Les objectifs climatiques de Biden entravés par des revers

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Joe Biden à la Maison Blanche le 12 juillet 2022 © GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP POOL

Washington (AFP) – Plus que tout autre président américain avant lui, Joe Biden a affirmé sa détermination à lutter contre le changement climatique, une « menace existentielle ». Après plusieurs revers cet été, il entend rassurer mercredi sur ses engagements en martelant ses objectifs environnementaux, qu’il a pourtant grand peine à concrétiser.

Le point sur les mesures prises après un an et demi de mandat, et ce qui bloque pour aller plus loin.

Quels buts?

En avril 2021, Joe Biden a promis de réduire les émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis de 50 à 52% d’ici 2030, par rapport à 2005.

Un objectif pris dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat, et qui doit permettre à la première économie mondiale d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

Pour le secteur énergétique spécifiquement, qui représente environ un quart des émissions de gaz à effet de serre du pays, Joe Biden veut ramener à zéro les niveaux de pollution dès 2035.

En ce qui concerne les transports, qui représentent eux aussi environ un quart des émissions, Joe Biden a fixé pour objectif que la moitié des voitures vendues aux Etats-Unis en 2030 soient électriques.

Où en est-on ?

Une victoire a été engrangée en novembre 2021 avec l’adoption au Congrès américain d’un grand plan de modernisation des infrastructures, qui comprenait des mesures comme la construction d’un réseau de bornes de chargement pour les véhicules électriques, ou d’adaptation face aux catastrophes naturelles devenues plus fréquentes.

Le gouvernement démocrate a également agi sur le plan réglementaire, par la voie de l’Agence fédérale pour la protection de l’environnement (EPA).

Celle-ci a notamment adopté en décembre 2021 de nouvelles normes fédérales d’émissions de gaz à effet de serre pour les voitures vendues à partir de 2023.

De plus, elle travaille sur une nouvelle réglementation visant à nettement réduire les émissions de méthane (un puissant gaz à effet de serre) de l’industrie pétrolière et gazière.

Certains États américains ont par ailleurs pris le sujet à bras le corps, sans attendre l’État fédéral pour agir. Par exemple la Californie, où toutes les nouvelles voitures vendues en 2035 devront être électriques.

Malgré cela, sans actions supplémentaires, les émissions des Etats-Unis ne seront réduites que de 24% à 35% d’ici 2030, et non de moitié comme visé, selon un récent rapport du Rhodium Group.

Le gouvernement Biden a en outre des revirements à son compteur. Alors qu’un moratoire sur les nouveaux forages pétroliers et gaziers sur les terres fédérales avait été décrété, la décision a été invalidée par un juge. Depuis, l’État américain a attribué de nombreux permis de forage, notamment depuis l’augmentation des prix à la pompe, après l’invasion russe en Ukraine.

Quels obstacles ?

Le programme climatique de Joe Biden a pris un très sérieux coup dans l’aile avec l’annonce du sénateur démocrate Joe Manchin qu’il ne soutiendrait pas le plan d’investissement « Build Back Better » (Reconstruire en mieux).

Après un premier refus de M. Manchin fin 2021, les négociations avaient repris sur une enveloppe plus restreinte de quelque 555 milliards. Mais l’élu de Virginie-Occidentale, État connu pour ses mines à charbon, y a également coupé court la semaine dernière, arguant de dépenses inconsidérées par temps d’inflation.

Sans son vote, la loi ne peut passer l’étape du Sénat, où les démocrates ne disposent que d’une ultra-courte majorité. Sont ainsi enterrés avec elle des crédits d’impôt considérables pour les producteurs et consommateurs d’énergie éolienne, solaire et nucléaire, qui étaient destinés à faire évoluer l’économie américaine vers des sources d’énergie propres.

Autre revers subi cet été: la Cour suprême américaine a limité fin juin la capacité de l’agence fédérale EPA à réguler les émissions des centrales électriques. Une limitation générale des émissions les concernant, entraînant la fermeture de centrales à charbon, nécessiterait l’approbation du Congrès, selon les juges. Mais des restrictions centrale par centrale restent possibles.

Selon John Kerry, émissaire américain pour le climat, cette décision laisse une marge de manœuvre au gouvernement Biden pour accomplir ses objectifs.

Pour aller plus loin, certains élus démocrates réclament du président qu’il déclare l’état d’urgence climatique, qui lui accorderait des pouvoirs d’action supplémentaires. La Maison Blanche a laissé la porte ouverte à une telle mesure, tout en précisant qu’elle n’était pas au programme cette semaine.

© AFP

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