Ukraine : le baril de Brent frôle 120 dollars, record depuis 2008 pour le WTI

envolée prix du pétrole

Un puits de pétrole en Californie, le 17 février 2022 © AFP/Archives Frederic J. BROWN

Londres (AFP) – Les cours du pétrole ont repris leur escalade jeudi, le WTI dépassant 115 dollars le baril, un record depuis 2008, et le Brent frôlant 120 dollars, toujours dopés par les incertitudes sur l’approvisionnement générées par la guerre en Ukraine.

Vers 09H00 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord, référence du brut en Europe, prenait 3,12% à 116,45 dollars après avoir grimpé jusqu’à 119,84 dollars. Le seuil des 120 dollars n’a pas été atteint depuis 2012.

Le West Texas Intermediate (WTI) coté à New York gagnait 3,16% à 114,09 dollars après avoir poussé jusqu’à 116,57 dollars, un nouveau sommet plus vu depuis septembre 2008.

La hausse des prix, qui s’explique par la guerre en Ukraine et une « prime de risque » sur l’offre pétrolière en provenance du géant russe, est accentuée « par l’incertitude (…) et l’ajustement de positions spéculatives », note Tamas Vargas, analyste de PVM.

Une semaine après le lancement de leur opération en Ukraine, les forces russes se sont emparées de leur première grande ville, Kherson, peu avant une deuxième session de discussions jeudi matin sur un cessez-le-feu entre négociateurs russes et ukrainiens.

« Il y a des peurs légitimes sur l’approvisionnement tendu généré par la crise en Ukraine, et le fait que l’occupant et l’occupé jouent un rôle clé dans le marché mondial de l’énergie », ajoute-t-il, la Russie étant le deuxième exportateur de pétrole brut au monde.

« Même si les sanctions occidentales n’ont pas été jusqu’à interdire les exportations russes, l’offre de brut et de produits pétroliers du pays a clairement été touchée », notamment « parce que les sanctions financières rendent impossibles de faire des achats de pétrole avec la Russie », souligne-t-il.

Les entreprises occidentales « s’auto-sanctionnent » en n’achetant plus de pétrole russe, et elles « préfèrent trouver d’autres solutions car le risque de sanction augmente proportionnellement à l’intensité de la guerre en Ukraine », affirme Ipek Ozkardeskaya, analyste pour la banque Swissquote.

Un « désinvestissement » et une « réduction de l’exposition au pétrole russe » qui permettront à l’Occident d’imposer plus facilement des sanctions sur l’énergie russe « si les sanctions réelles n’arrêtent pas la Russie dans son offensive« , explique l’analyste.

 

Tensions sur l’offre de brut

 

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) a décidé mercredi de s’en tenir à une ouverture des vannes au compte-gouttes malgré l’embrasement des cours, en augmentant son niveau total de production de 400.000 par jours pour le mois d’avril.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a quant à elle annoncé mardi la mise sur le marché de 60 millions de barils tirés des réserves de ses pays membres.

« L’Opep+ refuse de répondre à la forte hausse des prix du pétrole », et « le marché n’a pas été impressionné par la publication des réserves mondiales de brut de l’AIE », abonde Victoria Scholar, analyste pour Interactive Investor, aucune des annonces n’ayant eu d’effet d’apaisement sur les prix.

« L’attaque contre l’Ukraine a mis en évidence le niveau de dépendance de l’Occident vis-à-vis de la Russie en matière d’énergie et de matières premières », souligne l’analyste.

Par ailleurs, les autres matières dont la Russie est un important producteur restaient elles aussi sur une spirale haussière.

La tonne d’aluminium a atteint jeudi à 3.691,50 dollars sur le marché londonien des métaux de base (London Metal Exchange, LME), un nouveau sommet historique, quand le nickel a grimpé à 27.815 dollars la tonne, un record depuis 11 ans.

En 2021, la Russie était le troisième producteur d’aluminium au monde après la Chine et l’Inde, selon les données du World bureau of metal statistics, et exporte une grande partie de sa production vers la Turquie, le Japon, la Chine, les États-Unis et l’Union européenne. Elle est également un grand producteur de nickel, comme l’Indonésie.

© AFP

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