Londres vend sa « révolution verte » pour récolter des milliards d’investissements

Le Premier ministre britannique Boris Johnson au "Global Investment Summit" le 19 octobre 2021 au Science Museum de Londres © POOL/AFP Leon Neal
Boris Johnson

Londres (AFP) – Le Royaume-Uni fait l’article mardi de sa « révolution verte » lors d’un sommet réunissant investisseurs et multinationales, espérant récolter des milliards de financements à quelques jours de la COP26, conférence mondiale sur le climat à Glasgow.

« Voici le plan : une révolution industrielle verte, dopée par les nouvelles libertés du Brexit », a vanté le Premier ministre Boris Johnson devant un parterre de dirigeants dont ceux des fonds d’investissements Blackstone et Blackrock, la directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) Ngozi Okonjo-Iweala, ou encore le milliardaire Bill Gates.

« J’ai cru comprendre que 24.000 milliards de dollars sont réunis dans cette salle. Et je veux dire à chacun de ces dollars : vous êtes les bienvenus au Royaume-Uni », a-t-il plaisanté.

Le Royaume-Uni, qui vise la neutralité carbone d’ici 2050, organise la COP26 en Écosse à partir du 31 octobre, et le gouvernement britannique multiplie les annonces.

Mais l’organisation pour la justice sociale Global Justice Now a dénoncé mardi un sommet qui selon elle s’apparente à du « greenwashing » et n’offre que de « fausses solutions » à la crise climatique.

L’énergéticien britannique Drax Group, qui exploite la plus grosse centrale à charbon encore en activité au Royaume-Uni, est notamment dans le collimateur de  l’ONG, qui affirme que ce dernier « a émis plus d’émissions que le Ghana en 2019 ».

Et quatre banques et gestionnaires d’actifs invités – BlackRock, JP Morgan Chase, Goldman Sachs et Barclays – « ont investi un total de 173 milliards de dollars dans les combustibles fossiles ces dernières années », dénonce aussi Global Justice Now.

Partenariat avec Bill Gates

Londres a annoncé mardi des accords d’investissements étrangers totalisant 9,7 milliards de livres pour soutenir cette « croissance verte », notamment un projet massif d’éoliennes offshore de l’espagnol Iberdrola.

Ces 18 accords doivent permettre de créer « au moins 30.000 emplois » et de « soutenir la croissance dans des secteurs clé comme les énergies éoliennes ou à base d’hydrogène, les logements durables, la capture et le stockage de CO2 », a précisé l’exécutif.

Boris Johnson et Bill Gates ont aussi annoncé un partenariat de 400 millions de livres sur dix ans, dont la moitié apportée par un programme d’investissements dirigé par le milliardaire et l’autre par le gouvernement britannique, afin de financer « la prochaine génération de technologies d’énergie propre ».

Le coût pour produire de l’hydrogène, du ciment ou du carburant pour avion sans polluer « est aujourd’hui très très élevé », a fait observer Bill Gates, qui s’exprimait mardi lors du sommet.

« Pour atteindre la neutralité carbone, nous devons réduire les coûts des technologies propres pour qu’elles puissent concurrencer et remplacer les produits très émetteurs (de carbone) utilisés aujourd’hui », a analysé le milliardaire.

La directrice générale de l’OMC Ngozi Okonjo-Iweala a quant à elle appelé mardi les institutions internationales à harmoniser la tarification du carbone, « qui vont de moins d’un dollar la tonne en Ukraine à plus de 130 dollars en Suède » jugeant que « pour les entreprises, c’est un peu un cauchemar pour s’y retrouver ».

Investissements chinois

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a également confié mardi qu’il entendait ne pas « écarter » les investissements chinois au Royaume-Uni, dans une interview à Bloomberg News. Un projet de stockage sur batteries de 50 mégawatts du groupe Huaneng fait partie des annonces de mardi.

« Cela ne signifie pas que nous devrions être naïfs » sur des questions comme la 5G ou le nucléaire, a-t-il ajouté.

Le gouvernement britannique a aussi annoncé lundi des subventions à hauteur de 5.000 livres pour aider à remplacer les chaudières à gaz par des systèmes moins polluants, comme des pompes à chaleur, dans le cadre d’un programme de 3,9 milliards de livres sur trois ans pour « décarboner » le chauffage et les bâtiments.

Le dispositif contribuera à l’objectif du gouvernement que toutes les nouvelles installations utilisent des technologies propres ou peu émettrices de carbones d’ici 2035, alors que le chauffage représente 21% de toutes les émissions de carbone du Royaume-Uni.

Le Chancelier de l’Echiquier britannique Rishi Sunak a par ailleurs annoncé lundi que certaines grandes entreprises devraient désormais publier leur impact environnemental.

Ces nouvelles exigences, qui s’appliqueront aussi aux régimes de retraites, produits d’investissements et propriétaires et gestionnaires d’actifs, aideront entreprises et particuliers « à savoir si leurs investissements sont en ligne avec la neutralité carbone ».

©AFP

Un commentaire

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    • michel CERF

    C’est vrai que les dollars sont verts , mais ….