Éruption volcanique aux Canaries: impuissance face à l’avancée de la lave

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Le volcan Cumbre Vieja, sur l'île de La Palma dans l'archipel espagnol des Canaries, le 22 September 2021 © AFP DESIREE MARTIN

Los Llanos de Aridane (Espagne) (AFP) – La coulée de lave du volcan Cumbre Vieja, entré en éruption dimanche sur l’île de La Palma, dans l’archipel espagnol des Canaries, continuait mercredi d’avancer inexorablement vers l’océan Atlantique sous le regard impuissant des habitants, condamnés à constater les énormes dégâts.

Selon un dernier bilan fourni par le système européen de mesures géospatiales Copernicus, 154 hectares de terrain et 320 bâtiments ont été détruits par la lave, dont de nombreuses habitations abandonnées à la hâte par les habitants.

Face à cette situation, les pompiers ont engagé dans la nuit de mardi à mercredi une tentative désespérée pour tenter de dévier en direction d’un ravin la coulée de lave menaçant des habitations à Todoque, l’un des villages évacués par les autorités et la dernière localité avant la côte, distante de quelque 2 km à vol d’oiseau.

« Cela ne coûte rien d’essayer », ont lancé sur Twitter les pompiers, en publiant des images d’engins de chantier s’activant de nuit devant des gravats, à quelques centaines de mètres d’une coulée de lave rougeoyante.

Au total, 6.100 personnes ont été évacuées depuis le début de l’éruption, qui n’a, à ce stade, pas fait de victime. Parmi eux figurent 400 touristes « qui ont été éloignés des zones de risque » et installés à Tenerife, sur une autre île de l’archipel, ont précisé les autorités.

Les dégâts provoqués par l’éruption — la première depuis 1971 sur cette île peuplée de près de 85.000 habitants — dépasseraient les 400 millions d’euros, selon le président de la région des Canaries, Angel Victor Torres.

L’arrivée de la lave dans l’océan, redoutée par les autorités en raison des émanations de gaz toxiques et des projections qu’elle pourrait provoquer, était initialement prévue pour lundi soir, mais a été retardée en raison du ralentissement de la coulée.

« Au cours des dernières heures », la coulée « a beaucoup ralenti », expliquait mardi soir à l’AFP David Calvo, de l’Institut volcanologique des Canaries (Involcan), pour qui la jonction entre la lave et l’océan pourrait intervenir ce mercredi ou jeudi.

La lave se déplace désormais « à 300 mètres par heure, peut-être moins, parce qu’elle a atteint une zone très plate et qu’elle prend de la hauteur. Il y a des zones où elle fait déjà 15 mètres » de haut, a poursuivi ce volcanologue.

Le gouvernement régional des Canaries, qui a conseillé aux habitants de se couvrir le nez et la bouche lorsqu’ils sortent, a décrété un « rayon d’exclusion de deux milles marins » autour de l’endroit où est prévue l’arrivée de la lave dans l’océan.

« Une bataille de titans »

Il faut être « très prudent avec les vapeurs et les gaz qui peuvent être émis au moment de l’entrée » de la lave dans la mer, insiste David Calvo, pour qui la jonction entre l’eau et la lave va s’apparenter à « une bataille de titans ».

« Nous avons l’expérience (du volcan) Kilauea il y a trois ans à Hawaï, où 16 personnes ont été blessées par l’une de ces projections », a rappelé ce volcanologue, pour qui « le rythme et la force de l’éruption ne va pas diminuer » dans les prochains jours.

Selon Involcan, qui a signalé mardi soir un regain d’activité sismique du volcan, l’éruption du Cumbre Vieja pourrait durer « entre 24 et 84 jours », avec à la clé d’importantes émanations de gaz et de fumées.

D’après l’institut, entre 6.000 et 11.500 tonnes de dioxyde de soufre sont ainsi recrachées quotidiennement dans l’atmosphère.

Le nuage, qui a déjà atteint les côtes marocaines, devait s’étendre à la péninsule ibérique mercredi après-midi, avant de remonter vers les îles Baléares et le sud de la France, selon les projections du programme Copernicus.

D’après la même source, ce nuage de dioxyde de soufre devrait couvrir vendredi toute la Méditerranée occidentale et une bonne partie du Maghreb.

©AFP

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