La pollution fait toujours neuf millions de morts prématurés dans le monde

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Incendie dans une immense décharge à ciel ouvert à Chennai, en Inde, le 29 avril 2022 © AFP Arun SANKAR

Paris (AFP) – La pollution était responsable de la mort prématurée de neuf millions de personnes en 2019, selon une étude publié mercredi dans la revue Lancet, un bilan qui ne s’améliore pas, principalement à cause de la mauvaise qualité de l’air et des polluants chimiques, plomb notamment.

Quatre ans après un premier rapport, la situation n’a pas évolué: environ une mort prématurée sur six dans le monde est liée à la pollution, déplore la Commission sur la pollution et la santé du Lancet.

La pollution et les déchets créés par les humains rejetés dans l’air, l’eau et le sol tuent rarement directement, mais sont à l’origine de graves maladies du cœur, de cancers, de problèmes respiratoires ou de diarrhées aiguës.

« Les effets sur la santé restent énormes et les pays à faible et moyen revenus en subissent le poids », résume l’auteur principal et codirecteur de la commission Richard Fuller.

Ils concentrent en effet 92% de ces décès et la majeure partie des pertes économiques qui en découlent.

« L’attention et le financement n’ont que très peu augmenté depuis 2015, malgré une augmentation bien documentée des préoccupations du public en matière de pollution et de ses effets sur la santé », se lamente-t-il, cité dans un communiqué.

Si les décès prématurés liés aux types de pollutions associées à l’extrême pauvreté sont en repli, ceux liés à la pollution de l’air et à la pollution par produits chimiques augmentent.

« L’effet de la pollution sur la santé reste bien plus important que celui de la guerre, du terrorisme, de la malaria, du VIH, de la tuberculose, des drogues et de l’alcool, et le nombre de morts causées par la pollution rivalise avec celles causées par le tabac », est-il souligné.

En 2019, 6,7 millions des morts prématurées sont attribuables à la pollution de l’air, 1,4 million à la pollution de l’eau, 900.000 au saturnisme.

« Le fait que la situation du plomb s’aggrave, principalement dans ces pays plus pauvres, et s’accélère en termes de nombre de décès, est horrible », s’est inquiété M. Fuller auprès de l’AFP.

Une exposition à la substance toxique peut, par ailleurs, générer des retards dans le développement cognitif des enfants.

Si la mortalité liée à la pollution au sein du foyer (liée à la combustion de carburants ou à des problèmes d’eau ou d’hygiène) a reculé, particulièrement en Afrique, les formes « modernes » de pollution pèsent largement plus qu’il y a vingt ans. En 2000, les décès prématurés liés à la pollution de l’air ambiant s’élevaient à 2,9 millions, et 4,5 millions en 2019.

Particules fines et ozone dans l’air, exposition au plomb, à des carcinogènes dans le cadre de son travail, pollutions chimiques dans l’environnement, gagnent du terrain, surtout en Asie.

« Si nous ne parvenons pas à nous développer d’une manière propre et écologique, alors ce que nous faisons est terriblement mauvais », a confié M. Fuller à l’AFP.

© AFP

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    • Claude Courty

    Mourir ou ne pas naïtre ?
    Comme chaque représentant du vivant, « avant toute autre considération, l’être humain est un consommateur » Gaston Bouthoul (1896-1980). Parce qu’il doit impérativement ne serait-ce que se nourrir, se vêtir, se loger et se soigner, il l’est depuis sa conception jusqu’après sa mort – les marchés du prénatal et du funéraire en attesteraient s’il en était besoin – et il se double d’un producteur dès qu’il est en âge de travailler. Il est ainsi un agent économique au service de la société, aux dépens de son environnement. Et plus le nombre de ces agents augmente, plus leurs besoins s’accroissent – outre ceux qu’ils s’inventent toujours plus nombreux – ; plus ils produisent, consomment, échangent et s’enrichissent, avec l’aide du progrès scientifique et technique, quelles que soient les conditions du partage de leurs richesses.

    Qu’il s’agisse de gestion de ressources non renouvelables comme de déchets, ou de pollution, les atteintes à l’environnement augmentent d’autant et s’ajoutent aux effets des caprices d’une nature jamais avare de catastrophes inopinées ou cycliques.

    Tous les malheurs du monde que l’homme a la capacité de maîtriser en découlent et sont aggravés par le caractère incontournablement pyramidal de sa société, dû aux faits : 1° – que richesse et pauvreté existent l’une par l’autre, dans leur relativité – sans riches point de pauvres et réciproquement ; 2° – que les hasards de sa naissance assignent à chacun sa place au sein de cette pyramide sociale, quels que soient les aléas heureux ou malheureux de son existence par la suite ; et 3° – que pour des raisons purement structurelles, toujours liées au caractère pyramidal de toute société fondée sur l’interdépendance hiérarchisée de ses membres, comme l’est celles de l’humanité, les pauvres s’y multiplient à une cadence qui est moyennement 6 fois celle des riches. C’est dans ces conditions, que sous la pression de 220 000 êtres humains qui viennent de nos jours s’ajouter quotidiennement à la population mondiale, la pyramide sociale s’atrophie toujours plus et que son sommet s’éloignant incessamment de sa base, les écarts de richesse entre ses occupants se creusent inéluctablement d’autant.

    Or les êtres humains, en dépit de la conscience qu’ils ont d’eux-mêmes – à moins que ce soit précisément pour cette raison – prêtent peu attention à ces réalités. Sous l’emprise croissante de sentiments et d’émotions que leur dictent d’obscures peurs ataviques et une angoisse existentielle croissant avec le nombre et les difficultés de gouvernance qui en découlent, ils préfèrent, à l’observation de faits et chiffres incontestables, les dogmes lénifiants de croyances religieuses fondées sur le mystère et les certitudes de doctrines politiques et sociales qui en tiennent lieu pour les laïcs. Ceci d’autant que depuis qu’ils existent, certains d’entre eux ont compris ce qu’ils pouvaient tirer – ne serait-ce qu’en termes de gouvernance – de la spiritualité de leurs semblables : cette faculté dont ils ont su se doter pour tenter de s’expliquer ce qui leur est inaccessible, et que seule une patiente démarche scientifique semble en mesure de révéler.

    Des pouvoirs se sont ainsi établis, dans une concurrence privilégiant le nombre de leurs adeptes sur leur bien-être ici et maintenant. Et ces pouvoirs ne cessent eux-mêmes de croître et de se multiplier pour faire face à des désordres naturels aggravés par les exigences d’une espèce humaine dont la prolifération, proportionnelle à ses progrès matériels, se retourne contre elle ; d’où la naissance du dernier en date dont l’humanité est en train de se doter sous le nom d’écologie. Reste à espérer que cette écologie, entendue comme « doctrine visant à un meilleur équilibre entre l’homme et son environnement naturel ainsi qu’à la protection de ce dernier », saura en tenir compte dans l’extrême urgence.

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