Climat: les huit dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées

climat

Des feuilles de chêne desséchées par les fortes températures, le 22 septembre 2022 à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence) © AFP/Archives Nicolas TUCAT

Paris (AFP) – Les huit dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées dans le monde, dépassant toutes de plus de un degré les températures de l’ère pré-industrielle, selon le rapport annuel du programme européen sur le changement climatique Copernicus (C3S) publié mardi.

Au niveau mondial, l’année écoulée se classe au cinquième rang, seulement battue par des années récentes, et a encore été marquée par un cortège de phénomènes extrêmes qui illustrent les conséquences du réchauffement climatique.

En dépit de l’influence refroidissante du phénomène climatique La Niña, l’année 2022 est « environ 1,2°C » plus chaude que la période 1850-1900, avant que la révolution industrielle ne produise ses effets sur le climat, affirme le C3S.

En Europe, continent où le réchauffement observé est le plus rapide, 2022 se classe comme la « deuxième année la plus chaude », mais les mois d’été constituent un nouveau record pour tout le continent, très largement battu en Grande-Bretagne et aggravé par un déficit de pluie exceptionnel en Espagne, France ou Portugal.

température france
2022, deuxième année la plus chaude en Europe
© AFP Valentin RAKOVSKY

Dans ces pays, ainsi qu’en Suisse, Croatie ou Bosnie-Herzégovine, l’année 2022 dans son ensemble constitue même un nouveau record absolu de chaleur depuis le début du relevé des mesures.

De « grandes parties du Moyen-Orient, d’Asie centrale et de Chine, de Nouvelle-Zélande, d’Afrique du Nord et de la Corne de l’Afrique » ont aussi établi un nouveau record annuel, acte le C3S.

[A lire aussi Les effets néfastes inattendus sur le climat de l’objectif de l’Accord de Paris de limiter l’élévation des températures à 1,5°C]

« Conséquences dévastatrices »

Outre les températures, la planète a subi une avalanche d’événements extrêmes, rappelle le rapport: inondations historiques au Pakistan après une vague de chaleur printanière exceptionnelle, canicules et méga-feux de forêts en Europe de l’Ouest, canicules estivales aussi dans le centre et l’est de la Chine, inondations dévastatrices au Nigeria, sécheresse dans la Corne de l’Afrique, etc.

En raison de La Niña, l’est de l’Australie a connu en revanche des températures relativement plus froides que la moyenne et de très fortes pluies.

Dans l’Antarctique, « l’étendue de la glace de la mer Antarctique a atteint un plancher record ou quasi record » après avoir atteint en février 2022 « le minimum jamais enregistré en 44 ans d’observations satellite ».

« 2022 a été une nouvelle année de phénomènes climatiques extrêmes » qui « montrent que nous subissons déjà les conséquences dévastatrices du réchauffement de notre planète », a commenté Samantha Burgess, cheffe adjointe du C3S.

graphe anomalies température mondiale
Anomalies de température dans le monde
© AFP Julia Han JANICKI

Ces conclusions « démontrent clairement que pour éviter les pires conséquences, la société devra à la fois réduire d’urgence les émissions de carbone et s’adapter rapidement à l’évolution du climat », a-t-elle ajouté.

[A lire aussi Quel lien entre tempêtes hivernales et réchauffement climatique ?]

 

« Chaos climatique »

Le rapport confirme les prévisions de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), publiées en novembre et qualifiés alors de « chronique du chaos climatique » par le chef de l’ONU António Guterres.

La température moyenne mondiale sur la décennie 2013-2022 est estimée à 1,14°C au-dessus de celle de l’ère préindustrielle.

L’Accord de Paris, conclu en 2015 sous l’égide de l’ONU, vise à limiter le réchauffement bien en dessous de 2°C, si possible 1,5°C. Alors que la science a prouvé que chaque dixième de degré multiplie les événements météorologiques extrêmes, la cible plus ambitieuse de +1,5°C est devenu l’objectif à « maintenir en vie ».

Pour y parvenir, les pays du globe doivent toutefois tenir leurs objectifs de réduction des gaz à effets de serre.

Or en 2022, les concentrations de dioxyde de carbone (CO2) relevées dans l’atmosphère ont atteint un nouveau record de « 417 partie par million (ppm) » avec une augmentation annuelle « d’environ 2,1 ppm, soit un taux similaire à celui des dernières années », note le programme européen.

Les concentrations de méthane, au pouvoir réchauffant plus intense mais plus bref, sont désormais à 1894 parties par milliards (ppb). Elles ont augmenté « de près de 12 ppb, ce qui est supérieur à la moyenne, mais inférieur aux records des deux dernières années », précise-t-il encore.

Anomalies de température en 2022
© AFP Simon MALFATTO

© AFP

A lire aussi  Réchauffement climatique: les insectes ravagent toujours plus au nord les forêts boréales

 

2 commentaires

Ecrire un commentaire

    • Jean-Pierre Bardinet

    Il y a deux façons de présenter les évolutions climatiques, sachant qu’il y a un plateau de TMAG (température moyenne annuelle globale) depuis 20 ans : https://www.woodfortrees.org/plot/uah6/from:2002
    Soit, comme le fait cet article, on parle d’années les plus chaudes (sans préciser de combien de dixièmes ou de centièmes de degrés) depuis x années, et on impute gaillardement tout événement météo plus ou moins intense à un supposé réchauffement du climat, soit on présente la dynamique d’évolution de la TMAG qui montre qu’il n’y a plus de réchauffement global depuis 20 ans. La première technique est manipulatrice, procède de la propagande de la peur, et a pour but de faire croire qu’il y a un réchauffement du climat qui est responsable de catastrophes météorologiques toujours plus terrifiantes. La seconde est rationnelle, sans idéologie, et elle permet de constater que le réchauffement de 0,8°C en 140 ans a cessé depuis 20 ans et donc qu’aucun événement météo ne peut lui être imputé.

    • Jean-Pierre Bardinet

    « Alors que la science a prouvé que chaque dixième de degré multiplie les événements météorologiques extrêmes, la cible plus ambitieuse de +1,5°C est devenu l’objectif à « maintenir en vie ». La science n’a rien prouvé du tout. Bien au contraire ! L’histoire du passé a montré que ce sont les périodes plus chaudes qui réduisent le nombre et l’intensité des événements météorologiques extrêmes.