Les nappes phréatiques toujours au plus bas, le risque de sécheresse estivale est bien réel

Le lac de Serre-Poncon, près d'Embrun dans les Hautes-Alpes

Le lac de Serre-Poncon, près d'Embrun dans les Hautes-Alpes, à un niveau très bas le 16 mars 2023 © AFP/Archives Nicolas TUCAT

Paris (AFP) – Il a plu en mars, mais pas partout et surtout pas assez: avec 75% des nappes à des niveaux modérément bas à très bas, le spectre d’une sécheresse estivale se renforce, notamment pour une cinquantaine de départements qui pourraient connaître une situation pire que l’été dernier.

« La situation est assez inquiétante car quasiment toute la France est touchée et on enchaîne les années sèches », en comptant 2019, 2022 et 2023, a commenté Violaine Bault, hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), jeudi après la publication de son bilan mensuel.

Fin février, au sortir de l’hiver, période où les nappes sont censées se recharger avant que la végétation ne reprenne sa croissance, la situation était déjà critique, avec 80% des nappes métropolitaines à des niveaux bas ou très bas.

Et en mars, malgré un excédent de pluie par rapport aux normales de l’ordre de 40% au niveau national, c’est à peine si les choses se sont améliorées, constate l’organisme public en charge de la surveillance des eaux souterraines.

Ainsi, seuls 40% des points observés par le BRGM ont augmenté, 32% sont restés stables et 27% en baisse. Au global, 75% des nappes françaises sont modérément basses à très basses, dont 35% présentent des niveaux qu’on ne retrouve normalement que tous les 5 à 10 ans.

carte france nappes phréatique
Les nappes phréatiques sous les normales
© AFP Jean Michel CORNU

Seules les nappes de la Bretagne à la Nouvelle-Aquitaine ont bénéficié « d’épisodes conséquents de recharge ». Mais plusieurs autres, en Champagne, dans le couloir Rhône-Saône, le Roussillon ou en Provence/Côte d’Azur, affichent toujours des niveaux inquiétants.

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Historiquement bas

 

« Cela est dû au fait que les pluies sont tombées sur des sols très secs et ont ainsi eu du mal à s’infiltrer en profondeur », a indiqué Mme Bault.

Une situation d’autant plus préoccupante que la période de recharge de cet automne et cet hiver, particulièrement doux et secs, a été « très insuffisante pour compenser les déficits accumulés » depuis plus d’un an, et est désormais terminée.

Le BRGM estime donc que le risque de sécheresse estivale pour certaines régions est désormais « avéré », sauf à connaître des pluies exceptionnelles dans les prochaines semaines.

L’alerte est particulièrement forte pour les départements allant de la Picardie au bassin parisien, ainsi que le centre et le sud-est du pays, qui présentent un risque « très fort » de sécheresse « présageant d’un printemps et d’un été probablement tendus » avec des restrictions d’eau « très probables ». Le Var et le sud de la Drôme présentent même des « niveaux historiquement bas », précise Mme Bault.

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Le lit de la Loire à Montjean-sur-Loire, près d’Angers, le 26 février 2023
© AFP/Archives JEAN-FRANCOIS MONIER

De quoi craindre une situation pire que l’été dernier, où la sécheresse avait été historique?

C’est possible, répond le BRGM, si le printemps et l’été sont aussi secs qu’en 2022. A fin mars, en tout cas, « le risque est très fort » car le niveau des nappes est actuellement « très inférieur à ceux de 2022 ».

L’an dernier, à la même époque, seuls 58% des niveaux étaient sous les normales (contre 100% aujourd’hui). Pourtant à fin août 2022, la quasi-totalité du territoire subissait des restrictions d’eau et 700 communes ont été concernées par des problèmes d’eau potable.

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 Niveau rouge

 

Actuellement, une quarantaine de départements métropolitains sont en vigilance, dont une quinzaine en alerte sécheresse (les Bouches-du-Rhône sont déjà en partie au niveau rouge, le pire, interdisant les prélèvements agricoles), selon Propluvia.

Selon Météo-France, entre septembre et mars, le déficit de pluie a atteint 10%. C’est moins que l’année dernière à la même période où il était de 18%, mais les sols sont actuellement très secs sur certaines régions où il n’a quasiment pas plu.

graphique nappes phréatiques
L’état des nappes phréatiques
© AFP Sylvie HUSSON

« Face à l’urgence d’agir, nous ne devons pas avoir la main qui tremble pour prendre les décisions nécessaires », commente auprès de l’AFP le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. Il précise que le prochain comité d’anticipation et de suivi hydrologique se réunira le 27 avril et qu’un nouveau guide sécheresse sera publié « d’ici la fin du mois ».

Le 30 mars, Emmanuel Macron avait annoncé un « plan eau » comprenant 53 mesures destinées à préparer la France à une nouvelle sécheresse cet été, et à plus long terme à s’adapter à une ressource en eau plus rare du fait du réchauffement climatique.

© AFP

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3 commentaires

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    • Rochain Serge

    Ce n’est plus un risque, mais une certitude, notamment pour l’occitanie dans l’ancienne province du Roussillon qui totalise les plus grand nombre de campings de France sur la commune d’Argeles !

    • Guy J.J.P. Lafond

    Solidarité et connaissances scientifiques internationales vont-ils pouvoir venir à la rescousse de la France en difficulté?
    Pourtant, des pays ont investi argent et efforts énormes pour construire des pétroliers qui acheminent du pétrole par mer vers d’autres pays.
    Rappel:
    Dans certaines régions du globe (e.g. le Groenland), il se perd des quantités énormes d’eau potable dans les océans à cause du réchauffement climatique accéléré par l’effet de nos combustions excessives et irresponsables de pétrole et de charbon.
    Il n’est pas trop tard pour une réponse plus lucide de notre espèce humaine.
    Solutions possibles:
    . Réquisitionner des navires citernes à l’international pour ré-acheminer de l’eau potable de glaciers, fondant très rapidement, vers des endroits du globe où des sécheresses menacent sérieusement des cultures et la vie;
    . À l’échelle internationale, conseiller une utilisation plus grande de nos vélos au détriment des voitures individuelles, ceci pour permettre aux forêts d’absorber progressivement le trop plein de CO2 qui sévit toujours dans l’atmosphère;
    . En France, la pression démographique est probablement devenue trop forte sur l’environnement. Le Québec au Canada serait évidemment prêt à accueillir de nouveaux immigrants surtout francophones à titre d’aide à l’international. Nous avons besoin de plus de bras pour construire des logements sociaux plus petits et plus propres.
    . Le reboisement de la France dans des proportions plus grandes est devenu un impératif incontournable. C’est connu, les arbres et la végétation ralentissent le cycle de l’eau potable en assurant une meilleure absorption de l’eau dans les sols, ce bien plus que du macadam excessif, opaque et peu utile.
    @Guy J.J.P. Lafond
    À Montréal et Ottawa, n’en déplaise encore et encore à des juges, à des politiciens et à des banquiers sur les deux rives de notre si belle rivière des Outaouais au Canada.

    • action78

    il faut resteindre l’eau en coupant l’eau dès un nombre de m » utilisé et augmenter le prix de l’eau. ce n’est pas normal que sur les chantiers le robinet reste ouvert en permanence. Il faut arreter de vendre des robinets à ouverture sans infra rouge permettant de couper l’eau sans action humaine.
    il faut des minuteurs pour les douches dans les campings pour eviter que les gens restent des heures sous les douches et eduquer les enfants à la protection de l’eau

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