La nouvelle vie de vieux snowboards transformés en skateboards éco-responsables

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Les co-fondateurs de Nok Boards, Adrien Reguis (g) et Vincent Gelin dans leur atelier où ils transforment des vieux snowboards en skateboards haut de gamme et éco-responsable, le 11 mai 2022 près de Grenoble © AFP JEAN-PHILIPPE KSIAZEK

Grenoble (AFP) – Comment réduire l’empreinte écologique de l’industrie des sports de glisse ? Deux jeunes entrepreneurs de Grenoble surfent sur la vague environnementale en transformant de vieux snowboards en skateboards haut de gamme et éco-responsables.

Dans leur petit atelier de Fontaine, en banlieue de Grenoble, les deux co-fondateurs de Nok Boards, Adrien Reguis, 41 ans et Vincent Gelin, 32 ans, collectent des planches de snowboard défectueuses ou usagées et leur offrent une nouvelle vie sous la forme de skateboards et divers autres objets d’usage courant (horloges, miroirs, porte-clés etc).

Des centaines de snowboards de toutes les couleurs sont sagement alignés contre un mur en attendant d’être « triés et classés par rigidité » puis de passer à la machine à découper.

Qu’il s’agisse des skis classiques ou des snowboards, « il n’existe actuellement pas de solution de fin de vie » pour ces produits et le matériau pourtant très sophistiqué qui les compose est donc gaspillé, déplore Adrien Reguis.

C’est ainsi que des milliers de planches finissent leur carrière jetées, enfouies, oubliées au fond d’un garage ou, « dans le meilleur des cas, brûlées ». Le monde de la glisse est « une industrie très polluante », admet l’entrepreneur qui revendique pour sa part de longue date une « fibre écologique ».

Recycler les vieux snowboards permet d’économiser des ressources en amont et de tendre vers le zéro déchet. Récupérés auprès des fabricants ou de particuliers, les snowboards sont découpés aux mesures requises et transformés dans l’atelier, puis mis en vente en ligne et dans une vingtaine de magasins en France.

Meubles design

Les skateboards ainsi fabriqués sont tous différents, attirant une clientèle à l’affût de beaux objets et au départ pas forcément très sensibilisée aux questions environnementales. Conçus pour se déplacer (et non pour usage dans les skateparks), ils sont plus résistants et légers que leurs concurrents classiques et mis en vente à un prix « de marché », affirment leurs concepteurs (entre 200 et 300 euros).

Les deux associés, qui se sont lancés en 2017, en écoulent plusieurs centaines par an, auxquels s’ajoutent divers meubles ou objets sur mesure fabriqués avec les chutes de matériau.

Le projet a vu le jour alors que les deux jeunes ingénieurs travaillaient près de Grenoble dans la recherche et développement snowboard du fabricant de skis Rossignol.

N’ayant pu développer leur idée au sein du groupe, ils « partent avec le projet » et se lancent avec l’aide d’un incubateur spécialisé dans les questions sociales et environnementales, Ronalpia.

Actuellement tributaires des volumes récupérés, ils espèrent à terme accroître leur production en récupérant plus de snowboards grâce à l’évolution de la loi, qui va prochainement imposer à la filière sport de valoriser les matériels usagés, notamment avec la mise en place de collectes dans les lieux de vente d’articles de sport et loisirs.

Ils espèrent ainsi également « diversifier leur partie mobilier » afin de pouvoir réutiliser « 100% des snowboards » en créant des meubles design fabriqués avec de vieux skis ou snowboards.

Pour l’heure, et si une certaine prise de conscience environnementale est en train de s’opérer du côté des marques de glisse et des athlètes, le cheminement de l’entreprise reste complexe, admet Adrien Reguis. « On a essuyé beaucoup de plâtres. Il manque encore des maillons dans la chaîne », sourit-il.

© AFP

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