Environnement : Se mettre au vert dans les musiques actuelles

La chanteuse américaine Billie Eilish aux MTV Video Music Awards, le 12 septembre 2021 à New York © AFP/Archives ANGELA WEISS
Billie Eilish

Paris (AFP) – Le chemin est encore long mais les préoccupations environnementales montent le son dans les musiques actuelles, des messages de sensibilisation de stars comme Billie Eilish aux petits gestes comme éviter l’autocollant superflu sur une pochette de vinyle.

Aujourd’hui, les collectifs concernés par les questions écologiques, du local à l’international, se multiplient dans la filière. « Alors qu’il y a 10 ans, c’était : ça va, on ne fabrique pas des porte-avions ! », rappelle Clémence Meunier, de la branche française de Music Declares Emergency (MDE), prenant la parole au forum sur la transition écologique du festival parisien MaMA (pour Marché des musiques actuelles).

MDE, parti d’Angleterre en 2019, est un mouvement d’artistes, de professionnels et de structures de la musique mobilisés pour déclarer l’état d’urgence au niveau climatique et écologique. MDE a rapidement fait parler de lui médiatiquement avec des signataires célèbres tels Billie Eilish ou Massive Attack. On voit actuellement sur le site le bassiste des Strokes ou encore Brian Eno arborer un t-shirt siglé « No music on a dead planet » (« Pas de musique sur une planète morte »).

L’idée est « de se servir de la voix des artistes, qui touchent peut-être plus facilement le public qu’un rapport des experts du Giec (groupe des experts climat de l’Onu), notre public est partout, rares sont les gens qui n’écoutent pas de musique », comme le résume au MaMA Clémence Meunier.

Des organismes comme MDE, comme le dit cette journaliste, s’attachent à « sensibiliser le public et les pros » sur des points comme « la mobilité ».

 Question des transports

Car « les transports sont la première source d’émission de gaz à effet de serre dans le spectacle vivant », comme le souligne au MaMA Solweig Barbier, cofondatrice de l’association Arviva (Arts vivants, Arts durables), née en 2020.

Du côté des pros, il s’agit comme elle le souligne de « rationaliser pour éviter de faire des tournées en Chine et aux USA à tire-larigot ». Le groupe Coldplay avait récemment promis de veiller à ses trajets aériens. Et du côté du public, il faut trouver des alternatives aux véhicules individuels.

Solweig Barbier illustre ce dernier point et une solution possible avec son autre casquette de secrétaire générale de la Grange au Lac, salle de spectacle à Evian-Les-Bains, construite à flanc de roche. « Personne ne va venir à vélo (sourire), donc il faut inciter les gens à prendre une navette où un pré-spectacle leur sera présenté ».

Elle insiste aussi sur les formes à mettre dans les messages à passer. « Je suis basée à Evian-Les-Bains, ville où on vend de l’eau dans des bouteilles en plastique, donc plutôt que dire « Il faut arrêter les bouteilles d’eau en plastique », on dit « Dans une gourde (réutilisable), l’eau est plus fraîche » ».

Question d’échelle

Ces différents collectifs, comme l’expose Mme Meunier, doivent mutualiser « les ressources et connaissances ». Mme Barbier acquiesce: « On (les pros de la filière) tourne dans les mêmes endroits, il faut donc trouver (et répertorier) des hôtels qui n’utilisent pas trop de linge (donc utilisent moins d’eau, de détergents…), n’allument pas la lumière inutilement, limitent l’usage du plastique, etc. ».

Présente à la table ronde, Lucie Bouchet-Dahan, chargée de missions dans la commercialisation culturelle et le développement durable appliqué au secteur, décortique aussi ce que chacun peut faire à son niveau: l’artiste « Emily Loizeau, pour ses vinyles, a évité le sticker (autocollant) qui ne sert à rien, c’est un bon exemple ».

Ces expertes présentes au MaMA sont lucides sur les défis à relever. « Quand, sans citer de nom, on arrive à 30.000 personnes par soir dans un festival, se pose la question de l’échelle et de la provenance du public, c’est encore un peu tabou », dit Mme Bouchet-Dahan.

Elles ne sont pas dupes non plus des déclarations d’intention de certains acteurs de la filière pour se donner bonne conscience. Trop souvent encore, « quand on pose la question « Qui veut du changement ? » Tout le monde dit « Oui ». Quand on dit « Qui veut changer ? » Il n’y a plus personne » », conclut Solweig Barbier.

© AFP

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