Offrez un cadeau qui fait sens pour cette fin d’année : soutenez GoodPlanet Mag’ et les projets engagés de la Fondation GoodPlanet

Froid arctique ou pas, les voitures électriques tracent leur route en Norvège

voiture electrique norege

Philip Benassi recharge sa Tesla électrique, le 17 janvier 2023 à Jessheim, en Norvège © AFP Petter BERNTSEN

Jessheim (Norvège) (AFP) – Le mot est entré dans le vocabulaire courant en Norvège: « rekkevideangst ». Cette angoisse de l’autonomie des véhicules électriques, Philip Benassi l’a bien connue au volant de sa Tesla, surtout par les froides journées d’hiver, mais comme ses compatriotes, il a appris à la dompter.

Des températures souvent négatives, un relief accidenté, des distances étirées… La Norvège n’est pas le terrain de jeu idéal pour la voiture électrique, qui perd en portée par temps glacial.

Pourtant, le pays nordique est le champion du monde incontesté pour l’adoption de ces véhicules.

L’an dernier, un record: quatre voitures neuves sur cinq (79%) étaient électriques dans le royaume, gros producteur de pétrole, où l’objectif officiel est pourtant d’en finir avec les moteurs thermiques pour les nouvelles immatriculations dès 2025. Soit dix ans avant l’Union européenne.

[À lire aussi Norvège : 19 des 20 voitures les plus vendues en janvier étaient électriques]

A titre de comparaison, le tout-électrique a représenté 12,1% des ventes de voitures neuves en 2022 dans l’UE, contre 9,1% un an plus tôt, selon des statistiques publiées mercredi par l’Association des constructeurs européens (ACEA).

Commercial dans un groupe de cosmétiques, Philip Benassi a franchi le pas vers l’électrique en 2018. Dans sa rutilante Tesla S, ce Norvégien de 38 ans avale entre 20 et 25.000 kilomètres par an.

Comme la plupart des nouveaux « elbilister » –propriétaires de voiture électrique–, il a lui aussi connu à ses débuts l’angoisse de voir l’indicateur de batterie chuter rapidement.

Avec le spectre de tomber à zéro, l’équivalent de la panne sèche, sur une route de campagne déserte.

« Je ne connaissais pas suffisamment la voiture. Mais après toutes ces années, je sais à peu près combien de kilowatts elle consomme et que ça varie selon qu’elle a dormi dehors ou dans un garage », témoigne-t-il.

« L’hiver, la capacité des batteries baisse. Si la voiture est restée dehors à des températures entre -10/-15°C, on utilise beaucoup plus de batterie et ça prend pas mal de temps avant que la consommation redevienne normale », explique-t-il.

A la saison froide, la perte d’autonomie dépend du modèle du véhicule et de la sévérité du coup de froid.

« Mais la règle générale, c’est qu’un gel d’environ -10°C réduira l’autonomie d’environ un tiers par rapport à une météo estivale et qu’un gel sévère (-20°C ou plus) jusqu’à la moitié », explique le consultant finlandais, Vesa Linja-aho.

« En stationnant la voiture dans un garage chauffé, on peut atténuer un peu ce phénomène », ajoute l’expert.

Fiscalité verte

Quand recharger ? Où ? De combien ? Ces questions hantent les primo-utilisateurs. Tout est question d’habitude et de planification avant les longs trajets.

Les différentes applications des constructeurs automobiles et le vaste réseau norvégien de points de recharge rapide et super-rapide –plus de 5.600– aident heureusement à résoudre l’équation.

Signe que le problème est loin d’être insurmontable, les voitures électriques ont représenté 54% des nouvelles immatriculations l’an dernier au Finnmark, région la plus septentrionale du pays. Située en plein cœur de l’Arctique, elle détient un record national qui fait froid dans le dos: le mercure y est tombé à -51°C.

D’autres pays nordiques habitués aux températures négatives, comme l’Islande (33,3% des immatriculations en 2022) ou la Suède (32,9%), sont aussi dans le peloton de tête mondial de la voiture tout-électrique.

« De plus en plus de voitures électriques ont des systèmes de préchauffage des batteries, ce qui est malin parce que cela accroît l’autonomie et la voiture recharge plus rapidement si elle est chauffée », souligne Christina Bu, secrétaire générale de l’Association norvégienne des véhicules électriques.

« En fait, quand il fait très, très froid, que les températures sont glaciales, il arrive que les voitures diesel ne peuvent pas démarrer contrairement aux voitures électriques », note-t-elle.

Les Norvégiens ont en tout cas pris le pli: plus de 20% de leurs voitures en circulation roulent désormais à l’électricité propre –autre bon point–, car quasi exclusivement d’origine hydraulique.

La politique norvégienne est volontariste avec des moteurs thermiques fortement taxés contrairement à l’électrique –même si le gouvernement commence à rogner ces avantages financiers afin de combler un manque à gagner estimé à près de 40 milliards de couronnes (3,8 milliards d’euros) l’an dernier.

« La recette du succès en Norvège, c’est la fiscalité verte », résume Christina Bu. « On taxe ce qu’on n’aime pas, les voitures à combustion fossile, et on encourage ce qu’on aime, les voitures électriques. C’est aussi simple que cela », ajoute-t-elle.

Et « si la Norvège peut le faire, tout le monde peut le faire ».

© AFP

3 commentaires

Ecrire un commentaire

    • Chris

    Oui alors on devrait commencer l’article par un cours d’économie et expliquer le niveau de vie norvégien et pourquoi dans le détail….
    Parce que l’argent des norvégiens vient du pétrole….

    • Rochain Serge

    Et « si la Norvège peut le faire, tout le monde peut le faire ».
    ??????
    On n’est pas tous aussi bien servis par la nature avec une hydraulique aussi démentielle que la leure, mais on aimerait bien.
    Tout le monde peut certainement le faire, mais pas avec les mêmes moyens, ni au même coût, ni aussi vote, mais je ne desesêre pas.
    De toutes les façons, quand on aura raclé les fonds de tiroire des sources d’énergies fossiles et de l’uranium, ce qui ne saurait tarder, il faudra bien le faire, ou disparaitre !

    • Rochain Serge

    @Chris,
    Vous vous trompez de raison. Ce n’est pas parce qu’ils sont riches grace au pétrole qu’ils ont une électricité propre et bon marché d’une part et qu’ils choisissent les VE plutôt que les VT. Si c’était le cas tous les pays riches auraient de l’électricité propre et roulerait en VE (Les émirats, les Suisses, les luxembourgeois….).
    Ils ont une électricité propre parce qu’ils ont une solution hydraulique qui leur fourni 95% à peu pres de leur électricité. Et ils roulent VE parce que leur électricité n’est pas plus cher que le pétrole et le gaz dont ils sont pourtant bien pouvus d’une part, et d’autre part parce qu’ils souhaitent décarboner les transports qui est un poste important d’émission de CO2. En France, le transport est émetteur de plus du tiers de nos émissions, il est donc aussi important de les convertir à l’électricité, vous ne croyez pas ?
    https://www.editions-complicites.fr/pages-auteurs/serge-rochain/