« Inimaginable »: quand l’Autriche renoue avec le charbon

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La centrale à charbon de Fernitz-Mellach, le 24 juin 2022 en Autriche © AFP JOE KLAMAR

Mellach (Autriche) (AFP) – Les derniers morceaux de charbon ont quitté la centrale il y a quelques mois à peine.

Il va falloir désormais en racheter: face au gaz russe qui manque, le gouvernement autrichien a décidé de rouvrir le site.

« Jamais je n’aurais imaginé que nous redémarrerions l’usine », confie Peter Probst, soudeur de 55 ans, encore sous le choc de l’annonce.

« C’est vraiment triste d’être aussi dépendant du gaz », souffle-t-il lors d’une visite des lieux, dans la commune de Fernitz-Mellach (sud).

Il montre un vaste terrain vide. De petits moineaux sautillent dans des flaques, vestiges d’un orage de la veille, des fleurs jaunes apparaissent çà et là.

Avant la fermeture au printemps 2020, tout un symbole pour un pays visant 100% d’électricité d’origine renouvelable d’ici 2030, 450.000 tonnes de charbon y étaient stockées.

Au milieu d’un paysage bucolique, parsemé de champs de maïs et de citrouilles, avec au loin la ville de Graz, se dresse la cheminée blanche et rouge.

A l’intérieur, les murs sont noirs, la poussière reste accrochée aux portes et aux rambardes.

Les araignées ont pris leurs aises, tissant leurs toiles sur les convoyeurs à bande auparavant utilisés pour transporter le charbon.

Si les autres centrales d’Autriche ont déjà été démantelées, celle-ci est quasi intacte et peut être prête dans « quatre mois environ », selon Christof Kurzmann-Friedl, responsable du site exploité par le fournisseur Verbund.

Juste à temps pour aborder l’hiver.

Solution d’urgence

De l’Allemagne aux Pays-Bas, le charbon, en net déclin en Europe au nom de la lutte contre le changement climatique, connaît un regain d’intérêt devant la baisse des livraisons de gaz russe et le risque de pénurie en Europe.

Une tendance qui suscite l’inquiétude des défenseurs de l’environnement.

Dans le cas de l’Autriche, il s’agit d’une mesure qui ne sera mise en oeuvre qu’en cas « d’urgence », a rappelé lundi devant la presse étrangère le chancelier conservateur Karl Nehammer, une semaine après avoir pris cette décision en concertation avec ses partenaires écologistes.

« Cela montre à quel point nous vivons une période extraordinaire », a-t-il justifié.

En cas de problème d’approvisionnement, cette centrale d’une puissance de 230 mégawatts prendrait le relais de l’usine adjacente fonctionnant au gaz, qui fournit actuellement du chauffage aux 300.000 habitants de Graz, explique M. Kurzmann-Friedl.

Il prévient cependant que la tâche ne sera pas facile.

Il faut d’abord « moderniser » le site, embaucher du personnel supplémentaire « doté du savoir-faire » et surtout trouver suffisamment de charbon.

Celui-ci venait en général du bassin minier de Silésie, en Pologne, mais « maintenant il faudra se le procurer » dans des contrées plus lointaines et à un prix bien plus élevé qu’en 2020, prévient le responsable.

Dans l’opposition, les critiques ont fusé, les sociaux-démocrates fustigeant « un acte de désespoir des Verts ».

« La prochaine étape sera-t-elle la réactivation de Zwentendorf », ont ironisé les partis, en référence à l’unique centrale nucléaire du pays, qui devait entrer en service en 1978.

Finalement, l’Autriche a interdit l’atome et elle n’a jamais fonctionné.

© AFP

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