Le climat, prochain pari de Biden au Congrès ?

Joe Biden Maison Blanche climat négociation
Le président Joe Biden devant une pale d'éolienne à Arvada, dans le Colorado, le 14 septembre 2021 © AFP/Archives Brendan Smialowski

Washington (AFP) – Après avoir enchaîné les déconvenues au Congrès, Joe Biden pourrait parier sur un projet climatique pour tenter d’une pierre deux coups de sauver la planète… et sa présidence.

La semaine dernière, le dirigeant américain a annoncé que des efforts étaient en cours pour ressusciter le volet climatique de son gigantesque projet de dépenses sociales, enterré par le Sénat.

Ce plan prévoyait 555 milliards de dollars pour honorer les objectifs très ambitieux de Joe Biden sur les émissions de gaz à effet de serre, le plus grand investissement dans le climat jamais vu aux États-Unis.

« J’ai parlé à un certain nombre de mes collègues du Congrès », déclarait le président lors d’une conférence de presse. « Je pense que nous pourrions avoir du soutien » sur ce projet.

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Aussitôt, les élus démocrates de son camp ont commencé à s’activer en coulisses.

 

Voitures électriques

 

Car le pari de Joe Biden est audacieux.

Les États-Unis ont beau être touchés chaque année par des inondations meurtrières et des incendies ravageurs, le climat est bien bas dans la liste des préoccupations des ménages américains, loin derrière l’inflation ou la pandémie.

Pour engranger du soutien autour de son programme climatique, la Maison Blanche assure que le texte vise à remplir le porte-feuille des Américains.

Plutôt que des sanctions contre les pollueurs, les 555 milliards de dollars sont destinés à faire évoluer l’économie américaine vers des sources d’énergie propres, à commencer par des crédits d’impôt considérables pour les producteurs et les consommateurs d’énergie éolienne, solaire et nucléaire.

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Pour l’achat d’une voiture électrique fabriquée aux États-Unis, un Américain recevrait jusqu’à 12.500 dollars en crédits d’impôts. L’installation d’un panneau solaire sur son toit serait prise en charge à 30%.

Sans ce projet climatique, « il n’y a aucun doute qu’il serait bien plus difficile pour les États-Unis d’atteindre leurs objectifs » de la COP, soutient Debbie Weyl, vice-présidente aux États-Unis du World Resources Institute.

Les démocrates ne peuvent toutefois pour l’instant compter que sur les voix de leur camp, les républicains ayant fait part de leur opposition à ce projet.

Une porte-parole de la sénatrice Lisa Murkowski, une des voix modérées du camp conservateur, a indiqué à l’AFP qu’elle ne pourrait soutenir le texte en l’état, regrettant un processus « ultra partisan » qui « nuit délibérément » à son État, l’Alaska, très dépendant des énergies fossiles.

 

L’équation Manchin

 

La majorité du camp Biden au Sénat est si mince que l’avenir de cette législation repose donc entre les mains d’un seul sénateur démocrate : Joe Manchin, élu de Virginie-Occidental, un des Etats connu pour ses mines à charbon.

Certains collectifs de mineurs de son État se sont prononcés en faveur du volet climatique du président, qui prévoit notamment une aide pour les personnes souffrant d’une grave maladie des poumons provoquée par l’inhalation de poussières de charbon.

Mais le sénateur, déjà fossoyeur des derniers chantiers législatifs de Joe Biden, s’est maintes fois opposé à ce qu’il juge être de trop gros projets de dépenses, qui risquent selon lui d’alimenter l’inflation dont se plaignent ses électeurs.

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Un compromis pourrait être trouvé auprès des démocrates autour d’une addition un peu moins coûteuse.

« Je suis convaincu que les démocrates adopteront cette année un projet de loi sur le climat revu à la baisse, mais malgré tout conséquent », juge auprès de l’AFP Paul Bledsoe, conseiller climatique de l’ancien président Bill Clinton. « S’ils ne le font pas, les électeurs les puniront. »

Les démocrates n’ont plus que quelques mois pour agir avant les élections de mi-mandat, lors desquelles ils pourraient perdre leurs très minces majorités au Congrès, ce qui rendrait toute avancée législative encore plus périlleuse.

Joe Biden, qui se débat contre une cote de popularité en chute libre, n’a pas le droit à l’échec.

© AFP

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