Eolien: abandon d’un projet flottant pilote au large de Belle-Ile

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"Floatgen", la première éolienne flottante au large de la Turballe en Loire-Atlantique, le 28 septembre 2018. © AFP/Archives SEBASTIEN SALOM GOMIS

Paris (AFP) – Shell qui, avec deux partenaires, devait installer au large de Groix et Belle-Ile-en-Mer un site pilote d’éoliennes flottantes, a décidé d’abandonner son projet, en raison de la hausse des coûts et de « défis techniques et financiers », un retrait qui pour le gouvernement ne remet pas en cause les avancées de la France dans l’éolien flottant.

Ce projet de 300 millions d’euros, attribué sur appel d’offres en 2016, était porté par un consortium réunissant Shell, la Banque des territoires (Caisse des dépôts) et le chinois CGN.

Il « a été confronté à plusieurs défis techniques, commerciaux et financiers, le tout dans un contexte de coûts en constante augmentation et de contraintes très fortes, en termes d’inflation et de chaîne d’approvisionnement », a expliqué le consortium dans un communiqué mardi, confirmant une information des Echos.

« Les conditions économiques liées au projet ont été significativement modifiées, remettant en cause, pour l’ensemble des partenaires du consortium la viabilité économique du projet », a-t-il ajouté.

Le projet breton devait permettre de tester trois éoliennes flottantes, technologie vue comme l’avenir de l’éolien en mer car permettant d’installer des parcs plus en profondeur, donc notamment plus loin des côtes, que les éoliennes rivées dans le plancher marin.

Trois autres fermes pilotes flottantes sont annoncées en France, toutes en Méditerranée. Ainsi par exemple, les flotteurs du projet prévu au large de Port-St-Louis-du-Rhône (Bouches-du-Rhône) ont-ils été dévoilés lundi.

Parcs commerciaux 10 fois plus gros

Le projet s’est en particulier heurté au retrait des turbiniers General Electric (GE), puis Vestas, qui devaient fournir les éoliennes de 6 mégawatts (MW), puis du fabricant de flotteurs Naval Group, qui a cédé son activité dans l’éolien flottant.

Shell avait repris le projet en 2019 en rachetant la société Eolfi, ex-filiale de Veolia et pionnier de l’éolien flottant.

« L’Etat regrette l’abandon du projet, qui est la conséquence notamment de l’arrêt de production par Vestas des turbines devant alimenter le parc », a réagi le ministère de la Transition énergétique. Ce projet, « qui devait initialement être en service en 2018, a été retardé plusieurs fois, notamment avec le départ de Naval Group qui constituait le référent industriel du projet ».

« Pour autant, les trois autres fermes pilotes seront bien mises en services dans les deux ans qui viennent, alors que la France s’est mis en ordre de marche très tôt (depuis bientôt 8 ans) pour structurer une filière forte de l’éolien flottant », ajoute le ministère, qui rappelle aussi le lancement cette année d’appels d’offres commerciaux pour des parcs flottants 10 fois plus gros que les pilotes, un au sud de la Bretagne et deux en Méditerranée.

L’Etat a aussi alloué via le plan France 2030 près de 300 millions d’euros en soutien au développement des technologies et installations industrielles et portuaires nécessaires à la montée en puissance d’une filière hexagonale.

La France, qui doit inaugurer dans quelques jours son tout premier parc éolien (80 éoliennes posées sur le fond) face à Saint-Nazaire, compte sur la technologie flottante pour pouvoir répondre à ses ambitions: quelque 40 gigawatts (environ 50 parcs) d’ici 2050.

© AFP

2 commentaires

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    • Matthias Heilweck

    Les milliards dévolus à l’impasse nucléaire mortifère seraient les bievenus pour accélérer la mise en place de l’éolien flottant offshore. Le « en même temps » montre ses limites.

    • Rochain Serge

    Je n’ai jamais lu autant d’article sur l’abandon d’un projet industriel par un des acteur du secteur quel qu’il soit, ce qui est pourtant monnaie courante dans tous les domaines. Dans la plupart d’entre eux l’auteur y voit le signe d’un désintéret pour l’éolien en mer, quand il n’y voit pas directement la preuve. Etonnant non ? Dans un autre domaine (mais finalement pas si éloigné, car bousculant lui aussi le paradigme), l’abandon par Dyson (par exemple mais il n’a pas été le seul) de la voiture électrique aurait été la preuve de la faillite imminente de la voiture électrique.