Avec des caméras infrarouges, une ONG dénonce l’écoblanchiment de navires au GNL

camera blanchiment navire gnl

Le porte-conteneurs "CMA CGM Jacques Saade", le plus grand au monde propulsé au gaz naturel liquéfié (GNL) accoste dans le port du Havre, le 21 janvier 2021 © AFP/Archives Sameer Al-DOUMY

Paris (AFP) – L’ONG bruxelloise Transport & Environnement (T&E) remet en cause le côté « vert » des navires propulsés au gaz naturel liquéfié (GNL), prisés notamment par l’armateur français CMA CGM, car ils libèrent d’importantes quantités de méthane dans l’atmosphère, selon une enquête portant sur deux navires publiée mercredi.

[À lire aussi Réduction des gaz à effet de serre, n’oublions pas les gaz à effet de serre à durée de vie courte dont le méthane]

« Ces navires peuvent se draper de vert, mais sous le voile, la vérité est que la plupart des navires au GNL en service aujourd’hui sont plus nuisibles pour le climat que ceux qu’ils remplacent », pointe Delphine Gozillon, chargée du transport maritime au sein de T&E, une fédération européenne rassemblant une cinquantaine d’ONG, basée à Bruxelles.

« CMA CGM présente le GNL comme un carburant durable, mais garde le silence quand il s’agit du méthane. C’est ce que l’on peut appeler du flagrant délit de +greenwashing+ » (écoblanchiment), accuse-t-elle dans un communiqué.

Des images infrarouges, prises en novembre dernier avec une caméra spéciale dans le port de Rotterdam, aux Pays-Bas, montrent que du méthane non brûlé est libéré par les trois cheminées du porte-conteneurs « Louvre » de CMA CGM livré fin 2020, selon T&E.

L’ONG a également suivi le dragueur néerlandais Ecodelta. « Là encore, des émissions non brûlées ont été enregistrées, avec du méthane libéré par les deux cheminées d’échappement situées à l’avant du navire », écrit-elle.

Les navires au GNL sont présentés comme une alternative propre aux carburants traditionnels, mais le gaz est composé à 90% de méthane dont « l’impact sur le réchauffement climatique est plus de 80 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone sur une période de vingt ans », dénonce T&E.

« Nous sommes en pleine crise climatique. Nous ne pouvons pas nous permettre de rejeter davantage de méthane dans l’atmosphère », souligne Mme Gozillon, plaidant pour le développement de « solutions véritablement durables, basées sur l’hydrogène ».

« Notre enquête n’est qu’un petit échantillon, mais elle doit servir d’avertissement aux responsables politiques », ajoute-t-elle.

[À lire aussi Climat : les émissions de méthane largement sous-estimées, alerte l’AIE]

« Le GNL est aujourd’hui le meilleur carburant disponible à échelle industrielle permettant d’agir pour la transition énergétique du transport maritime », a quant à lui réagi CMA CGM.

L’armateur français basé à Marseille « a déjà identifié le sujet des imbrûlés de méthane, en fait le mesure depuis près de deux ans, et travaille activement à leur réduction avec ses partenaires motoristes », a indiqué un porte-parole à l’AFP, notant que la technologie, « en pleine évolution » est « sur une trajectoire d’amélioration continue ». Les émissions ont déjà diminué, selon lui.

Le passage au GNL était à l’origine principalement destiné à se débarrasser des émissions de souffre, plaie des navires utilisant du fioul lourd, a-t-on également remarqué.

© AFP

A lire aussi

Brittany Ferries va affréter début 2022 son premier navire au GNL

Gaz : cinq choses à savoir sur le GNL, sur lequel compte l’Europe

Transport maritime: l’OMI se penche sur de nouvelles règles environnementales

Le Royaume-Uni veut réduire à zéro les émissions du transport maritime mondial d’ici 2050

Ecrire un commentaire