ont causé entre 3 et 4 millions d’euros de dégâts à la voirie et aux réseaux souterrains. Le village a en partie été indemnisé mais il lui est impossible de tout réparer.

« On a un reste à charge d’environ 50% et ça pèse très lourd sur le budget, donc on est obligé de prioriser. On ne pourra réparer qu’au long cours », explique l’élu.
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Un hélicoptère du SDIS survole un éboulement à Laruns, près de la frontière espagnole, le 17 mai 20233 dans les Pyrénées-Atlantiques
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Depuis le versant opposé à celui de l’éboulis, jumelles vissées aux yeux, il observe. Pas de cycliste, la route est interdite, mais des engins de chantier sont à pied d’oeuvre, pour une opération aussi délicate que spectaculaire, destinée à rendre la route à la circulation et la sécuriser.

Il s’agit de purger la falaise en faisant chuter préventivement un énorme piton rocheux de 2.000 tonnes, à la dynamite s’il le faut.

« On a comme une tranche de cake prête à basculer », explique Alain Bruzy, ingénieur chargé du chantier pour l’Office national français des forêts (ONF) et « vu la fissure, il est évident que ça va tomber sur la route. Donc on préfère provoquer plutôt que subir ».

Il avance plusieurs pistes d’explication aux récents éboulements : des pluies abondantes sur des terres très sèches, le « très mauvais potentiel géologique » de la zone et ses risques sismiques.

« Il y a des failles tout le long des Pyrénées et le 17 avril, un séisme de puissance 4 sur l’échelle de Richter a eu lieu dans la vallée d’Aure », à quelques dizaines de kilomètres à vol d’oiseau, rappelle-t-il.

En 2018, l’Observatoire pyrénéen du changement climatique (OPCC) prévenait que les régions de montagne sont davantage exposées aux effets du changement climatique, avec une plus grande fréquence possible de phénomènes de type glissements de terrain, éboulements et avalanches.
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Un gendarme et un géologue observent un éboulement à Laruns, près de la frontière espagnole, le 17 mai 20233 dans les Pyrénées-Atlantiques
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En attendant, personne n’imagine une réouverture de la route avant la mi-juin. Et encore, « si tout fonctionne comme on le veut », précise le préfet Charles Michel à l’AFP.

Pour le tourisme, le coup est rude. Le Train panoramique d’Artouste, le plus haut d’Europe et l’attraction la plus fréquentée du Béarn avec 120.000 passagers de mai à octobre, redoute de perdre 30 à 40% de sa clientèle avec la coupure de l’axe routier frontalier.

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