En Californie, les pluies abondantes ravivent le souvenir de la ruée vers l’or

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Albert Fausel et Barron Brandon cherchent de l'or dans un torrent à Placerville, en Californie, le 28 avril 2023 © AFP Frederic J. BROWN

Placerville (Etats-Unis) (AFP) – Albert Fausel creuse le lit des rivières de Placerville depuis des décennies à la recherche d’or. Mais après les pluies torrentielles qui ont déferlé sur la Californie cet hiver, la tâche de prospecteur amateur n’a jamais été aussi facile.

« Il y a beaucoup de nouveaux endroits (où trouver de l’or) cette année », explique à l’AFP ce quadragénaire, armé d’une combinaison de plongée, d’un tuba et d’une petite pelle. « Mère nature a fait du bon travail avec toutes ces inondations (…) elle a déplacé de nouveaux matériaux. »

Après dix minutes à explorer le fond du torrent, en aval des montagnes de la Sierra Nevada, de petites particules brillantes apparaissent soudain au milieu de la terre argileuse, qu’il tamise sur un petit plateau en plastique.

Pas de quoi devenir riche à millions avec ces quelques paillettes, que les prospecteurs du coin surnomment « crottes de mouche ».

Il y en a peut-être pour une cinquantaine de dollars, tout juste de quoi mettre du beurre dans les épinards. Mais la chasse au trésor est lancée.

« C’est une bonne cache » près du rivage, se réjouit M. Fausel, en récoltant le butin avec une sorte de pompe aspirante, avant de replonger. « Au milieu de la rivière, il y aura probablement des pièces plus grosses et plus lourdes qui auront trouvé leur chemin. »

Ruissellement

La Californie sort d’un hiver anormalement pluvieux, où de nombreuses tempêtes, parfois très rapprochées, ont provoqué des précipitations avoisinant des records dans certaines régions.

Outre les dégâts et les inondations provoqués sur le moment, ces milliards de litres d’eau tombés du ciel ont gonflé durablement de nombreux torrents et rivières très diminués par la sécheresse qui frappe l’Ouest américain depuis 20 ans.

De quoi faire ruisseler l’or encore présent dans le sol et ranimer le souvenir de la ruée connue par la région aux XIXe et XXe siècles, en quête du précieux métal.

« On parle maintenant d’or de crue », explique Barron Brandon, qui dirige le ranch Cosumnes, près de la rivière éponyme.

« Lorsque les pluies sont abondantes, elles nettoient les berges des rivières et s’écoulent en contrebas, apportant ainsi l’or », détaille ce géologue de formation.

Cette année, Placerville, située en plein comté d’El Dorado à 70km environ de Sacramento, renoue ainsi avec le filon qui a fait sa réputation.

Dans la ville, tous les commerces jouent sur cette promesse aurifère: il y a la « Gold Insurance », la « Gold Artists Nation Gallery » ou la bijouterie « Antique Gold Jewellers ». L’un des principaux hôtels conserve encore l’ambiance saloon de l’époque des pionniers et de leurs rêves de fortune.

Nouveaux curieux

Un souvenir qui permet à la région de vivre encore du tourisme. Les prospecteurs amateurs locaux sont d’ailleurs loin de redouter la concurrence.

« Venez en Californie! Donnez-vous une chance de trouver de l’or, il y en a pour tout le monde ici », lâche ainsi M. Fausel, qui tient une quincaillerie où l’on vend également de petites bouteilles d’or personnalisées en guise de souvenir.

La plupart du précieux métal a été extrait à la grande époque. Mais les pluies récentes dépêchent de nouveaux curieux en ville, selon Mark Dayton, un prospecteur professionnel qui compte plus de 20.000 abonnés sur Youtube.

« Nous avons tous été, enfants, fascinés par les trésors des pirates », estime-t-il, en racontant que certains de ses adeptes ont franchi le pas « parce qu’ils ont entendu parler des pluies et de l’or à venir ».

Fréquenté par des dizaines de groupes scolaires, le musée de Placerville rappelle toutefois à petits et grands que la quête de l’Eldorado n’a jamais été chose aisée. Entre la violence, l’alcool et les arnaques, de nombreux émigrants sont morts sans le sou dans la région.

« Nous essayons de leur raconter la véritable histoire, pas la version hollywoodienne de la ruée vers l’or », sourit le guide Pat Layne, qui a longtemps travaillé dans le secteur minier.

Mais au-delà d’un hypothétique butin sonnant et trébuchant, les prospecteurs amateurs découvrent d’autres trésors: celui des camaïeux de verts et de bleus formés par les rivières au pied des cimes de la Sierra Nevada.

Comme le résume M. Brandon dans son ranch, « le véritable or, c’est d’être ici ».

© AFP

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