COP26 : après les leaders mondiaux, place aux financiers et aux négociateurs

Le chancelier de l'Echiquier, Rishi Sunak, à la Cop26 à Glasgow le 3 novembre 2021. © AFP DANIEL LEAL-OLIVAS

Glasgow (AFP) – Au lendemain d’une annonce majeure faite par les grands de ce monde contre les gaz à effet de serre, place mercredi aux financiers et aux négociateurs, qui à la COP26 de Glasgow vont devoir discuter âprement des financements et des méthodes pour lutter contre le réchauffement climatique et aider les plus vulnérables à s’adapter à ses effets dévastateurs.

Avec dans le viseur un réchauffement de la planète limité à +1,5°C et l’idée que chaque dixième de degré compte, les pays sont sous pression pour en faire davantage, pour freiner le changement du climat d’un côté et protéger de l’autre les populations contre les catastrophes déjà en cours.

Le financement est le nerf de la guerre dans cette équation, et les pays en développement, frappés de plein fouet par les effets d’un dérèglement dont ils ne sont que marginalement responsables, demandent que soit enfin tenue la promesse vieille d’une décennie d’un financement de 100 milliards de dollars par an de la part des pays développés.

Le chancelier de l’échiquier du Royaume-Uni, pays hôte de cette conférence climat cruciale prévue jusqu’au 12 novembre, Rishi Sunak, a assuré mercredi que ce serait chose faite grâce à la COP26.

« Nous savons que vous avez été dévastés par la double catastrophe du Covid et du changement climatique », a-t-il dit devant la conférence. « C’est pourquoi nous allons satisfaire l’objectif de 100 milliards de dollars de finance climat aux pays en développement », a-t-il déclaré.

Une finance neutre en carbone ?

Côté secteur privé, on promet la neutralité carbone. Plusieurs centaines d’acteurs financiers (banques, assurances, gestionnaires d’actifs…) sont désormais engagés à atteindre cet équilibre entre émissions et absorption de carbone en milieu de siècle, a annoncé mercredi à la COP26 Mark Carney, qui pilote cette alliance mise en place sous la houlette de l’ONU.

Lancée il y a quelques mois, la « Glasgow Financial Alliance for Net Zero » (GFanz) réunit à présent 450 acteurs financiers de 45 pays représentant quelque 130.000 milliards de dollars d’actifs, selon l’émissaire des Nations unies et ancien gouverneur de la banque d’Angleterre.

Ces institutions s’engagent à la neutralité carbone d’ici 2050 « au plus tard », à « faire leur juste part dans une réduction des émissions de moitié au cours de cette décennie », et à réviser leurs objectifs tous les cinq ans.

Mais cette Alliance laisse sur leur faim les organisations non gouvernementales, qui soulignent qu’elle n’empêche pas les investissements dans le charbon ou le pétrole.

« Plus de 130.000 milliards de dollars, et pas une seule règle pour empêcher qu’un seul dollar soit investi dans l’expansion des énergies fossiles », responsables de l’essentiel du réchauffement, a souligné mercredi Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance.

Après deux journées de sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, une centaine de pays se sont engagés mardi à réduire drastiquement leurs émissions d’un gaz à effet de serre moins connu que le CO2 mais beaucoup plus puissant : le méthane (CH4).

Dissensions entre géants

Ces pays, qui représentent plus de 40% des émissions de méthane dues aux activités humaines (élevage, industrie pétrolière et gazière, production de déchets), visent une baisse d’au moins 30% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2020.

Signe de la difficulté de parvenir à des actions communes dans la lutte contre le changement climatique, de gros pollueurs comme la Chine, la Russie et l’Inde manquaient toutefois à l’appel. L’absence du géant économique chinois n’a pas manqué de faire des étincelles entre Washington et Pékin.

Peu avant de quitter Glasgow mardi soir, le président américain Joe Biden s’en est vivement pris à son homologue chinois Xi Jinping, estimant qu’il avait commis « une grave erreur » en ne venant pas en Ecosse et que la Chine ne pouvait « prétendre à un quelconque leadership » en « tournant le dos » à la crise climatique.

Au lever du jour mercredi, à Pékin, le porte parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, qualifiait ces propos de « mots creux ».

Les pays en développement et émergents, dont la Chine, font face à des « problèmes pratiques » pour atteindre ces « objectifs ambitieux », a fait valoir mercredi M. Wang, soulignant notamment un « manque de technologies » adaptées.

Moins d’émissions d’un côté, plus d’absorption naturelle de l’autre : près de cent pays abritant 85% des forêts mondiales, dont la Chine, s’étaient par ailleurs engagés mardi à enrayer la déforestation pour protéger ces poumons de la planète qui absorbent une grande partie du CO2.

© AFP

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Un commentaire

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    • ATSE

    Le porte-parole de la diplomatie chinoise dans son intervention a évoqué le problème que connaissent les pays émergents et en développement: le manque de technologie pouvant aider à assurer la transition écologique.
    Que font les paysans qui continuent avec la méthode de brûlure avec l’agriculture extensive,
    Que font ces fonctionnaires qui ne peuvent s’offrir de véhicules neuf, voire qui répondre aux exigences du moment, et qui se contenteront des marques d’occasion qui viendront envahir le marché des pays en voie de développement comme habituellement.
    Alors qu’il s’agit de tourner la page, mais aussi aider l’ensemble dans un mouvement d’ensemble à tourner la page si on veut vraiment que ça change.
    Mais lorsque les objets abandonnés dans les pays riches parce que ne répondant plus aux normes écologiques, continueront d’envahir le reste du monde, le monde ne serait pas en train de lutter contre le réchauffement climatique, mais bien au contraire, le déplacement du problème.
    Le changement d’habitude, de technique, de technologie, dans la transition écologique, ne doit pas se limiter à la seule lutte contre la déforestation, ou de production de méthane,
    Mais aussi de transfert de compétences et de technologie écologiques pour y parvenir.